Le président du Nouveau Centre, Hervé Morin, affiche sa détermination. Il a annoncé samedi qu'il ne retirerait pas le nom de l'ancien parti giscardien "UDF" de ses supports et de son site Internet , comme l'a exigé vendredi le patron du MoDem, François Bayrou.

Forts des ralliements de l'ex-ministre giscardien Hervé de Charette et de la secrétaire d'Etat au Commerce extérieur Anne-Marie Idrac, les anciens amis de François Bayrou se sentent aujourd'hui légitimés dans leur ambition de réunir la famille centriste pour peser plus dans le paysage politique. Ils comptaient aussi pour cela sur la relance à leur profit du sigle UDF, auquel l'ancien candidat à la présidentielle a substitué le Modem fin 2007, en partie pour pallier la notoriété relativement faible de l'appellation Nouveau Centre.

Le ministre de la Défense s'est exprimé en marge d'un conseil national de son parti, qui a approuvé le projet du NC pour les régionales devant près d'un millier de militants réunis au théâtre du Gymnase, où des affiches proclamaient : "Le Nouveau Centre, c'est l'UDF d'aujourd'hui." Reprendre le sigle UDF, "c'est une volonté que nous avons depuis des mois". "Nous allons faire vivre ce débat" au sein du NC et "il appartiendra le moment venu par un vote des militants de décider ou non, après les régionales, de changer de nom ou au contraire de conserver notre nom ou encore d'associer les deux", a ainsi expliqué Hervé Morin.

"On ne va pas se laisser faire"

Dans son discours, samedi, le président du Nouveau Centre a ironisé sur cette polémique, faisant mine de ne pas y attacher d'importance. "Je trouve assez curieux que notre ami François Bayrou veuille tout d'un coup revendiquer l'UDF. Je n'avais même pas pensé à vous parler de cela", a-t-il lancé, tout sourire, en provoquant les rires des militants qui attendaient avec impatience sa réplique. "Honnêtement, vous avez un homme qui, en décembre 2007, dans un soir noir d'une nuit d'hiver, à Villepinte, dans un hangar, décide de dissoudre l'UDF dans le MoDem, mais de conserver le nom pour être certain que ce parti politique va disparaître et mourir (...). Et, deux ans et demi plus tard, (il) apparaît et dit 'bonjour l'UDF, c'est moi'", a-t-il résumé. "Il y a là un caractère curieux, sinon cocasse, à revendiquer une famille politique dont on a voulu la mort (...). Et donc, on ne va pas se laisser faire", a lancé Hervé Morin.

Invité d'honneur du conseil national du NC, le transfuge de l'UMP Hervé de Charette, qui avait été un des membres fondateurs de l'UDF en 1978 a abondé dans son sens et fustigé François Bayrou. "Le choix qu'il a fait de chercher une alliance à gauche l'éloigne chaque jour du centre", a dit le député de Maine-et-Loire, ajoutant que le "code génétique et politique" de l'UDF avait toujours été celui de ce même centre.

Le NC va donc devoir surmonter l'opposition de François Bayrou. Vendredi, l'association UDF, contrôlée par le MoDem, a mis en demeure le NC de ne plus utiliser son sigle sur aucun support et de lui transmettre la propriété de la marque, sous peine de poursuites judiciaires .

Créée en 1978, l'Union pour la démocratie française (UDF), qui a connu son heure de gloire sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981), s'est mise en sommeil le 30 novembre 2007. Un congrès extraordinaire a en effet voté à cette date la délégation des responsabilités du parti aux instances du Mouvement démocrate (MoDem), initié par François Bayrou après l'élection présidentielle de 2007, et dont l'UDF est un membre fondateur. Un bureau de 30 membres a été chargé de veiller jusqu'en 2010 à la protection juridique du nom et du siège de l'ancien parti, aujourd'hui occupé par le MoDem. Mais trois ans plus tôt, le député Hervé de Charette, ex-UMP récemment passé au NC, avait déposé la marque UDF, le 8 mars 2004, à l'Institut national de la propriété industrielle (INPI), ce dont jamais personne ne s'était préoccupé avant lui.

 Source : lepoint.fr  13-12-2009

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