Dimanche après-midi; temps très maussade, j'ai pris en marche l'émission "Riposte" de Serge Moati sur la 5. Un invité, seul en début d'émission, Augustin Legrand, héraut des "Enfants de Don Quichotte". Cet homme parle des problèmes des SDF avec une telle sincérité, une telle conviction que l'on a vraiment envie de croire aux faits qu'il nous raconte. Et pourtant cela fait deux ans au moins qu'il répète, aux politiques, aux médias, aux public les mêmes choses avec les mêmes mots. Et pourtant cela fait deux ans que les choses n'avancent pas, que les gens sont toujours aussi nombreux dans la rue, qu'ils continuent à y mourir de faim ou de froid...
Des faits qui semblent évidents et pourtant... A propos de la proposition de Ch. Boutin de forcer les SDF à se mettre à l'abri par temps de grand froid, Augustin Legrand nous répond : "impossible !.. On ne pourra jamais faire cohabiter pour une nuit ou pour une semaine des personnes qui sont dans des situations très différentes. Surtout pour les rejeter à la rue dès que la température va remonter .." Et puis", ajoute-t-il, "les SDF sont plus nombreux à mourir l'été que l'hiver. Et l'été personne n'en parle."
Quand on lui demande "ses" solutions, il ne demande pas des moyens supplémentaires, il dit simplement arrêtons de gaspiller les budgets dont on dispose; " On peut trouver 100 000 logements supplémentaires dans les huit jours si l'on fait ce que pratique la Grande Bretagne depuis fort longtemps : l'Etat, ou les collectivités locales, louent au prix du marché,et même éventuellement au dessus, les logements privés vacants et les sous-loue au prix du logement social. On fait des économies par rapport aux solutions actuelles qui consistent à loger, en urgence, des gens dans des hôtels à 60 Euros la nuit !.."
Il cite le cas de ce SDF, mort en été, atteint de la gangrène, pour lequel on a pas pu, ou pas su trouver une autre solution que de l'hospitaliser, pendant six mois, à 800 Euros la journée alors que le 1/10 de cette somme aurait suffit à trouver une solution pour le reloger avant que sa maladie ne s'aggrave.
Il parle des promesses faites par les "politiques", ses dix rencontres avec les ministres du logement, ses quatre rencontres avec le premier ministres. "La loi Dalo existe, c'est une épée de Damoclès au dessus de la tête des pouvoirs publics. Mais l'hébergement d'urgence est toujours saturé.." Las de ne pas être entendu ou pis de ne pas être écouté, il menace : "les tentes, c'est une arme de guerre. Nous allons recommencer à en installer..". Il dit, et répète, qu'il veut aider les associations car celles-ci, subventionnées par l'Etat, ne peuvent pas tout se permettre..
Pour reprendre le combat, un film consacré à l'action de l'Association sort en salle mercredi prochain, co-produit par Augustin Legrand et Mathieu Kassovitz : "Les Enfants de Don Quichotte (acte 1)". "Augustin marche dans les pas de l'Abbé Pierre et de Coluche. Ce qui est beau dans cette hsitoire, c'est que tout le monde est capable de faire ce qu'il a fait. Mais comme tout le monde se taisait, il a été obligé de se bouger pour nous réveiller" révèle Mathieu Kassovitz.