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5 mars 2009 4 05 /03 /mars /2009 19:17



Dans ces temps difficiles ou chacun se pose des questions sur son avenir ou sur l'avenir de ses enfants, d'autres n'ont même plus ce choix là; ils vivent au jour le jour, se débattent ,avec les difficultés et "improvisent" leur vie en fonction des circonstances. D'autres encore, aidés par la chance ou par leur travail ou bien parce qu'ils se trouvent encore dans le bon créneau, parviennent à maintenir leur pouvoir d'achat, souvent avec beaucoup de mal.
En choisissant des exemples représentatifs de note siociété, le site "Eco89" a eu l'idée de passer "aux rayons X" les porte-monnaies de Français, que nous cotoyons tous les jours, sans bien savoir leurs problèmes.

 






Au sous-sol d’un grand magasin parisien, le Père Noël prend la pose au rayon guirlandes. Les enfants n’ont qu’une hâte: se faire photographier sur ses genoux. D’une voix usée, le bon grand-père leur demande s’ils ont été bien sages cette année. Mais qui se cache sous le costume rouge?

 

Fin de la journée de travail. Le déguisement tombe, remplacé par un treillis. La figure vieillotte laisse place à un jeune homme de 31 ans, à l’accent toulousain. Il quitte le magasin par la sortie des artistes. Le Père Noël s’appelle Jean-Pierre et gagne 150 euros net par jour. Seuls ses sourcils blanchis pour les besoins du rôle rappellent sa métamorphose. Ce comédien, diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Toulouse, assume le costume : "Je n’ai pas honte de faire ça, les enfants s’amusent et ça me fait plaisir. En plus, j’avais déjà été Père Noël à l’époque où j’étais clown d’anniversaire. Pendant les fêtes, je faisais les arbres de Noël d’entreprise pour les enfants des employés."

  

Comme son métier d’acteur ne lui rapporte pas un euro, le jeune homme travaille avec une agence d’événementiel depuis sept ans. Appâté par le salaire, 1650 euros net pour onze jours, il a accepté de jouer le Père Noël. De 12 heures à 20 heures la semaine et de 10 heures à 20 heures le week-end, avec une heure de pause. Une façon pour lui, aussi, de ne pas perdre de vue le théâtre.

 

"Je suis perfectionniste: je me maquille, je mets des lunettes. Si j’avais le temps, je me vieillirais la peau mais je mets déjà dix minutes à me préparer."

 

Revenus : 500 à 1950 euros nets par mois

 

Payé au gré des missions confiées par son agence, Jean-Pierre ne touche aucun salaire fixe. Cette activité d’hôte d’accueil l’occupe au minimum trois jours par semaine, au mieux six.  "L’agence me propose et je peux refuser, mais ça m’arrive rarement, j’ai trop besoin d’argent."

 

Chaque mois, il gagne entre 500 et 1950 euros, son record pour le Mondial de l'automobile. "Au tout début, je ne touchais souvent que 200 euros par mois", explique-t-il.

 

 Les missions confiées par son agence vont de l’accueil dans des défilés de mode à la distribution de prospectus Gare du Nord. A chaque match qui se tient au stade de France ou au Parc des Princes, Jean-Pierre est là pour superviser l’équipe d’hôtes et hôtesses, en tribune présidentielle. Pas toujours très créatif :  "On a beau dire, on est souvent un pot de fleurs. Au stade, il y a un groom dans mon équipe qui tient un panneau “restaurant panoramique”. Quand il fait froid, il le tient en grelottant."

 

Récemment, le jeune homme a fait un peu de figuration pour un téléfilm, "600 euros pour quatre jours".

 

Le Père Noël tient à son petit boulot. Il raconte : "Mes amis me disent de trouver d’autres agences d’événementiel, pour augmenter mes revenus. Mais dans cette entreprise-là, je suis chef-hôte, on me connaît, on sait que je suis pro. Je n’ai pas envie de repartir de zéro ailleurs."

 

Passer chef-hôte, c’est devenir responsable d’une équipe, pour un salaire légèrement supérieur. "Pour cinq heures au Parc des Princes, je gagne 60,85 euros. Un hôte gagne environ dix euros de moins. Au total, Jean-Pierre a déclaré 5679 euros de "salaires et assimilés" en 2007. "Cette année je remonte la pente, mais seulement depuis octobre", confie-t-il.

  

Quand il peut, Jean-Pierre travaille sur son one-man show. Il raconte sans amertume : "Je vis au jour le jour. Je sais quand je vais travailler à peu près une semaine à l’avance et je m’organise. Pour écrire mes sketches, je m’inspire toujours de mes expériences. Jouer un Père Noël torché qui fait tout tomber dans le magasin et effraie les enfants, pourquoi pas?"

 

L’humour noir est réservé à sa carrière de comédien, dans ses mille autres vies Jean-Pierre n’est pas cynique. Il est en train de terminer un livre pour enfants. Lui dessine, une amie comédienne écrit. Sans savoir si le projet débouchera sur un contrat avec une maison d’édition.

 

 

Ses dépenses

 

Installé à Paris depuis quatre ans, le jeune homme paie 600 euros de loyer pour son studio de 17 mètres carrés -250 euros sont pris en charge par la CAF.

 

"J’ai craqué pour le XIe arrondissement parce que c’est celui où il y a le plus de théâtres. Mais de toute façon, vu que je n’ai pas de revenus fixes, je ne pourrais pas changer de logement."

 

Il bénéficie de la Couverture maladie universelle (CMU) complémentaire et de la carte Solidarité transports, qui lui permet de voyager à moitié prix. Sa plus grande peur: devenir un "assisté". Jean-Pierre était au RMI jusqu’en juillet, et maintenant qu’il gagne à peu près sa vie, il est vigilant sur les dépenses.

 

Pas plus de trente euros de courses alimentaires par semaine. Tous ses vêtements "datent de plusieurs années". Il aimerait bien assouvir son amour du théâtre, mais sans se ruiner.

 

"Je vais rarement au spectacle ou au cinéma, seulement quand j’ai des plans intéressants pour voir quelque chose d’exceptionnel. Mes missions du mois sont payées le 11 du mois suivant. Avec les risques de découvert non autorisé en attendant, la crainte qu’on oublie de me payer..."

 

Jean-Pierre rencontre souvent sa conseillère à la banque, pour faire le point sur sa situation.

 

Pas question pour lui de demander de l’aide à ses parents. Jusqu’à sa venue à Paris, il habitait chez eux, près de Toulouse, travaillant comme animateur dans un centre de loisirs, puis un an comme professeur de théâtre dans une école associative. Une période où il gagnait 1500 euros par mois et a pu se constituer une réserve d’argent en cas de coup dur, "entre 15 000 et 20 000 euros", placés sur un livret A, un PERP et un LEP. Ce petit pactole lui permet d’affronter les défauts de paiement et les dépenses imprévues.

  

"Je suis comme tout le monde, j’ai envie d’acheter", avoue Jean-Pierre, qui rêve d’un appartement à lui. "La situation est assez inconfortable, mais c’est un choix de vie. Je pourrais sans doute trouver un “vrai” travail, mais je ne veux pas renoncer."

 

Au cœur du temple de la consommation, Jean-Pierre préfère penser aux enfants.

 

"Juste à côté de moi dans la boutique, il y a une girafe en peluche qui coûte 1250 euros. Mais je ne vais pas dire aux enfants “c’est la crise”, je ne peux leur dire que de jolies choses."

 

Le Père Noël ne rentrera pas dans sa famille pour les fêtes. D’habitude, il réserve à l’avance un TGV pour Toulouse à 19 euros. En ce moment, c’est 77 euros. Trop cher. "Nous allons plutôt fêter Noël entre amis, sans cadeaux mais avec un bon repas."

 



Source : Eco89  décembre 2008

 

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