Eva Joly s’est livrée à un exercice difficile : préparation d’un budget virtuel 2012 qu’elle a présenté lors d’une conférence de presse mercredi 5 octobre dernier. La candidate écologiste à la présidentielle veut augmenter les impôts de 30 milliards d’euros en 2012 pour réduire le déficit. Elle met la pression sur le PS en réclamant davantage de taxes sur les riches et les entreprises.
Plus dure que ses alliés, plus rigoriste que François Fillon. Eva Joly a présenté mercredi midi à Paris son budget virtuel pour 2012, qui allie cure d’austérité et promesses de campagne. "Je suis la première candidate qui se livre à cet exercice", s’est-elle félicitée. Un document détaillé et chiffré qui sonne comme un défi pour le PS. La candidate à la présidentielle d’Europe Ecologie - Les Verts (EELV) préconise un véritable choc fiscal dès l’an prochain pour réduire le déficit public, plus rapidement que les candidats socialistes. Le calcul est lourd. Eva Joly juge que les prévisions du gouvernement sont irréalistes, elle estime que la croissance économique sera de 0,8% seulement en 2012, contre 1,75% pour Bercy. Du coup, elle revendique une première salve de 10 milliards d’euros de hausses d’impôts. Cela permettrait de tenir l’objectif de diminution du déficit à 4,5% du PIB. Et l'écologiste se veut encore plus sévère, en ajoutant 20 milliards d’euros d’efforts supplémentaires, soit un point de PIB.
Les écologistes vont plus vite et plus loin que le PS
La potion verte est amère. Taxe carbone (au niveau fixé par la commission Rocard), traque des paradis fiscaux, deux tranches nouvelles à l’impôt sur le revenu (60% à partir de 100.000 euros annuels et 70% à partir de 500.000 euros), impôt plancher pour les entreprises, fin de la TVA réduite dans la restauration et des exonérations sur les heures sup’... Joly reprend une partie du programme du PS mais va plus vite et plus loin. Dans son entourage, on se dit en outre favorable à une TVA sociale.
"J’exigerai des marges de manœuvre dans le budget"
Paradoxalement, la candidate récuse toute idée de marche forcée vers le désendettement. Au contraire, elle se refuse à fixer un chemin vers l’équilibre budgétaire. Pas question pour elle de s’accorder sur un objectif de déficit à 3% du PIB en 2013, comme l’ont fait à la fois le gouvernement, François Hollande et Martine Aubry. "Les socialistes font une erreur de raisonnement. On tremble de peur devant les agences de notation. Je veux montrer à la communauté financière internationale qu’il est plus important d’assurer la cohésion sociale et de sauver les gens du désespoir", explique-t-elle. Néanmoins, son choc fiscal rapprocherait bel et bien la France de la barre de 3%, et plus vite que prévu : le déficit atteindrait mathématiquement 3,5% dès l’an prochain. Elle se garde bien de prononcer ce chiffre.
Au total, les hausses d’impôts d’Eva Joly atteindraient 47,9 milliards d’euros, du jamais vu. Une trentaine de milliards seraient donc affectés à la réduction du déficit, le solde (17,9 milliards d’euros) étant consacré à un long catalogue de dépenses nouvelles. Sur ce plan, la candidate EELV met aussi la pression sur ses partenaires socialistes. Joly veut créer une allocation d’autonomie pour les jeunes à 600 euros par mois, soit 200 euros de plus que Martine Aubry. Elle relèverait le RSA, lancerait la construction de 150.000 logements sociaux, rétablirait la retraite à 60 ans. En revanche, elle se montre moins dispendieuse que François Hollande pour l’Education nationale, proposant 20.000 créations de postes et non pas 60.000. A l’attention du (de la) future candidat(e) du PS, l’ancienne magistrate conclut : "J’exigerai des marges de manœuvre dans le budget". La négociation va bientôt commencer.
Source : leJDD.fr 05-10-2011
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