Largement en tête aux législatives, le « Parti de la Justice et du Développement » emmené par Abdelilah Benkirane (photo), devrait diriger le prochain gouvernement. Mais avec une marge de manœuvre limitée
C’est une première au Maroc : les islamistes modérés du Parti de la justice et du développement (PJD) devraient être la première force politique à la Chambre basse du Parlement. Selon des résultats partiels publiés hier samedi 26 novembre, à l’issue du scrutin législatif anticipé de vendredi, ils devraient rafler entre 80 et 100 sièges de députés sur les 395 que compte la Chambre des représentants, contre 47 dans l’Assemblée sortante. Conformément à la nouvelle Constitution, le roi devrait donc nommer aujourd’hui un Premier ministre PJD, chargé de former le gouvernement. Au bouillant Abdelilah Benkirane, le chef du PJD, une personnalité plus modérée pourrait être préférée.
Du fait du scrutin proportionnel, le PJD est forcé de trouver des partenaires pour former une majorité à l’assemblée. Le "G8", une plateforme libérale conduite par l’actuel ministre des finances, Salaheddine Mezouar, a dit clairement qu’il refusera de gouverner avec les islamistes. Restent les socialistes de l’USFP, les ex-communistes du PPS et les nationalistes de l’Istiqlal. Ces derniers seraient les plus disposés à collaborer avec les nouveaux vainqueurs. Mais à quelles conditions? "Les islamistes vont être confrontés à des partenaires très exigeants, au risque de devenir la composante la plus faible de la coalition", prédit Mohamed Darif, professeur de sciences politiques à l’université Hassan-II de Casablanca. La formation du gouvernement pourrait durer plusieurs semaines.
Des pouvoirs limités par le contrôle du roi
Quelle politique attendre de la nouvelle majorité? Tributaire de ses partenaires, le PJD devra forcément limiter ses ambitions. D’ores et déjà, son chef a promis de bâtir un programme commun basé sur deux axes, "la démocratie et la bonne gouvernance". En outre, la marge de manœuvre des islamistes, qui ont multiplié les déclarations rassurantes concernant notamment les libertés individuelles, sera fortement limitée par les "domaines réservés" du chef de l’État que sont la défense, la sécurité intérieure, les affaires étrangères ou encore la religion.
Si elle s’inscrit dans la vague d’arrivées au pouvoir de partis islamistes, après la Tunisie et peut-être avant l’Égypte, cette victoire du PJD se singularise en effet sur un point : l’étroit contrôle exercé sur le processus par le roi du Maroc.
Source : leJDD.fr 27-11-2011
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