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13 avril 2009 1 13 /04 /avril /2009 18:15







A l'Est, rien de nouveau. La jeunesse moldave a cru un moment pouvoir faire vaciller un des derniers régimes communistes -tendance affairiste- d'Europe avant de devoir remiser à plus tard ses envies de liberté.

 

Après des manifestations particulièrement violentes qui ont fait un mort, Chisinau, la capitale, est revenue à son calme de petite ville provinciale. Dix mille manifestants s'y sont bien rassemblés ce dimanche 13 avril, mais le gouvernement a réussi son pari : faire taire les opposants de manière assez discrète pour ne pas alarmer l'Occident.

 


Le pompier pyromane ?



Mardi 7 avril, quelques heures après l'annonce des résultats des législatives, une partie de la jeunesse étudiante moldave explose de colère. Avec près de 50% des voix, les communistes emportent suffisamment de sièges de députés pour élire le prochain président sans passer d'alliances. Près de 15 000 jeunes descendent l'avenue principale de Chisinau, caillassent et envahissent la Présidence, puis mettent le feu au Parlement. 
 

Le choc est réel. Il va rapidement discréditer les opposants aux yeux de l'Occident, Europe en tête. Mais les circonstances de cette poussée de violence restent floues. Les médias proches de l'opposition et de nombreux sites Internet parlent d'incidents déclenchés volontairement par le pouvoir pour ensuite justifier la répression.

 

Dans un pays où la police en civil est omniprésente et où les opposants sont nettement plus sujets aux agressions que le citoyen moyen, le scénario n'est pas inconcevable. Aucune preuve irréfutable n'est pourtant avancée et la spontanéité des événements de mardi tendrait à prouver le contraire.

 

Reste que le peu de forces de l'ordre présentes le jour des heurts pourrait laisser rêveurs certains manifestants anti-Otan. A peine quelques centaines de policiers mal-entraînés : « Ils ont envoyé les stagiaires », remarquera plus tard un étudiant.

 

Certains, bien peu équipés, portaient des chaussures de ville quand la foule leur jetait des pavés. La police moldave compte pourtant dans ses rangs des unités spécialement entraînées pour ce genre d'occasion, mais ils n'étaient pas là. Comme si on envoyait la police municipale défendre l'Elysée à la place des CRS.

 

L'ennemi extérieur



La réaction du pouvoir n'a pas tardé. Classique et attendue. La Moldavie accuse la Roumanie voisine de fomenter « un coup d'Etat » pour récupérer ce bout de territoire qui lui appartenait autrefois.

 

En effet, les jeunes qui montent sur le toit de la Présidence accrochent des drapeaux européens et roumains. Et scandent leur envie de réunification. Chisinau y trouve matière à éjecter l'ambassadeur de Roumanie.

 

Même chose pour les journalistes roumains. Plusieurs sont molestés avant de se faire renvoyer. La frontière avec la Roumanie est un temps fermée, une nouvelle politique de visas est appliquée en urgence. L'ennemi extérieur ne pourra pas entrer.

 

L'ennemi intérieur



Victimes collatérales du blocage des frontières, les étudiants moldaves, nombreux en Roumanie, devront attendre que les choses se calment pour rentrer au pays. Certains parviennent à passer par les petits postes frontières du Sud après des interrogatoires les désignant systématiquement comme des fauteurs de troubles en puissance.

 

Lycéens, étudiants et jeunes actifs tenaient le premier rôle le 7 avril : toute la jeunesse sera donc visée par le pouvoir. L'incompréhension entre le régime et ses jeunes n'est pas nouvelle.

 

La jeunesse moldave se sent à l'étroit dans ce pays qui ne sait s'il doit se tourner vers l'Europe ou la Russie. Une grande partie d'entre-eux ne supporte plus les privations de liberté ni la précarité. C'est aussi ce ras-le-bol qui a parlé le 7 avril. C'est un peu cette rébellion qu'a sanctionné le régime de Chisinau.

 

Après les manifestations, au moins 300 étudiants et lycéens ont été arrêtés. Certains d'entre-eux sont toujours portés disparus et l'on déplore un mort. Ses parents disent avoir récupéré son corps roué de coups, mais pour la police sa mort est due au gaz utilisé pour disperser les foules.

 

Quoi qu'il en soit, deux jours après les émeutes, les forces de police se sont invitées dans les lycées pour expliquer aux élèves qu'ils n'hésiteraient pas à faire usage de la force en cas de nouvelles manifestations. 

Les commissariats ont relevé les noms des lycéens absents le mardi des émeutes. Certains ont été interrogés. D'autres jugés. Le même jour, une vieille camionnette arpentait les rues de Chisinau en diffusant un message à l'attention des parents : « Dites à vos enfants de ne pas écouter les provocateurs qui veulent déstabiliser la Répubique de Moldavie. La police prendra des mesures pour les en empêcher. »

  

Les bonnes vieilles pressions



Le vendredi 10 avril devait avoir lieu une grande manifestation. La journée de jeudi a donc été l'objet de nombreuses pressions pour étouffer le mouvement et empêcher qu'il ne prenne de l'ampleur. La Premier ministre est apparue à la télévision et a annoncé que les forces de l'ordre n'hésiteraient pas à faire usage de la force.

 

Même message de la part du président Vladimir Voronine, qui a expliqué que, contrairement au premier jour, il ne retiendrait pas les policiers en cas de débordements. Le gouvernement a aussi entrepris un véritable blocus de la capitale.

 

De très nombreux contrôles de police ont été installés sur les routes menant à Chisinau. « Ils demandent simplement aux gens de faire demi-tour », explique un jeune homme venant du sud de la capitale. La manifestation ne rassemblera au final que quelque 200 personnes.

 

Des pressions bien intégrées



Mis à part quelques étudiants et journalistes moldaves passés à tabac, relativement peu de violences ont eu lieu à Chisinau, après le premier jour des émeutes. La plupart des habitants ont repris leur train-train quotidien. C'est là le coup de force du pouvoir moldave : il n'a pas eu besoin d'user du bâton. Le montrer aura été suffisant.

 

En temps normal, il ne fait déjà pas bon afficher ses opinions d'opposition en Moldavie, comme l'explique Nicolae Dabija, journaliste et écrivain résolument pro-roumain : « Sept procès ont été intentés contre moi et j'ai été agressé à plusieurs reprises l'an dernier au seuil même de ma maison. »

 En temps de crise, s'arrêter pour discuter devant le siège du gouvernement, lieu où se réunissaient les manifestants, relève donc de la déclaration de guerre. Reste à savoir si l'Europe continuera à négocier son « partenariat oriental » avec la Moldavie alors que le pays semble enclin à revenir aux bonnes vieilles méthodes qui ont fait le succès du grand-frère russe.

 

 

 

Source : Rue89  13-04-2009

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