C’est en 1879 qu’Eugène de Dietrich fonde à Lunéville en Lorraine une usine destinée à monter des wagons pour la Compagnie des Chemins de Fer français. L’activité de l’usine prend de l’importance et, en 1897, elle se transforme en une société qui prend le nom de « Société de Dietrich et Compagnie de Lunéville » dirigée par le baron de Dietrich assisté, à partir de 1890 par ses neveux Adrien et Eugène de Turckeim.
C’est sous l’impulsion d’Eugène de Turckeim que la société achète le brevet d’Amédée Bollée Fils et se lance la construction d’automobiles en série. Au début des années 1900 des voitures « de Dietrich et Cie » sortent de l’usine de Lunéville qui, pendant quelques années, emploie l’ingénieur Ettore Bugatti. Mais la famille de Dietrich se retire de l’affaire qui devient société anonyme et qui prend le nom de « Société Lorraine des Anciens Etablissements de Dietrich et Cie de Lunéville » plus connue sous le nom de « Lorraine-Dietrich »
La nouvelle société créée en 1907 une nouvelle usine à Argenteuil en région parisienne entièrement dédiée à la construction de voitures de tourisme : les « Lorraine » ; alors que Lunéville se consacre au matériel ferroviaire et à quelques voitures de compétition notamment pour les 24 Heures du Mans. La marque parvient à s’imposer, y compris à l’international, notamment par ses victoires en courses. Le modèle B3/6, qui deviendra le modèle à succès de Lorraine Dietrich, remporte la première et la troisième place au 24 Heures du Mans en 1925 et les trois premières places l’année suivante et, dans cette même épreuve, la marque bat le record de vitesse à 106 km/ heure de moyenne.
Le modèle présenté a été a été commandé sous forme de châssis roulant B3-6 par Monsieur Louis Desdions en 1929. La motorisation, dérivée d'un moteur d'avion Lorraine, est assurée par un six cylindres en ligne de 3 446 centimètres cubes de cylindrée. Le moteur est alimenté par deux carburateurs « HK 42 Zenith » et est couplé à une boîte de vitesses mécanique à quatre rapports. Le double allumage d'origine permet de parfaire le fonctionnement de l'ensemble. Développant une puissance de 115 chevaux, ce véhicule historique peut atteindre une vitesse de 145 kilomètres par heure. Pour répondre aux besoins d'alimentation, ce cabriolet sportif est équipé de deux réservoirs d’essence dont un de 57 litres sous l'auvent et le second de 78 litres à l’arrière.
Le châssis est confié au carrossier Gangloff à Genève qui va réaliser un somptueux cabriolet. Gangloff est une entreprise de carrosserie suisse ayant racheté les anciennes carrosseries Widerkehr à Colmar en 1927. Gangloff réalisera près de la moitié des carrosseries des Bugatti. La Lorraine Dietrich, parfaitement entretenue pendant des décennies est revendue le 21 février 1990 alors qu’elle totalise un peu moins de 52 000 kilomètres. Jusqu'en 1993, cette Lorraine Dietrich B/3 Sport bénéficie d'une restauration complète, réalisée dans les règles de l'art, durant laquelle la mécanique a été entièrement remise à neuf.
Son propriétaire actuel, passionné de la marque depuis plus de cinquante ans et connu pour avoir possédé plus de sept Lorraine Dietrich, l'acquière en 2011. Tout au long de sa jeunesse, ce cabriolet sportif a participé à plusieurs courses. La B3/6, succès majeur de la marque Lorraine Dietrich, est présentée ici en version Sport « Le Mans ». Cet unique exemplaire de cabriolet grand tourisme partage de nombreuses caractéristiques avec le modèle de course ayant remporté les première et troisième places des 24 heures du Mans en 1925, puis réalisé l'exploit de monopoliser les trois premières places du même podium en 1926.
Le raffinement intérieur est à la hauteur des performances extraordinaires de ce cabriolet sportif, s'illustrant par la noblesse des matériaux utilisés tels que les bois précieux comme la loupe de Thuya du Maroc, le cuir et le chrome. Le niveau de finition est exceptionnel et la marqueterie du tableau de bord sublime parfaitement la panoplie d'instruments fabriqués par l'horlogerie de luxe suisse Jaeger-LeCoultre. Sont disponibles, un compteur de vitesse, un compte-tours, une jauge de température d’huile, un manomètre de pression d’huile, un ampèremètre et une montre, le tout bien évidemment éclairé pour les besoins des relais nocturnes des courses d'endurance.
Renommée pour ses performances et sa robustesse, elle est assurément la meilleure voiture de sport française de sa décennie. Ce véhicule mythique est le plus grand succès de la marque. Seulement 65 modèles de B3/6 sport ont été produits. Il n'en resterait que 15 en circulation aujourd’hui dans les collections privées et les musées, dont un seul et unique cabriolet.
Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale
ultimatecarpage.com
wheelsage.org
favcars.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)