L’hémicycle de l’Assemblée Nationale en aura vu et entendu mais de ce type là, rarement. En plein débat sur le projet de loi montagne, la députée écologiste Isabelle Attard a accusé mardi 11 octobre le ministre Jean-Michel Baylet de "violences" passées envers une de ses collaboratrices. Devant des collègues étonnés et dans un hémicycle dégarni, l'élue écologiste du Calvados - qui a quitté le groupe EELV - a pris la parole en ces termes : "Le 11 février 2002, vous étiez encore sénateur du Tarn-et-Garonne lorsque votre collaboratrice parlementaire a porté plainte contre vous à la gendarmerie de Toulouse." Et de raconter que cette collaboratrice a déclaré avoir été "frappée au visage, à plusieurs reprises" et "vous avez enfermé votre collaboratrice chez vous", puis "chassé", la laissant dans la rue "entièrement dévêtue et pieds nus".
Isabelle Attard a justifié sa sortie au nom du "gouvernement exemplaire" et de "la lutte contre les violences faites aux femmes" qu'a souhaité François Hollande. Cette députée est l'une des élues à avoir porté plainte en juin pour harcèlement contre le député écologiste Denis Baupin.
"Les choses ne se sont pas passées comme vous le racontez", réplique Baylet
Quand cette affaire est sortie, via le site Buzzfeed en mars 2016, "vous avez choisi le silence" et "vous ne serez jamais condamné, puisque vous avez acheté le silence de votre victime", a encore accusé Isabelle Attard, après une brève coupure de micro à la demande de la présidente de séance Laurence Dumont (PS). Elle n'a cependant pas pu prononcer au micro sa dernière phrase de son interpellation : "Comment osez-vous encore vous présenter à l'Assemblée nationale?"
Jean-Michel Baylet, aujourd'hui ministre de l'Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales, a répondu avec calme : "On peut tout romancer, mais il y a eu une instruction judiciaire dans cette affaire et elle a été classée sans suite, ce qui prouve, vous l'imaginez, que les choses ne se sont pas passées comme vous le racontez." "Le procureur de la République n'aurait jamais classé sans suite si les choses étaient telles que vous le dites", a ajouté l'ancien président du parti radical de gauche (PRG), sans autre commentaire.
Devant la presse, Isabelle Attard a ensuite affirmé que Jean-Michel Baylet "a menti effrontément" dans l'Hémicycle : "il n'y a jamais eu d'instruction judiciaire sur ce dossier puisqu'il a payé la victime pour qu'elle se taise", d'après elle. "J'ai demandé déjà la démission de Denis Baupin. Là, ce que je demande, c'est que [Jean-Michel Baylet] sorte, qu'il démissionne de son poste de ministre", a déclaré la députée, considérant qu'il n'aurait "jamais dû être" nommé. Et de suggérer : "Peut-être qu'on devrait s'inspirer davantage d'autres gouvernements, d'autres pays qui dans ces cas-là ne nomment pas des personnes avec une plainte, accusés de violences faites aux femmes."
Source : LeJDD.fr 11-10-2016