Sourd aux menaces de nouvelles sanctions contre son pays, le président Ahmadinejad appelle les capitales occidentales à changer de ton vis-à-vis de Téhéran. Et il provoque l’Irak.

L’année s’achève, la date prévue pour l’expiration du quasi-ultimatum à Téhéran approche, mais les Iraniens font monter les enchères. Comme pour contrecarrer les sanctions que l’ONU s’apprête à prendre, Mahmoud Ahmadinejad, dans une interview à l’AFP en marge du sommet de Copenhague, attaque les Occidentaux sur tous les fronts.

Le nucléaire

« Nous ne croyons pas à la bombe atomique. Lorsque nous disons que nous ne la fabriquons pas, c’est un fait », souligne contre toute évidence le président iranien. Il invite les pays du G 6 (les cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU, plus l’Allemagne), qui s’inquiètent de cette question nucléaire, à cesser de menacer la République islamique de nouvelles sanctions. « Ils doivent changer de vocabulaire dans le respect et la légalité, a-t-il martelé. Dans ce cas, nous sommes prêts à nous asseoir à une table pour aboutir à un accord (…) Tout est possible. » Avant d’ajouter : « Mais s’ils croient pouvoir agiter un bâton pour nous menacer, cette période est révolue. »

Les otages

S’agissant de Clotilde Reiss, retenue depuis le 1 e r juillet en Iran où elle est assignée à résidence à l’ambassade de France, Ahmadinejad a semblé faire un geste en affirmant « vouloir régler cette question », mais a clairement prévenu la France que « cela dépend de l’attitude de ses dirigeants ». Avant de conclure de manière énigmatique : « Ils savent eux-mêmes quoi faire. » Sous entendu : il veut notamment la libération par Paris de l’assassin de l’ancien Premier ministre du Shah, Chapour Bakhtiar. Nicolas Sarkozy s’est aussitôt réjoui de ces déclarations iraniennes qui « innocentent », selon lui, la jeune Française. Le président iranien a également évoqué le sort de trois randonneurs américains arrêtés le 31 juillet dans une « zone militaire sensible » après avoir pénétré illégalement sur le territoire iranien. « La justice est indépendante en Iran et ceux qui violent la loi doivent en répondre », a-t-il lâché. La meilleure défense étant l’attaque, Ahmadinejad en a profité pour accuser les Américains d’« avoir enlevé plus de dix de nos citoyens » dans le monde, dont huit seraient actuellement détenus aux Etats-Unis. En d’autres termes, chacun aurait ses « otages ».

Les frontières

C’est le dernier sujet ultra-sensible sur lequel appuie à dessein Ahmadinejad. L’Iran, qui occupe depuis vendredi18 décembre un puits de pétrole que son voisin irakien affirme être sur son territoire, en revendique désormais ouvertement la possession. Comme pour tester la volonté et les capacités de riposte de Bagdad et de son allié américain.



Source : leparisien.fr  20-12-2009

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