CSG réduite, ristournes fiscales : les montants en jeu sont élevés mais le sujet est sensible politiquement. Et pourtant certains lorgnent sur ces avantages d'autant que l'augmentation de prélèvements, ne semble plus être un tabou ? Cependant il faudra se souvenir que certaines de ces "niches" avaient été mises en place pour compenser, en partie au moins, l'érosion du pouvoir d'achat des retraités dont les pensions, on le sait bien, ne sont pas toujours revalorisées au rythme de l'inflation.

Réforme des retraites et réduction des niches fiscales : ces deux sujets, au cœur du programme du gouvernement, pourraient bien se recouper. Pour financer les retraites, Éric Woerth, le ministre du Travail, s'est déclaré lundi 12 avril dernier ouvert «à quelques contributions supplémentaires». Cela devrait concerner certains revenus du capital - un domaine regorgeant de dérogations fiscales. Mais la revue des niches fiscales et sociales, que Paris s'est engagée à mener vis-à-vis de Bruxelles, pourra difficilement ignorer les nombreuses mesures dont bénéficient les retraités. Si l'on met de coté les niches jugées créatrices d'emplois (salariés à domicile...) ou trop symboliques pour être retouchées par l'actuel gouvernement (TVA restauration), ces dispositifs « retraités » figurent en effet parmi les plus coûteux pour les finances publiques.

Les niches « liées à l'inactivité ».

Première d'entre elles : la CSG réduite sur les pensions. Éric Woerth rejette toute augmentation de ce prélèvement. Mais le Parti socialiste a brisé le tabou en envisageant d'inclure dans son programme 2012 une hausse de la CSG pour les retraités imposables. Et à droite, certains parlementaires sont ouverts à cette idée. «Je ne serais pas choqué par un alignement, sur plusieurs années, de la CSG des retraités sur celle des salariés, en épargnant les petites retraites», précise Pierre Méhaignerie, président UMP de la commission des affaires sociales à l'Assemblée. «Cette convergence est dans la philosophie même de la CSG qui doit être un prélèvement universel» renchérit Gilles Carrez, le rapporteur UMP de la commission des finances de l'Assemblée. «Ce type de mesure est délicat pour la majorité, dont les retraités sont une cible électorale importante. Mais je sens que la question commence à émerger», confirme un leader syndical. «Il faudrait bouger sur la CSG comme sur les autres avantages fiscaux des retraités. Mais ce n'est pas au programme du gouvernement et je ne sais pas quel sera le courage politique de la majorité sur la question», résume un haut fonctionnaire.

Nombreuses et coûteuses 

Outre la CSG, les niches fiscales en faveur des retraités sont nombreuses et coûteuses. Et toutes ne ciblent pas les plus modestes. L'abattement de 10 % sur les pensions est la même que celle accordée aux salariés pour leurs frais professionnels - par définition inexistants pour les retraités ! La majoration des retraites de ceux ayant eu au moins trois enfants échappe à l'impôt. Or cette mesure profite «aux bénéficiaires de pensions importantes», selon un document de Bercy. «Il ne faut pas toucher à ces deux dispositifs», estime toutefois Gilles Carrez.

Tout dépendra aussi de la méthode choisie pour rogner les niches. En cas de coup de rabot généralisé, les mesures en faveur des retraités y passeront comme les autres. «Il faut traiter les niches dans leur ensemble» suggère Philippe Marini, rapporteur UMP de la commission des finances du Sénat.

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