
Les propos du pape Benoît XVI, qui a estimé mardi que le préservatif "aggrave le problème du sida", ont déclenché une polémique mondiale pour le premier voyage en Afrique du souverain pontife.
L'agenda de mercredi du pape au Cameroun ne comportait que trois points : une visite au président Paul Biya, une rencontre avec les évêques et la célébration des vêpres avec le clergé local.
Toutefois, sans doute en raison de la polémique sur le préservatif, Benoît XVI a rencontré en début de matinée, lors d'un rendez-vous non public et ajouté au programme, des jeunes d'une association d'aide aux malades du sida animée par la communauté catholique Sant'Egidio.
"C'est la consternation. Le pape vit-il au XXIe siècle ?", s'est demandé Alain Fogué, du Mouvement camerounais pour le plaidoyer à l'accès aux traitements (Mocpat), réagissant aux déclarations du pape sur le préservatif. "Les gens ne suivront pas ce que le pape dit. Il vit au ciel et nous sur terre", a-t-il déclaré à l'AFP.
"Prétendre que le préservatif "aggrave" le problème du sida va totalement à l'encontre de tous les efforts fournis ces dernières années par le gouvernement camerounais et les autres acteurs impliqués dans la lutte contre le sida au Cameroun", a ajouté Alain Fogué.
Les propos du pape Benoît XVI, ont déclenché une polémique mondiale pour le premier voyage en Afrique du souverain pontife.La ministre belge de la Santé Laurette Onkelinx a fait part mardi de sa "stupéfaction" et de sa "consternation" face aux propos du pape. En France, Paris a fait part de "très vive inquiétude".
Les réactions sont également vives dans le monde médical. Le directeur de l'Agence française de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS), Jean-François Delfraissy, a déclaré être "catastrophé" par le message "consternant" et "contre-productif".
En critiquant l'efficacité des campagnes pour le préservatif, le pape "a mis l'accent sur l'éducation à la responsabilité", a déclaré le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi. "Il ne faut pas attendre de ce voyage un changement de position de l'Eglise catholique envers le problème du sida", a-t-il souligné lors d'un point de presse.
Déjà, sous le pontificat de Jean Paul II, la position officielle de l'Eglise catholique était d'appeler à la chasteté, c'est-à-dire à la fidélité dans le mariage et à l'abstinence.
L'Eglise estime que "développer une idéologie de confiance dans le préservatif n'est pas une position correcte" car elle ne met pas l'accent sur "le sens des responsabilités", a souligné le père Lombardi.
Le père Lombardi a souligné les "trois directions" dans lesquelles se déploie l'action de l'Eglise catholique face au sida: "l'éducation à la responsabilité de la sexualité et l'affirmation des valeurs du mariage et de la famille, l'engagement pour des soins efficaces, et l'attention portée aux malades". Jeudi le pape doit visiter à Yaoundé le centre catholique "cardinal Paul Emile Léger", spécialisé dans les soins aux malades et aux handicapés.
Sur un autre plan, éclipsé par la polémique, Benoît XVI a incité mercredi matin les évêques camerounais à "défendre vigoureusement les valeurs essentielles de la famille africaine" aux prises avec les conséquences de "la modernité et de la sécularisation sur la société traditionnelle".
Il les a aussi incités à se faire "les défenseurs des droits des plus pauvres" et à travailler "à la collaboration entre les ethnies pour le bien de tous".
Source : Aolactualites.fr 18-03-2009