La reprise d’Alstom par General Electric porte la signature du ministre de l’Économie, Arnaud Montebourg, et efface l’échec de Florange.
Personne ne pourra dire qu'il a laissé faire. Pour Arnaud Montebourg, l'État "peut beaucoup". Il peut empêcher le rachat à la découpe d'un fleuron de l'énergie et du transport. Parce que le ministre de l'Économie est intervenu, Alstom ne passera pas sous pavillon américain. Comme il l'annonçait vendredi à 17 heures, l'État a finalement tranché en faveur de General Electric au détriment de Siemens et Mitsubishi, qui avaient construit une offre alternative à sa demande. Mais il a fini par dire oui à une alliance dont l'État assure "l'effectivité, la solidité et la pérennité" en entrant à hauteur de 20 % au capital de l'équipementier français. "Un point dur" et "un acte de souveraineté" nécessaire, selon lui, pour défendre la filière nucléaire. Le ministre tient enfin sa revanche, sa nationalisation partielle.
Une bataille réussie
Oublié le cauchemar de Florange et les rebuffades du Premier ministre d'alors, Jean-Marc Ayrault, opposé à la nationalisation des deux hauts-fourneaux lorrains voulus par son bouillonnant ministre du Redressement productif. "En termes de méthode, c'est l'anti-Florange", qualifiait dans la foulée de l'annonce Manuel Valls. Fatigué mais apaisé, Montebourg, le "négociateur hors pair" selon Jeffrey Immelt, a gratifié les gagnants d'une "to do list" de 50 pages, inventaire d'exigences non négociables. Samedi, en début d'après-midi, le ministre a fait un saut dans un cabinet d'avocats d'affaires du 8e arrondissement de Paris. Histoire de toper avec Patrick Kron et Jeffrey Immelt. "Après, ils se sont serré la main à trois. C'était amical et très ouvert", souligne un témoin.
Montebourg savoure enfin sa victoire. Une bataille réussie qui tranche avec les luttes du Montebourg de l'an I. Où les canards boiteux le disputaient aux causes industrielles perdues. Et "un succès politique indéniable" dont il s'enorgueillissait vendredi 20 juin dernier au soir. Nicolas Sarkozy avait sauvé Alstom de la faillite en 2004. Lui espère lui donner un avenir confortable aux côtés de GE, un géant lesté de 88 milliards de dollars de cash. Le ministre s'est aussi doté de la bombe atomique : un décret sur les investissements étrangers dans les secteurs stratégiques (énergie, santé, eau…) qui met sous cloche plus du tiers des groupes du CAC 40.
Alstom ne sera pas son baroud d'honneur. Il ne quittera pas le gouvernement sur cette opération, assurait son entourage après l'effet produit par la dernière une du « Nouvel Observateur ». La lettre de démission qui repose dans le tiroir de son bureau y restera. "Il travaille à proposer une alternative sur les grandes orientations macro-économiques", jure un conseiller.
Au menu : les questions monétaires, les arbitrages budgétaires...Et pour se forger un avis éclairé, il dispose de son think tank : le Conseil indépendant pour la croissance et le plein emploi. Quatre économistes dont Jean-Paul Fitoussi et le Prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz sont attendus à Bercy dès le 1er juillet.
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