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28 janvier 2010 4 28 /01 /janvier /2010 12:00


 


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Dialoguer avec les talibans ? L'idée peut paraître saugrenue, à l'heure de l'intensification de l'effort de guerre en Afghanistan. Elle tient même du paradoxe alors que les Etats-Unis et leurs partenaires de l'OTAN sont en train de dépêcher quelque 38 000 hommes en renfort, s'ajoutant aux 113 000 soldats étrangers déjà déployés sur place

Pourtant, l'air du temps est bien à l'ébauche d'un règlement politique à un conflit auquel nul ne voit de solution proprement militaire.

 


Ce dossier de la "réconciliation" avec les groupes insurgés devrait dominer, jeudi 28 janvier, la conférence internationale de Londres sur l'Afghanistan avec l'"afghanisation" des forces de sécurité (armée, police) et des réformes de "bonne gouvernance" attendues du gouvernement de Kaboul. Le président afghan, Hamid Karzaï, y dévoilera le détail d'un plan visant à intégrer les insurgés dans les institutions de la République islamique d'Afghanistan (RIA), le régime mis en place après la chute, à la fin de l'année 2001, du pouvoir taliban.

 

Cette inclination au dialogue n'est pas nouvelle chez M. Karzaï. Le fait inédit, c'est que les Occidentaux - Américains en tête - l'encouragent désormais ouvertement, après l'avoir longtemps regardée avec suspicion. Une telle évolution en dit long sur le sentiment d'impuissance des nations de l'OTAN face à l'essor d'une rébellion de plus en plus meurtrière.

 

Cette politique de la main tendue va se déployer sur deux terrains bien distincts : celui de la "réintégration" et celui de la "réconciliation". Les deux logiques sont assez différentes. La "réintégration" vise à ramener dans le giron de la vie civile les groupes de combattants locaux en échange d'incitations économiques et financières (argent, emploi). Elle s'adresse à des insurgés dont les motivations, pense-t-on, relèvent moins de l'idéologie du djihad que de frustrations socio-économiques. En gros, il s'agit d'acheter la paix. A Londres, M. Karzaï doit demander un effort financier à la communauté internationale.

 

Le second terrain, celui de la "réconciliation", est plus politique. Il vise à ouvrir un dialogue avec des chefs insurgés, notamment certains éléments de l'état-major du mouvement des talibans afghans (Emirat islamique d'Afghanistan) replié à Quetta dans le Baloutchistan pakistanais. L'affaire est plus délicate, car elle implique l'étage le plus idéologique de l'insurrection. Mais "si l'on veut obtenir des résultats significatifs, on doit parler aux personnes dotées d'une autorité significative", vient de le déclarer au New York Times Kai Eide, le chef de la mission des Nations unies à Kaboul.

 

Jusqu'à présent, un tel dialogue était rendu impossible par l'existence d'une "liste noire" établie par la résolution 1269 des Nations unies, adoptée en 1999 par le Conseil de sécurité en réponse aux attentats d'Al-Qaida, dont l'état-major était à l'époque hébergé par le régime taliban de Kaboul. Cette "liste noire" comprend les noms de 142 chefs talibans soumis à des sanctions internationales (gel des avoirs, déplacements prohibés...). A Londres, M. Karzaï devrait réitérer son souhait de voir encore révisée cette liste afin de lever les interdits frappant certains dirigeants talibans "réconciliables".

 

Tel est le double registre sur lequel des initiatives sont à attendre ces prochains mois. La voie est tracée, mais elle est minée. Quatre difficultés majeures vont inévitablement surgir. En premier lieu, la politique de "réintégration" des combattants risque d'être dévoyée par l'effet pervers des incitations financières. Les violences vont paradoxalement s'en trouver encouragées, en tout cas à court terme. En effet, si tout insurgé se voit subitement gratifié de privilèges alors que la pauvreté et le chômage minent l'ensemble de la population, la tentation de prendre les armes dans l'espoir d'être ensuite récompensé va devenir irrésistible pour beaucoup.

 

La deuxième difficulté va se manifester aux Nations unies lors de la révision de la résolution 1269. Celle-ci va exiger un vote unanime au Conseil de sécurité. En admettant que les Américains fassent preuve de souplesse, il restera à convaincre Chinois et Russes, deux Etats qui ont quelques raisons de s'inquiéter des risques de contagion islamiste en Asie centrale. Jusqu'à présent, les Russes étaient hostiles à tout assouplissement du régime de sanctions édicté par la résolution 1269. Ils semblent avoir évolué comme l'atteste le vote, mardi 26 janvier, du Conseil de sécurité retirant de la liste cinq noms de chefs talibans ayant déjà quitté l'insurrection. Le geste est d'une portée symbolique. Mais quelle sera l'attitude de Moscou lorsque se posera la question des dirigeants toujours aux commandes du mouvement ?

 

La troisième difficulté touche à l'identité de ces fameux talibans "modérés" ou "réconciliables" avec lesquels discuter. Existent-ils ? M. Karzaï et les Occidentaux assurent qu'il n'est pas question de dialoguer avec des talibans liés à Al-Qaida. Mais où ranger le mollah Omar, chef suprême des talibans afghans, qui hébergea naguère Ben Laden ? L'entourage de M. Karzaï tend à le tenir pour "réconciliable". Les Américains n'y semblent pas prêts.

 

La quatrième difficulté tient à la nature des sujets à discuter. Dialoguer sur quoi ? M. Karzaï et les Occidentaux assurent que les insurgés réconciliés devront se rallier au cadre démocratique de l'actuelle Constitution afghane.

 

L'état-major taliban, lui, exige le départ préalable des troupes étrangères et maintient son objectif de rétablir l'"émirat islamique" déjà édifié entre 1996 et 2001.

 

Contradiction insurmontable ? La solution militaire a justement vocation à faire bouger les lignes. Le pari de l'OTAN est que l'effort de guerre va à ce point déstabiliser les talibans qu'ils seront forcés de discuter sur des bases "modérées". Ambitieux pari.

 



Source : leMonde.fr  Frédéric Bobin   27-01-2010




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