Silencieuse depuis plusieurs semaines puis empêchée par un stupide accident, Martine Aubry s'est montrée offensive et sereine lors de la traditionnelle cérémonie des voeux ce lundi 19 janvier.
On attend maintenant le contre-plan de relance socialiste qui devrait être dévoilé le 21 janvier prochain.

Martine Aubry s'est dite lundi déterminée à faire du PS "convalescent" un parti qui "dénonce, propose et agit", en annonçant le dépôt d'une motion de censure "en fin de semaine" et en animant la bataille des Européennes.

A peine remise de son "stupide accident" à l'oeil, qui l'avait contrainte à différer de quelques jours ses voeux à la presse, la première secrétaire du PS s'est voulue offensive et désireuse de rassembler durant son discours de 45 minutes prononcé à La Bellevilloise, lieu à la mode du XXème arrondissement.

Dans une salle comble de journalistes et en présence de plusieurs membres de son équipe, d'autres étant à l'Assemblée nationale, Mme Aubry a annoncé que le PS allait déposer une motion de censure "en fin de semaine" à l'Assemblée, pour être discutée "la semaine prochaine".

Il s'agit de "dire clairement qu'alors que notre pays rentre dans cette crise lourde, profonde, rien n'est fait pour changer la donne",a affirmé Mme Aubry.

Cette motion -la deuxième dirigée contre le gouvernement Fillon- et qui aura peu de chance d'aboutir, les 204 députés du groupe socialiste étant en minorité-, fera l'objet de discussions entre Mme Aubry et Jean-Marc Ayrault, patron des députés PS. Elle devrait porter sur les questions économiques, sociales et les libertés publiques.

Prédisant une année "décisive" qui pourrait être "noire",Mme Aubry qui doit présenter mercredi le contre-plan des socialistes face à la crise, a assuré : "notre pays était en récession avant d'être en dépression". Pour elle, le plan gouvernemental "n'est pas à la hauteur de cette crise".

Le plan "ambitieux" des socialistes visera à "relancer le pouvoir d'achat et l'investissement".

Nicolas Sarkozy est à l'origine d'un "recul économique et social", mais aussi d'un "recul moral et démocratique",accuse la patronne du PS, évoquant notamment la loi audiovisuelle, les atteintes aux libertés, le fichier Edvige, la suppression annoncée du juge d'instruction.

Insistant sur la réforme des collectivités, elle a martelé que le PS ne laisserait pas le gouvernement utiliser la "réforme territoriale comme une entourloupe politicienne pour reprendre des collectivités locales à la gauche".

Pour mener le combat, le PS, sorti meurtri du congrès de Reims, est désormais "uni". "Le débat politique est de retour en notre sein",a assuré Mme Aubry qui a admis qu'on l'avait "peu entendue ces dernières semaines", mais qu'elle avait "beaucoup travaillé".

Mme Aubry, qui ne croit pas "à l'homme ou à la femme providentielle, a répété son credo en "l'intelligence collective" et ne confond pas "l'activisme et l'action, l'agitation et le mouvement, l'autorité et l'autoritarisme". Une réponse à ses détracteurs qui lui reprochent d'être autoritaire.

Le PS "parle et parle d'une seule voix", a-t-elle insisté, faisant valoir son bilan d'un mois et demi. "Du petit militant au secrétariat national", il faut que "chacun puisse porter la parole d'un PS uni".

Reconnaissant qu'il restait encore "quelques réfractaires",dans une allusion à des partisans de Ségolène Royal, elle s'est montrée magnanime: "Laissons-leur encore le temps", et se disant prête à aller "plus loin dans l'unité".

Premier combat collectif: les européennes de juin. Le maire de Lille ne sera pas candidat, Mme Aubry se disant hostile au cumul des mandats mais elle animera la campagne. "Il n'y a pas de gauche sans projet européen",a assuré la fille de Jacques Delors pour qui "une autre Europe est possible".



Source  :  AOL.fr   19-01-2009