Lorsque Ford se lance dans le projet ambitieux de stopper la domination de Ferrari aux « 24 Heures du Mans » il a dans ses cartons un moteur V8 avec bloc et culasse en alliage léger dont il poursuit le développement avec pour objectif initial les compétitions Indy 500. Mais le développement est abandonné et Ford doit se rabattre sur le petit V8 bloc fonte, culasse aluminium utilisé par Caroll Shelby sur sa Cobra. Malheureusement, le moteur n’est pas assez puissant pour propulser la lourde GT

Pendant que les services de Recherches de Ford basés en Angleterre (Ford Advanced vehicles ou FAV) tentent de réduire le poids de la voiture les membres de l’équipe américaine décident d’implanter le gros V8 Ford, le « 427 ». Ils sont encouragés par Caroll Shelby qui a été, lui aussi, missionné pour travailler sur le programme GT 40 au début de l’année 1965. Deux prototypes de GT sont donc rapatriés d’Angleterre et équipé du fameux gros (et lourd) V8 de 7 litres de cylindrée.

Le gros moteur V8 « 427 » est dérivé du V8 utilisée sur la Ford Galaxie. Alimenté par un simple carburateur Holley il délivre une puissance de 465 cv à 6200 t/mn et un couple maxi de 644 Nm à 3200 t/mn. Le problème pour l’équipe Ford est qu’ils doivent développer une nouvelle boite de vitesses à 4 rapports pour pouvoir passer le couple important. Les deux prototypes de GT équipés du moteur « 427 » et de sa nouvelle boite de vitesses sont engagés lors de la course des « 24 Heures du Mans » 1965. Les pilotes choisis sont des vedettes de la compétition automobile : Bruce McLaren et Ken Miles pour la N°1 et Chris Amon et Phil Hill pour la N° 2. Malgré leur 100 kilos de surpoids, les Ford se montrent les plus rapides aux essais mais ne finiront pas la course à cause de problèmes de boites de vitesses.

Pour Ford l’expérience du Mans donne pourtant de bons espoirs. La décision est donc prise de préparer pour la saison 1966 des voitures avec le bloc V8 dont la puissance maxi est portée à 485 cv. La carrosserie est maintenant figée et a reçu des entrées d’air supplémentaires pour refroidir les freins. Huit châssis ont été importés d’Angleterre et, pour la saison 1966 ce sont cinq Ford GT40 MKII qui sont construites avec en ouverture les « 24 Heures de Daytona ». Les voitures sont maintenant non seulement extrêmement rapides mais ont beaucoup gagné en fiabilité. Sur les 5 voitures engagées aux « 24 Heures de Daytona », quatre finissent la course aux rangs 1, 2 3 et 5. A Sebring la Ford MKII termine deuxième derrière un des prototypes de l’année précédente. Il reste pourtant un défi à relever : celui des « 24 Heures du Mans ».

Pour cette course mythique dont la renommée est internationale, Ford n’a pas oublié les enseignements de l’année précédente où aucune des voitures engagées n’avaient pu rejoindre l’arrivée. Pas moins de huit Ford GT40 MKII sont alignées au départ. Ford à nouveau a pu bénéficier du concours des meilleurs pilotes pour être au volant de l’armada américaine. Parmi eux, Bruce McLaren, Mario Andretti, Graham et Mark Donohue, Chris Amon, Ken Miles et Denny Hulme.

Durant les qualifications, le MKII sont plus rapides que les rivales Ferrari et que la Chaparral. Mais la course est, on le sait, très sélective. Toutes les Ferrari d’usine et la Chaparral sont contraintes à l’abandon alors que trois Ford MKII restent en course. Ce qui conduit l’écurie Ford à organiser une arrivée inédite : les trois voitures franchissent la ligne en même temps. Un casse-tête pour les commissaires qui devront désigner le vainqueur !..

Pendant que l’équipe Ford remportait, avec la GT 40 MKII, la victoire tant attendue, les ingénieurs de la marque préparaient déjà sa remplaçante pour la saison 1967. Baptisée d’abord J-Car elle est bientôt connue sous le nom de Mk IV et, grâce à un châssis en nid d’abeille d’aluminium, la nouvelle voiture perd quelques dizaines de kilos et gagne en performances. En attendant que la nouvelle voiture soit totalement opérationnelle, les MkII sont modernisées pour assurer le début de la saison. Le moteur gagne 15 cv supplémentaires mais les ennuis en course viennent à nouveau de la boite de vitesses. La GT 40 MkII remportera tout de même les 12 Heures de Reims en juin 1967 avec, au volant, Guy Ligier et JO Schlesser. Mais les changements dans la règlementation rendent obsolète le gros V8 qui ne participera plus à aucune compétition officielle.

Au total ce sont 11 exemplaires de la Ford GT 40 MkII qui auront été construits en 1966 auxquels on doit ajouter les deux prototypes. Après sa fantastique victoire au Mans, la Ford GT 40 MkII a une place spéciale dans l’histoire de la course automobile. Les 11 exemplaires existent encore de nos jours. L’un d’entre eux a récemment changé de mains dans une vente aux enchères où il a été adjugé 10 Millions de Dollars.

Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale

ultimatecarpage.com

supercar.net

swisscarsighting.com

mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :

autogaleria.hu

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