Une abstention à un niveau record
Les Français ont boudé les urnes lors du premier tour des élections législatives du dimanche 10 juin dernier. Le taux d’abstention a atteint 42,77 % au niveau national. Un record absolu pour ce type de scrutin. Lors des dernières élections législatives en 2007 le même phénomène avait été constaté mais l’abstention n’avait été que de 39,6 %.
Chacun y va, bien sur, de se explications. L’UMP a prétendu lors des débats du soir d’élection que cette abstention signifiait clairement que les Français n’avaient pas d’appétit pour la gauche ? Explication qui, si elle était suffisante, démontrerait qu’en 2007 les Français n’avaient guère plus d’appétit pour Nicolas Sarkozy !
En fait la campagne électorale des élections présidentielles a été longue et passionnée tandis que celle des élections législatives a été plutôt insignifiante. Et puis 4 scrutins en moins de deux mois c’est peut-être un peu beaucoup.
Comment redonner du dynamisme à ce scrutin ?
Il est clair que si l’on ne réforme pas ce type de scrutin on peut s’attendre à une longue érosion de l’intérêt des électeurs. La légitimité des députés est ainsi considérablement entamée : la plupart d’entre eux ne seront élus qu’avec moins d’un Français sur deux !..
Les Verts ont proposé que les élections législatives aient lieu le même jour que les Présidentielles. C’est une solution qui pourrait régler une partie du problème mais qui en pose un autre : le régime actuel glisse un peu plus vers un régime « présidentiel » dans le quel le président de la république devient un chef de parti.
Autre solution : réinsuffler une part de proportionnelle dans ce scrutin. Nicolas Sarkozy l’avait proposé, François Hollande avait également envisagé cette hypothèse. Cela permettrait de corriger un peu le déficit démocratique actuel et de donner un intérêt supplémentaire à ces élections.
Il faudra également réfléchir peut être au financement des parti politiques. Celui-ci étant basé sur les résultats des élections législatives on voit fleurir les petits partis ce qui conduit aux absurdités que l’on a vu : 10 à 12 candidats par circonscription, une campagne officielle à la télévision totalement décousue et des électeurs qui n’y comprennent plus rien
En tous cas il devient évident que des réformes sont nécessaires avant les prochaines échéances.
La déroute des « petits partis »
On le pressentait avant le vote mais on en a la confirmation : les petits partis sont laminés. Faute d’accords avec les deux « grands » leur représentation à l’Assemblée est faible voire nulle. C’est vrai pour le MoDem de François Bayrou qui risque de payer cher son indépendance. C’est vrai également pour le Front de Gauche qui, tout en faisant deux fois plus de voix que les écologistes n’aura pas davantage d’élus.
Europe Ecologie Les Verts, ou le Nouveau Centre ne parviendront à constituer un groupe à l’Assemblée (15 députés au moins) que parce qu’ils ont passés des accords électoraux avec le PS pour les premiers ou avec l’UMP pour les seconds.
Une confirmation du vote du 6 mai dernier
L’hypothèse d’une cohabitation devient peu probable et les Français ont plutôt confirmé leur choix de la présidentielle. L’UMP et le PS sont au coude à coude avec 34 % des voix mais le PS avec ses alliés écologistes, divers gauche et Front de gauche totalisent près de 46 % ce qui laisse présager une Assemblée nationale avec une majorité de gauche assez large.
A droite l’UMP a peu d’alliés sur qui compter dans une nouvelle Assemblée. Quant au Front National qui revendique la place de « troisième force politique de France » avec 14 % des voix, il risque fort de n’avoir que deux ou trois élus.
La question difficile des accords à droite.
La faible participation a fortement desservi le FN. Il faut 12,5 % des inscrits pour se maintenir au deuxième tour, soit avec le taux d’abstention du 1er tour 21,5 % des suffrages exprimés. Le FN ne pourra donc maintenir ses candidats que dans 61 circonscriptions dont 32 seront en triangulaire et 29 dans le cadre d’un duel sur 577. Mais le FN tablait sur une présence au second tour dans 150 à 200 circonscriptions ce qui en aurait fait le véritable arbitre du scrutin.
Quoi qu’il en soit cela va être difficile pour l’UMP qui refuse toujours, si l’on en croit ses dirigeants, d’envisager le moindre accord avec le FN que ce soit au plan national ou au plan local. Le problème est que les électeurs de droite ont de plus en plus de mal à comprendre et que certains élus sont tenté, au niveau local, à envisager des tractations pour « sauver les meubles »…
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