Après l'affirmation d'une ligne "social-démocrate" par François Hollande, la majorité se félicite qu'une ligne claire se dessine enfin sans pour autant bondir de joie. Reste à savoir si le jugement critique de l'aile gauche du PS et des écologistes gagnera d'autres députés.

Il y a la parole officielle. Celle qui trouve en Bruno Le Roux un parfait défenseur de la ligne présidentielle. A ceux qui, à gauche, sont légèrement troublés par l’orientation social-démocrate défendue mardi 14 janvier dernier par François Hollande, il répond : "Parce qu’on parle d’entreprises, on voudrait qu’on soit devenus des libéraux! C’est la guerre partout autour de nous et nous, nous n’aiderions pas nos entreprises!". "Rien de libéral" n'a prévalu mardi, abonde Thierry Mandon.

Et puis, il y a les doutes. "Le débat politique à gauche commence depuis mardi. C’est une très grosse question de fond qui se pose pour le PS", assène Malek Boutih. "Aujourd’hui, il y a un trouble à gauche", reconnaît Jerôme Guedj après avoir reçu beaucoup de textos d’amis s’étonnant que le Medef et la droite applaudissent la ligne présidentielle. Ce qu’il y a de gauche dans l’intervention du Président? "Il faut creuser", indique celui qui représente l’aile gauche du parti.

"Pas le reflet du discours du Bourget"

"Si j’étais convaincu que les baisses du coût du travail étaient ce qu’il fallait, je le soutiendrai. Je pense que c’est l’inverse qu’il faut faire", explique Pascal Cherki, autre membre de l’aile gauche. "C’est le capital qui coûte trop cher", pas le travail, estime Pouria Amirshahi. "L’orientation politique n’est pas le reflet du discours du Bourget", regrette cette autre figure de la gauche du PS.

Les aubrystes sont-ils plus à l’aise? "On sera à l’aise quand les résultats seront au rendez-vous", note Christian Paul. Au Président qui se dit social-démocrate, il rétorque : "Nous restons socialistes." Puis de souligner un point positif : "Hollande a montré qu’il était dans une guerre de mouvement et pas au fond de la tranchée". Autre motif de satisfaction, la promesse d’un donnant-donnant avec le patronat. "Je n’étais pas convaincu par le CICE, je suis content qu’il soit amené à se fondre dans le pacte de responsabilité" qui doit, lui, comprendre des contreparties. "La sémantique est très engagée mais les actes sont moins brutaux", respire Olivier Dussopt, pointant lui aussi les contreparties attendues.

"Si l’objectif était de remobiliser l’électorat de gauche, ce n’est pas atteint"

En off, les langues se délient un peu plus dans les couloirs du palais Bourbon. Un député explique : "Je ne saute pas comme un cabri quand j’entends que l’offre crée la demande. Je tombe plutôt de ma chaise." Un autre socialiste : "Si l’objectif était de remobiliser l’électorat de gauche, ce n’est pas atteint. Mais pendant 18 mois, nous avions l’impression qu’il n’y avait pas de pilote dans l’avion. Là, il y a un patron. La ligne fait un peu débat mais il n’y a pas de grosses vagues." Mercredi matin, à la réunion de groupe, même Pascal Cherki a expliqué qu’il voterait le pacte de responsabilité, le gouvernement y engageant la sienne. L’onde de choc de ce discours sera donc difficilement mesurable mais les jours qui viennent montreront si les socialistes assument ou non l’ "accélération" présidentielle.

Côté écolo, Denis Baupin, pourtant assez pro-gouvernement, déplore qu’il n’y ait eu "pas du tout assez d’écologie" mardi. "Il y aura de vrais débats de fond. A nous de pousser assez fort pour que ce ne soit pas une logique libérale qui domine", alerte l’écolo Christophe Cavard. "La politique de l’offre, c’est à mille lieues de ce que nous voulons mais ce n’est pas un casus belli", ajoute-t-il.

Source : leJDD.fr 15-01-2014

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