La justice administrative égyptienne a décidé de suspendre, mardi 10 avril dernier, la commission chargée de rédiger la future Constitution, dominée par les islamistes et boycottée par les libéraux. Un recours avait été déposé auprès de la justice par des juristes et des partis politiques libéraux, accusant le Parlement, qui a formé cette commission, d'abuser de ses prérogatives.
La commission, formée de cent personnes désignées fin mars par le Parlement, est principalement composée de membres des Frères musulmans et de fondamentalistes salafistes, très largement majoritaires parmi les députés et sénateurs.
Les libéraux et les généraux ont estimé que l'Assemblée constituante telle qu'elle a été formée n'était pas "représentative" de la société. Cette décision, qui remet en cause la légitimité du Parlement élu, est susceptible d'aggraver les tensions entre les islamistes et l'armée, et ce à un mois et demi de la présidentielle.
Boycott des sunnites et de l’Eglise copte orthodoxe
Les partis laïques se sont retirés de cette commission, estimant que leur présence ne faisait que servir de caution aux islamistes pour la rédaction d'une loi fondamentale reflétant leurs options politico-religieuses. La prestigieuse institution islamique sunnite d'Al-Azhar et l'Eglise copte orthodoxe ont aussi décidé de la boycotter.
Les islamistes estiment que cette commission doit refléter la composition d'un Parlement élu au suffrage universel, où les Frères musulmans ont près de la moitié des sièges et les salafistes, près d'un quart. Les laïques réclament en revanche une commission plus équilibrée, redoutant que la mainmise des islamistes n'aboutisse notamment au renforcement de la référence à la charia (loi islamique) dans la législation. La commission constituante a en principe six mois au maximum pour rédiger une loi fondamentale, qui doit être soumise à référendum.
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