"L'Éducation nationale n'a pas à se substituer au planning familial." Luc Chatel a vivement réagi jeudi au projet de Ségolène Royal d'envoyer aux lycéennes de Poitou-Charentes des "chèques contraception" pour les jeunes filles mineures. Alors que la socialiste se targue de braver "le blocage de l'Éducation nationale", le ministre de l'Éducation la rappelle à l'ordre : "Seul le planning familial est autorisé à prescrire des contraceptifs à un enfant mineur." Et de souligner : "L'autorité parentale est quelque chose qui compte."
Pour défendre son projet, la présidente de Poitou-Charentes s'appuie sur un constat : "À 16 ans, 17 ans, parfois 15 ans, quand vous mettez un enfant au monde, je crois que c'est fait dans de mauvaises conditions." La contraception pour les mineures doit permettre à des jeunes filles "de milieux sociaux très très modestes et souvent en situation d'abandon de maîtriser leur avenir", espère Ségolène Royal.
"Éduquer, c'est être responsable" (Chatel)
Pour cela, la socialiste envisage d'envoyer dès la semaine prochaine des chèques contraception dans les lycées de sa région, distribués via les infirmières scolaires. Le concept ? Il s'agit d'"un carnet de tickets : un pour une consultation médicale gratuite, un deuxième ticket pour accéder à l'achat de contraceptifs, un ticket pour faire les analyses médicales et un ticket pour faire une visite de contrôle", a détaillé jeudi Ségolène Royal au micro de RMC et BFM TV. Cette mesure permettra d'instaurer "un dialogue avec des jeunes filles qui sont totalement paumées" et aussi éventuellement "de renouer le lien avec les parents", a-t-elle fait valoir. Ce n'est pas la première fois que Ségolène Royal se prononce en matière de contraception. En 1999, alors ministre déléguée à l'enseignement scolaire, elle avait déjà permis aux infirmières scolaires de délivrer la pilule du lendemain aux adolescentes dans les collèges et lycées.
Mais pour le ministre de l'Éducation nationale, distribuer un chèque n'est pas une solution. "Je considère que le lycée est un lieu d'éducation. Je crois à l'accompagnement et à l'écoute. Éduquer, c'est être responsable et cela ne peut se résumer à distribuer un chèque", a-t-il souligné. Interpellant Ségolène Royal, il a rappelé : "Dans chaque lycée existe un conseil d'éducation à la santé et à la citoyenneté qui, avec nos personnels de santé de l'Éducation nationale, apporte des conseils aux élèves en matière de sexualité." Reste à savoir si Ségolène Royal obtempérera à la mise en garde du ministre.
Source : lepoint.fr 13-11-2009