Chargé par Nicolas Sarkozy d'une mission d'information sur la Corée du Nord, Jack Lang est arrivé lundi à Pyongyang. Paris envisage l'établissement de relations diplomatiques avec le régime de Kim Jong-il.

Après Cuba, la Corée du Nord. Pour Nicolas Sarkozy, Jack Lang semble décidemment être l'homme du dialogue. En février, l'ancien ministre socialiste était chargé de trouver "les modalités d'une reprise du dialogue politique et de la coopération entre la France et Cuba". C'est à peu près sous le même intitulé que Jack Lang est en Corée du Nord cette semaine. Il est arrivé lundi à Pyongyang pour un voyage officiel de cinq jours.  

Du côté de l'Elysée, on précise que Nicolas Sarkozy lui a demandé "une analyse sur les circonstances qui pourraient conduire la France à envisager l'établissement de relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée", Paris étant l'une des rares capitales occidentales à ne pas avoir de relations avec Pyongyang. La France n'a en effet jamais reconnu la République populaire démocratique de Corée - proclamée en 1948 - faisant de l'abandon du programme nucléaire, du rapprochement avec Séoul et de l'amélioration de la situation des droits de l'Homme des conditions sine qua non à un changement de politique. En Europe, seule l'Estonie a suivi cette voie.

La question du nucléaire nord-coréen

Les échanges commerciaux s'en ressentent évidemment: seulement 9 millions d'euros en 2008 contre 2 milliards de dollars entre la Corée du Nord et la Chine, son premier partenaire commercial. Avec cette visite, Paris espère donc donner l'impulsion d'un renouveau commercial. Mais du côté du Quai d'Orsay, on se refuse à en dire davantage sur le programme de Jack Lang. Tout juste sait-on que l'ancien ministre socialiste devrait rencontrer de hauts responsables nord-coréens. Mais on ignore si une rencontre avec le numéro un du régime, Kim Jong-il, est prévue. Ces derniers mois, le dictateur a fait peu d'apparition en public, alimentant les rumeurs les plus folles sur sa santé. Plusieurs analystes estiment que le dirigeant s'est fait remplacé plusieurs fois par des acteurs-sosies, notamment lors de la visite de Bill Clinton en août dernier dans le cadre de l'affaire des deux journalistes américano-coréennes arrêtées pour espionnage.

Eu égard aux récents séjours de Jack Lang à l'étranger - Japon, Corée du Sud et Chine -, on peut aussi en déduire que le programme nucléaire nord-coréen sera également au centre de ce déplacement. Dans ces différents pays, le socialiste a en effet rencontré plusieurs diplomates et autres experts spécialistes du dossier. Cette visite intervient à un moment où la Corée du Nord multiplie les gestes d'apaisement à l'égard de la communauté internationale. Et ce, après l'avoir provoqué: en avril dernier, Pyongyang claquait la porte des négociations à six (Etats-Unis, Corée du Sud et Corée du Nord, Chine, Russie, Japon) sur l'arrêt de son programme nucléaire avant de s'attirer les foudres du reste du monde en procédant, en mai, au deuxième essai nucléaire de son histoire. S'en était suivi l'adoption de nouvelles sanctions au Conseil de sécurité des Nations unies. Mais récemment, le régime de Kim Jong-il a exprimé le souhait de reprendre les négociations, sous certaines conditions toutefois, dont un dialogue direct avec les Etats-Unis. Et pourquoi pas avec la France, semble-t-on penser à l'Elysée.

Source : lejdd.fr   09-11-2009