Comme l’a répété la Chancelière allemande, Angela Merkel, le 14 janvier au matin, l’avis de l’agence de notation Standard & Poor’s n’est qu’un avis parmi d’autres. Elle a sans doute raison mais le poids de cet avis est tout de même très important. Sur les marchés, les Etats de la zone euro n'ont longtemps fait qu'un, les investisseurs achetant indifféremment de la dette allemande et grecque. Une convergence que la crise a fait voler en éclats. En dégradant les notes de neuf des dix-sept Etats de l'union monétaire, vendredi 13 janvier, Standard & Poor's (S&P) scelle un peu plus cette zone euro à plusieurs vitesses.
Standard & Poor’s dégrade 5 pays
L'agence a dégradé d'une note cinq pays : la France, l'Autriche, Malte, la Slovaquie et la Slovénie. Elle a baissé de deux crans les évaluations de quatre Etats : Espagne, Italie, Portugal, Chypre. Et quatorze pays, dont la France, sont sous le coup d'une "perspective négative", ce qui signifie qu'ils ont au moins une chance sur trois d'être dégradé dans les deux ans.
Les 4 pays les plus « vertueux »
Les notations de S&P mettent en exergue l'existence d'une zone euro à quatre vitesses. D'abord le noyau dur, ces Etats vertueux bénéficiant toujours de la meilleure notation possible, le AAA : l'Allemagne, la Finlande, le Luxembourg et les Pays-Bas. Mais ce camp pourrait à l'avenir se réduire à peau de chagrin, car seule la note de Berlin n'est pas assortie d'une "perspective négative".
Les Etats solides
Vient ensuite une deuxième catégorie de pays, celle des Etats solides mais n'offrant plus la sécurité maximale : la France (notée AA+, la deuxième note sur vingt-deux), la Belgique (AA), l'Autriche (AA+), l'Estonie (AA–).
Les Etats en difficulté
Suivent les Etats en difficulté mais ayant toujours la moyenne : Slovénie (A+), Espagne (A), Slovaquie (A), Irlande (BBB+), Malte (A–) et Italie (BBB+).
Les grands malades
Enfin, vient la queue de peloton, ces pays classés dans la catégorie "junk bonds" ("obligations pourries"), selon le jargon des marchés : Portugal (BB), Chypre (BB+) et Grèce (C).
Standard & Poor's avait émis le souhait que le conseil européen du 9 décembre 2011 soit une étape majeure dans la résolution de la crise. Or, un peu plus d'un mois après, l'agence ne cache pas sa déception. "Les dégradations sont essentiellement guidées par notre évaluation des initiatives prises ces dernières semaines par les décideurs politiques européens, lesquelles pourraient être insuffisantes pour résoudre de façon totale les tensions systémiques en Europe", explique S&P.
Dans son communiqué, l'agence est particulièrement sévère avec la gouvernance européenne. Elle pointe notamment comme facteur de stress "le conflit ouvert et prolongé entre les décideurs européens", puis juge que "l'efficacité, la stabilité et la visibilité des politiques et des institutions européennes n'ont pas été aussi fermes que ce que nous croyons nécessaire."
L'agence dénonce aussi une forme d'aveuglement face aux vraies racines de la crise, qui, pour les dirigeants européens, découlerait "principalement de prodigalité budgétaire à la périphérie de la zone euro". Or, note Standard &Poor's, les problèmes financiers viennent aussi "de déséquilibres extérieurs croissants et des divergences dans la compétitivité entre le noyau de la zone euro et la soi-disant “périphérie”."
On peut toujours critiquer la « dictature » des agences de notation et leur influence sur la politique des Etats. Il n’en reste pas moins que dans les commentaires diffusés par Standard & Poor’s pour justifier les dernières dégradations il n’y a aucun argument qui ne peut être contesté sur le fond !..
Source : LeMonde.fr 14-01-2012
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