La découverte d’un second voyage en avion privé en Tunisie fragilise la ministre des Affaires étrangères. Ce fait nouveau confirme par ailleurs que la Ministre des affaires étrangères ainsi que son compagnon, également Ministre, ont tous deux menti à la presse, à la représentation nationale et aux Français. Affaire lamentable pour une femme qui a les moyens de se payer ses vacances et qui, la semaine dernière encore, niait tout en bloc en avouant même qu’elle ne « pensait pas à mal » en allant passer ses vacances dans une Tunisie en pleine émeute !...

Affaire du jet. Acte II. Michèle Alliot-Marie n’a pas effectué un seul petit tour de vingt minutes dans l’avion d’un homme d’affaires tunisien… mais deux. Le site nouvelobs.com a révélé hier que la ministre avait aussi emprunté le Challenger 600 de 9 places le 29 décembre pour une escapade dans le Sud tunisien, à Tozeur. Un aller-retour dans la journée avec son compagnon Patrick Ollier, ministre des Relations avec le Parlement, et ses parents à la découverte des oasis. Le jet de l’homme d’affaires tunisien Aziz Miled. MAM a reconnu l’avoir utilisé entre Tunis et Tabarka.

En fin de semaine, MAM avait cru avoir éteint l’incendie. Vendredi 4 février dernier, le nom d’Aziz Miled, le voyagiste tunisien qui avait mis une première fois son jet au service de la ministre à la veille de Noël pour assurer la liaison Tunis-Tabarka, ne figurait pas sur la liste publiée par l’Union européenne des proches de Ben Ali dont les avoirs ont été gelés. Mieux, la Suisse qui avait déjà placé les comptes de ce dernier sous séquestre a levé ses réserves quelques heures seulement après l’annonce européenne.

Et s’il y avait une troisième affaire…

Toute la semaine, elle avait enchaîné les émissions de télévision pour donner sa version. En substance: c’est le hasard qui avait fait se rencontrer Alliot-Marie et Miled à l’aéroport de Tunis. Ce dernier, qui se rendait en avion à Tabarka, la destination finale de la ministre, lui avait spontanément proposé de l’emmener. Lui évitant ainsi deux heures de route particulièrement éprouvante. « On n’a pas mis d’avion à mon service », expliquait-elle vendredi, « ce voyage n’a rien coûté à personne. » Ce scénario avait le mérite d’être crédible, même s’il était un peu tiré par les cheveux, Aziz Miled étant également le propriétaire de l’hôtel où séjournaient la ministre et sa famille… Les politiques ont aussi le droit d’avoir de la chance.

Hier, la ministre des Affaires étrangères était en déplacement à Munich. Son entourage relativisait la portée de la deuxième "affaire du jet". "La ministre a dit à deux reprises lorsqu’elle s’est exprimée à la télévision qu’elle avait effectué des excursions dans l’avion d’Aziz Miled à Saint-Jean-de-Luz et ailleurs", affirmait Gérard Gachet, l’un de ses porte-parole. Michèle Alliot-Marie n’a cependant jamais évoqué ce deuxième vol du 29 décembre. Après avoir dû convaincre qu’il n’était pas interdit à un membre du gouvernement de se rendre dans un pays en crise pour y passer ses vacances, MAM va devoir expliquer qu’il est normal pour un ministre de la République de voyager dans le jet privé d’un homme d’affaires étranger.

A Tunis, on est persuadé qu’une troisième affaire se profile. Le sort d’Aziz Miled est loin d’être totalement réglé. La commission nationale d’enquête mise en place par le gouvernement de transition continue de travailler sur les fortunes nationales. Or la condition de Miled, victime ou membre associé du clan Ben Ali, est loin d’être établie. Aziz Miled, 73 ans, petit vendeur de Kairouan, décoré par le pouvoir, a multiplié les associations avec les membres de la famille. Il était notamment partenaire de Slim Chihoub, le gendre de l’une des filles de l’ex-président, dans la construction de la marina de Gammarth depuis 2007. Ce projet immobilier, qui doit sortir de terre en 2013, est l’un des plus importants du pays avec un programme haut de gamme de 250 appartements et 124 villas.

Source : lejdd.fr  06-02-2011

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