
Un nombre record de manifestants depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Elysée est descendu jeudi 19 mars dans la rue mais le Premier ministre, François Fillon, a écarté dans la soirée tout nouveau plan de relance, réclamé par les syndicats.
Sous un soleil printanier avant l'heure, entre 1,2 million (police) et 3 millions (CGT) de personnes ont défilé dans 219 manifestations à l'appel des huit syndicats (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC, Solidaires, FSU, Unsa). Le 29 janvier, de 1,08 million (police) à 2,5 millions de personnes (syndicats) avaient battu le pavé.
Ces manifestations, qualifiées de "réussite" par les syndicats, et soutenues par la gauche, égalent les pics de mobilisation de 2006 contre le Contrat première embauche (CPE), et montrent l'ampleur de l'inquiétude et du mécontentement suscitées par la crise et la saignée de l'emploi qui l'accompagne.
Cependant, la réponse du gouvernement ne sera "certainement pas un nouveau plan de relance", a confirmé à TF1 François Fillon.
Tout en reconnaissant "une inquiétude très légitime" des Français, il a estimé que "la mobilisation ne résoudra pas les problèmes de la crise mondiale".
Selon Raymond Soubie, conseiller social de Nicolas Sarkozy, "l'on n'avait pas franchi d'étape dans la protestation par rapport au 29 janvier".
Outre les grandes villes, de Rennes (14.000 à 40.000) à Marseille (30.000 à 320.000) en passant par Bordeaux (36.000 à 100.000), l'affluence a été très forte quasiment partout, y compris dans des villes moyennes (Le Havre, Tarbes...).En début de semaine, Bernard Thibault (CGT) avait estimé que "si la mobilisation est plus importante que le 29 janvier, ce sera un événement politique".
Le cortège parisien a rassemblé entre 85.000 personnes selon la police (65.000 le 29 janvier), et 350.000 personnes (300.000) selon la CGT. Une vingtaine d'individus ont été interpellés dans la soirée Place de la Nation après que la police eut été la cible de jets de divers projectiles.
"C'est la mobilisation de M. et Mme Toutlemonde, qui expriment leur ras-le-bol", s'est exclamé Gilbert Debard (Unsa), parmi les manifestants lyonnais (de 24.000 à 45.000).
Une vingtaine d'individus ont été interpellés dans la soirée Place de la Nation après que la police eut été la cible de jets de divers projectiles.A Clairoix (Oise), symbole de la colère des salariés, un millier d'employés de Continental, dont la fermeture est annoncée, sont allés gonfler les rangs des manifestants à Compiègne.
A Paris, les dirigeants syndicaux ont jugé, comme François Chérèque (CFDT), que le "silence complet" du gouvernement et du patronat ne devait pas être la réponse, au risque d'aggraver encore la crise sociale.
"C'est maintenant qu'il faut soutenir la consommation et prendre des décisions", a déclaré Jean-Claude Mailly (FO).
François Fillon a déjà prévenu qu'il n'y aurait aucune "enveloppe supplémentaire" après les mesures adoptées lors du sommet social du 18 février.
"Il faut changer de cap", "Bouclier social": pancartes ou slogans invitaient jeudi le gouvernement à modifier en profondeur sa politique en faveur de l'emploi et du pouvoir d'achat.
Dans la Fonction publique, la grève a été moins importante que le 29 janvier, notamment dans l'éducation. Nombre de fonctionnaires ont défilé, comme les enseignants-chercheurs, au nombre de 100.000 dans toute la France (selon Unef et FSU), la plus grosse mobilisation depuis le début du mouvement.
Les perturbations dans les transports ont été globalement limitées, en partie grâce au service minimum. En région parisienne, les transports en commun ont circulé légèrement mieux que le 29 janvier, mais ont été très affectés à Bordeaux, Reims, Strasbourg et Nice.
La plupart des grandes villes avaient décidé de mettre en oeuvre, au moins en partie, le service minimum d'accueil, mais à Paris seuls 2.400 écoliers sur 136.000 en ont profité, selon la mairie.
Les dirigeants syndicaux se retrouvent vendredi. Tous ont d'ores et déjà souligné la nécessité de "durer" et de rester unis.
Source : aolactualites.fr 19-03-2009