
Le gouvernement opposé à l’amendement Lefebvre sur le travail en congé maladie
Lâché par son propre camp, le porte-parole de l'UMP a déclenché les foudres de l'opposition avec sa proposition d'autoriser les salariés à travailler de chez eux pendant un congé maladie ou maternité.
Censé permettre à un salarié de travailler de son domicile pendant un congé maladie ou maternité, l’amendement de Frédéric Lefebvre, fait flop. Le gouvernement s’est franchement démarqué mardi du porte-parole de l’UMP. Rappelant que l’«amendement a dores et déjà été rejeté par la commission des Affaires sociales» de l’Assemblée nationale, Nathalie Kosciusko-Morizet l’a redit tout net:«Le gouvernement est défavorable.»
«Sur le fond, un congé maladie ou un congé maternité c’est d’abord un droit de ne pas travailler pour se remettre de sa maladie ou commencer à élever son enfant», a souligné la secrétaire d’Etat à l’Economie numérique, faisant valoir qu’une telle mesure «supposerait qu’on puisse être sûr que le volontariat est bien réel. On sait bien que ce n’est pas forcément le cas, il n’y aurait rien de pire qu’un télétravail subi».
Evoquant «les arguments très forts de ceux qui pensent que cet amendement peut-être mal interprété», NKM a suggéré de diligenter une étude permettant d’établir une comparaison européenne sur les conditions du télétravail.
Intervenue dans le cadre de la discussion sur la proposition de loi UMP sur le prêt de main d’oeuvre entre entreprises, qui a débuté lundi soir à l’Assemblée nationale, la proposition fracassante de Lefebvre a quasiment fait l’unanimité contre elle.
«Une nouvelle provocation insupportable»
Vent debout contre une «régression» de la protection sociale, François Bayrou y voit «une démarche générale et préoccupante». Dans le cas - peu probable - où cet amendement était adopté, «cela voudrait dire que la pression devient forte, y compris sur les malades et les congés de maternité», a ajouté le président du Modem.
Porte-parole du PS, Benoît Hamon est, à son tour, monté au créneau contre un projet d’amendement «parfaitement immoral et indécent» et une «nouvelle provocation insupportable». Et d’y voir la main de Nicolas Sarkozy: étant donné «sa proximité avec le président de la République» et «que tous les matins», Lefebvre «prend ses instructions à l’Elysée, on ne nous fera pas croire que cette mesure est celle d’un sniper.»
«Sous couvert du volontariat», c’est au «démantèlement des garanties collectives auquel on assiste», condamne le numéro 3 sur la liste (PS) d’Ile-de-France aux européennes.
«Il agit en franc-tireur»
Dans les rangs même de la majorité, la possibilité de travailler de chez soi pendant un congé maladie ou maternité ne trouve guère de partisans. La députée (UMP) Chantal Brunel a estimé qu’elle ouvrait la voie à des «dérives» et donnait «l’impression de détricoter un acquis social». «Le télétravail, il faut le développer dans le cadre de la mobilité géographique mais certainement pas dans le cas de l’arrêt de travail», a asséné l’ex-porte-parole de l’UMP à l’adresse de Frédéric Lefebvre.
Quant à François Sauvadet, patron des députés Nouveau Centre, alliés à l’UMP, il a jugé l’amendement «pas franchement opportun», dans un contexte «où toutes les énergies doivent se concentrer sur l’emploi, les personnes en situation difficile dans leur entreprise». «Je crois qu’il agit en franc-tireur et ça jette beaucoup de trouble dans les esprits», a soupçonné Sauvadet, «extrêmement réservé».
«Juste une faculté, une possibilité»
Seul le secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand, a - mollement - défendu le député des Hauts-de-Seine, en assurant que c’était «juste une faculté, une possibilité». «Ce que propose Frédéric Lefebvre, c’est une possibilité», a minimisé Bertrand sur France Info.
«Un salarié qui est immobilisé chez lui longtemps, qui se sent en état de pouvoir travailler, pourrait le faire dans le cadre du télétravail, ce qui règlerait tous les problèmes de responsabilité et également la question de sa rémunération», a-t-il expliqué n’y voyant, «en aucun cas», un recul social.
Le fin mot de cette nouvelle affaire semble être, tou de même, que les provocations de frédéric Lefebvre se multiplient ces dernières semaines et que l'on a nettement l'impression qu'elles lui permette d'occuper le terrain médiatique ce qui ne lui déplait pas !...