Les premières élections législatives post-Moubarak devraient se dérouler lundi 27 novembre, si tout va bien !... Les Frères Musulmans, qui se sont bien préparé à cette échéance, partent favoris, malgré les événements de la place Tahrir.
Ils attendaient ce moment depuis trente très longues années. Et lundi 27 novembre, si tout va bien, les Égyptiens devraient leur donner raison en se rendant aux urnes, afin d’élire leur nouveau Parlement. Il y a encore quelques jours, les dirigeants des Frères musulmans et leur bras armé politique, le Parti de la liberté et de la justice, dormaient sans doute tranquillement, persuadés de rafler la mise. Mais la place Tahrir est revenue dans le jeu politique, surprenant à la fois les militaires et les islamistes. Hier soir, ils étaient encore plusieurs milliers à manifester dans le centre du Caire. Plus tôt dans la journée, un nouveau manifestant (le 41e en cinq jours) mourait lors de heurts avec les forces de l’ordre devant le siège du gouvernement. Pas bon pour les autorités ni pour les Frères.
La population se méfie
"Les Frères musulmans sont tombés dans un piège politique", explique Mohamed Elsebay, journaliste au quotidien Akhbar Elyom. "On a cru qu’ils manipulaient l’armée, mais ces derniers jours, c’est l’inverse qui s’est produit." Résultat, la population s’est méfiée. Vers qui se tourner? Les militaires, les islamistes? "Tout cela sent le deal à plein nez, répètent les révoltés de Tahrir. Ce sont les mêmes magouilles qu’au temps de Moubarak, seuls les acteurs changent." "Nous sommes maintenant coincés entre ceux qui représentent le cœur de la révolution du 25 janvier, et un bloc, constitué du Conseil suprême des Forces armées [CSFA] et des Frères musulmans", confirme Hassan Nafa, professeur de sciences politiques à l’université du Caire.
Pour Mustafa Saadawi, membre de la confrérie depuis plus de dix ans, les jeux sont faits d’avance, le reste n’est que du théâtre. "Les élections auront lieu lundi, vous verrez " Mustafa appartient à cette jeune garde des "Frérots" qui trouve que les choses vont un peu trop lentement. Il a d’ailleurs rejoint les manifestants de la place Tahrir mardi dernier, "à titre personnel". "Il existe désormais de graves dissensions entre les Frères au niveau du leadership", poursuit le politologue Hassan Nafa. "La jeune garde gronde, trouve que les plus vieux ne comprennent plus rien." Il est vrai que le tout nouveau bâtiment des Frères, situé à une bonne heure de route du Caire, n’inspire guère la jeunesse ni l’énergie. On y trouve des hommes dépassés par les événements, et qui courent après les chapitres d’une histoire égyptienne en marche.
Un ex-Frère prêt pour la présidentielle
Un seul, un modéré, dit-on ici, et apprécié de tous, aurait senti le vent tourner. Il s’agit de Abdel Moneim Al-Fotouh. Un mois après la révolution, ce cadre quitte les Frères. Il est aujourd’hui résolu à se présenter à l’élection présidentielle prévue avant la fin juin. Il a désobéi à la ligne de l’organisation islamiste, qui jure par tous les saints, que jamais elle ne présentera un homme à la présidence. "Il est expulsé", croit savoir le politologue Hassan Nafa. "Faux, rétorque le journaliste Mohamed Elsebay, c’est une manœuvre de la confrérie pour l’emporter à la finale."
Source : leJDD.fr 27-11-2011
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