On ne peut courir deux lièvres à la fois. Et c'est pourtant ce que continue à faire le Responsable du FMI. Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) n'est plus crédible lorsqu'il parle de la France. Non parce qu'il est français, mais parce que Dominique Strauss-Kahn (DSK) - c'est bien sûr de lui qu'il s'agit - est aussi candidat, pour l'instant virtuel, mais déjà médiatisé, à la présidence de la République. L'ambiguïté a assez duré. Il est temps qu'il y mette fin.
La raison en est que, d'ici là, tout ce qu'il dira sera suspect. Lors de son intervention sur France 2, jeudi 20 mai, M. Strauss-Kahn a ainsi émis l'opinion que la France ou l'Allemagne ne devraient pas réduire trop vite leur déficit budgétaire, pour ne pas compromettre la reprise. L'idée peut se défendre. Mais qui parlait ? Le patron du FMI ou le postulant à la candidature socialiste qui pourrait défier Nicolas Sarkozy en 2012 ?
Evoquant la réforme des retraites, M. Strauss-Kahn a aussi estimé que la retraite à 60 ans ne doit pas être "un tabou". Le directeur du FMI aurait dû plus brutalement rappeler que la France n'a plus les moyens de se payer son système actuel, et que les Français devraient travailler plus longtemps. Mais le candidat potentiel, dont le moins que l'on puisse dire est qu'il est en froid avec la gauche du Parti socialiste, ne peut pas se permettre cette franchise.
M. Strauss-Kahn veut que tout le monde sache qu'il continue de réfléchir à sa candidature. Et on lui accordera que c'est une décision difficile. Faut-il quitter ces responsabilités internationales prestigieuses et le charme des grands sommets internationaux pour les combats et les risques de la politique intérieure française, alors que sa désignation par le Parti socialiste est loin d'être acquise ? Et que même sa victoire sur M. Sarkozy n'est pas non plus une certitude ?
INTENTIONS FLOUES
Et le contexte a changé. DSK, ministre de l'économie à la fin des années 1990, figure après tout dans la longue liste de ces responsables français à la souveraine insouciance qui n'ont quasiment rien fait pour diminuer la dette publique et les déficits. On peut compter sur ses adversaires pour le lui rappeler tandis que la crise de la dette des Etats donne une nouvelle acuité à ces problèmes.
Mais si M. Strauss-Kahn persiste à entretenir le flou sur ses intentions, se réfugiant dans la coquetterie dès qu'on l'interroge, le FMI perdra toute crédibilité dans ses relations avec la France. Ce n'est pas le moment car l'Europe, et la manière dont les pays de la zone euro gèrent leurs économies en crise, est une des préoccupations centrales du Fonds. DSK a visiblement le sentiment qu'il est trop tôt pour se prononcer. Tant pis. Le FMI a besoin d'un directeur à temps plein, crédible, concentré sur les urgences du moment. Pas d'un politicien français qui cherche une ouverture.
Source : leMonde.fr Pierre Briançon 25-05-2010
Informations MONTESQUIEU-VOLVESTRE, FRANCE, MONDE : Vous souhaitez être informé régulièrement sur les nouveautés mise en ligne sur ce Blog, inscrivez vous à la Newsletter (voir dans la colonne ci-contre)