Le président sri-lankais Mahinda Rajapakse est passé à l'acte. Les résultats des élections présidentielles viennent à peine d'être confirmés que la police militaire arrête le général Sarath Fonseka qui avait osé se présenter contre lui à la présidentielle du 26 janvier dernier. Vengeance personnelle ? Détermination à écraser l'opposition en vue des législatives qui doivent avoir lieu au printemps ? La démocratie semblait pourtant être en marche dans ce pays déchiré par la guerre depuis plus de vingt ans !..
Rajapakse ne désarme pas. Il avait pourtant toutes les raisons d'être satisfait après avoir remporté haut la main (57,9% des voix) l'élection de janvier. Un scrutin qu'il avait convoqué avec deux ans d'avance, sûr d'engranger les bénéfices de la victoire sur les Tigres de Libération de l'Eelam Tamoul (LTTE), en mai 2009. Le général Fonseka, l'ancien chef des armées qui avait mené les opérations contre les Tigres, n'avait récolté que 40,1% des suffrages.
Fonseka a été arrêté dans la soirée par la police militaire et jeté en prison. "Ils l'ont traîné de force hors de son bureau", a raconté un homme politique qui se trouvait sur place. "Le général Fonseka a été arrêté car il doit répondre d'offenses de caractère militaire", s'est contenté d'indiquer un responsable du gouvernement de Colombo.
En se portant candidat à la présidentielle, Fonseka avait pris la tête d'une opposition hétéroclite, certes, mais de retour sur la scène politique après une longue absence. Du coup, ce militaire de carrière sans expérience politique lui-même, avait réussi à réunir sur son nom les électeurs les plus improbables et les plus divers. Ratissant large, il avait pour lui les réfugiés tamouls du Vanni qui croupissent encore dans les camps autour de Vavuniya, au nord de l'île, mais aussi les hommes d'affaires heureux de retrouver l'ex-Premier ministre Ranil Wickremesinghe sous la bannière du général, sans compter l'élite intellectuelle sri-lankaise. En revanche, il n'avait pas réussi à séduire les zones rurales, largement restées fidèles au président sortant.
L'engouement des déplacés tamouls pour Fonseka avait quelque chose de paradoxal. Tous ceux que j'ai rencontré - la plupart n'ont d'ailleurs pas pu aller voter - avaient placé leurs espoirs en lui parce que "ça ne pouvait pas être pire", disaient-ils, se persuadant que le militaire n'avait fait qu'obéir aux ordres du "clan Rajapakse".
Pourquoi Sarath Fonseka dérange-t-il à ce point le président réélu ? Après son échec, l'opposition ne semblait plus, soudain, aussi soudée. Reste la vengeance du "clan Rajapakse". Au lendemain du scrutin, le général s'était réfugié dans un hôtel de luxe au centre de Colombo, affirmant craindre pour sa vie.
Source : lefigaro.fr 08-02-2010
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