Vendredi 20 mars 2020 - Le point sur le coronavirus le 19 mars au soir :
L'épidémie de coronavirus a causé en France la mort de 372 patients (dont 108 supplémentaires en 24 heures) et contraint à hospitaliser 4761 malades, dont plus d'un millier en réanimation, a annoncé jeudi le ministère de la Santé. "Les cas de contamination doublent tous les quatre jours", a précisé le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, qui a prévenu que "l'épidémie est importante et s'étend, avec une circulation virale rapide et intense". En 24 heures, 91 nouveaux patients ont rejoint les services de réanimation, portant le total à 1122.
Depuis le début de l'épidémie 10 995 cas ont été confirmés par test, ce chiffre global ne tenant donc pas compte de l'ensemble des personnes diagnostiquées mais qui n'ont pas été testées, précisant qu'environ 50 000 tests ont été pratiqués à ce jour. "Si chacun réduit ses contacts, on a beaucoup moins de personnes contaminées, c'est aussi mathématique que cela", a martelé jeudi soir Jérôme Salomon. "Il faut rester chez vous pour éviter d'autres décès et d'autres cas graves".
L’information du jour est à nouveau la pénurie de masque. Petite lueur d’espoir tout de même : l’hôpital militaire est en construction dans l’Est, les cliniques privées proposent des lits de réanimation avec le personnel mais à condition de leur trouver des masques
Vendredi 20 mars 2020 - Olivier Véran, confiné loin de ses enfants et de ses parents :
Confiné lui aussi, comme tous les Français, le ministre de la Santé a confié à «Quotidien» que ses enfants sont eux aussi confinés, dans une autre ville que la sienne.
Le confinement, qui s’applique à l’ensemble des Français depuis mardi midi, sépare physiquement les familles. Simple citoyen ou ministre, tout le monde est logé à la même enseigne. Invité, en duplex, de l’émission «Quotidien» mercredi, le ministre de la Santé Olivier Véran a confié être séparé de ses enfants le temps de l'application de ces mesures restrictives. «Je ne vous dit pas que c’est génial d’être confiné, personne ne dira ça. Moi le premier. Mes enfants sont dans une autre ville que celle dans laquelle je suis», a-t-il déclaré, sans donner davantage de détails. «C’est évidemment uns situation difficile à vivre pour tout le monde. Il y a des gens qui vont annuler leur mariage, d’autres qui ne peuvent plus saluer leurs parents…c’est facile pour personne», a-t-il poursuivi faisant de la pédagogie pour le respect du confinement et de la lutte contre le coronavirus.
Vendredi 20 mars 2020 - Coronavirus : un hôtel de Madrid transformé en hôpital :
Un premier hôtel de Madrid (Espagne) a été transformé jeudi en structure médicalisée, afin de traiter les cas les moins graves de coronavirus, ne requérant pas d'hospitalisation, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Cela "permettra d'alléger la pression" dans les hôpitaux et d'y "libérer des chambres" , a fait valoir la région de Madrid dans un communiqué. Des personnels de santé en blouse blanche et masqués ont commencé à arriver dans la matinée au Gran hotel Colon, situé à dix minutes à pied de l'hôpital Gregorio Marañon, l'un des plus grands de la capitale espagnole. A la mi-journée, des ambulances sont arrivés dans le parking et en sont descendus des personnels entièrement protégés par des combinaisons blanches, avec gants et lunettes. La presse était maintenue à distance et l'établissement surveillé par des policiers. Un autre hôtel quatre étoiles de la ville, le Marriot Auditorium, doit également être médicalisé à partir de vendredi.
Au total, l'association hôtelière de la capitale espagnole a annoncé avoir mis "à disposition 9.000 lits dans plus de 40 hôtels pour assister des patients atteints de coronavirus".
"La principale fonction de ces hôtels sera d'accueillir des patients qui présentent des symptômes et doivent être suivis médicalement mais sans nécessité d'être hospitalisés, tant au début de la maladie que dans sa phase finale", ont précisé la région et l'association hôtelière dans leurs communiqués.
Vendredi 20 mars 2020 - Coronavirus : le Monde à l'arrêt :
De New York à Paris, de Sydney à Vienne, en passant par Milan, les mêmes images de villes désertées par ses habitants et les touristes.
L'épidémie de Covid-19 risque de faire reculer en 2020 le tourisme au niveau auquel il se trouvait au milieu des années 1960, notamment en Italie, a indiqué jeudi le syndicat des opérateurs du tourisme Assoturismo.
"On peut légitimement présumer que les frontières et les liaisons internationales resteront bloquées tant que la pandémie n'aura pas reculé au moins sur les principaux marchés touristiques étrangers qui pourraient récupérer, dans la meilleure des hypothèses, seulement à partir de 2021", a estimé le syndicat.
Vendredi 20 mars 2020 - Coronavirus : Philippe annonce le report des réunions de conseils municipaux pour élire les maires :
Edouard Philippe a annoncé jeudi le report des réunions de conseils municipaux élus au premier tour, qui devaient se tenir de vendredi à dimanche et permettaient de désigner maires et adjoints, en raison de la pandémie de coronavirus.
Les équipes sortantes dans environ 30 000 communes concernées voient donc leur mandat prolongé jusqu'à mi-mai au moins. A cette date, un rapport devra permettre d'indiquer "s'il est possible d'installer les conseils municipaux", au regard des conditions sanitaires, selon le Premier ministre.
"Cette solution que nous proposons se fonde d'une part sur l'avis du président du conseil scientifique (le professeur Jean-François Delfraissy, ndlr) qui a indiqué aujourd'hui que les conditions sanitaires pour l'installation des conseils municipaux prévue par le code électoral entre demain matin et dimanche n'étaient plus réunies", a précisé M. Philippe. "Elle repose, d'autre part (...) sur une analyse partagée des contraintes qui pèsent sur nous", a poursuivi le Premier ministre qui, accompagné du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et de celui des Relations avec le Parlement Marc Fesneau, s'était auparavant entretenu pendant près de deux heures avec le président du Sénat Gérard Larcher, les présidents de groupes et celui de la commission des Lois.
Vendredi 20 mars 2020 – Confinement : premières gardes à vue pour "mise en danger de la vie d'autrui".
Des personnes déjà verbalisées pour non respect des règles du confinement ont été placées en garde à vue pour "mise en danger de la vie d'autrui", dans le Pas-de-Calais et en Seine-Saint-Denis, a-t-on appris vendredi de sources policières.
Un homme a été placé en garde à vue à Bruay-la-Buissière dans le Pas-de-Calais pour "mise en danger d'autrui par violation délibérée des mesures destinées à prévenir et limiter les conséquences des menaces sanitaires sur la santé", a-t-on appris de source policière confirmant une information du Parisien.
L'homme faisait partie d'un groupe de cinq buvant de l'alcool sur la voie publique. Il avait déjà été verbalisé pour ne pas avoir d'attestation. Les quatre autres ont pris la fuite. La Seine Saint-Denis comptabilisait quant à elle vendredi matin, une "quinzaine" de garde à vue pour le même motif, selon une autre source policière.
Là encore, avant d'être interpellés, les contrevenants avaient déjà été verbalisés "à plusieurs reprises", selon cette même source. Les interpellations ont eu lieu dans plusieurs communes, notamment Sevran, Bobigny, Clichy-sous-Bois, Blanc-Mesnil, Montreuil ou encore Rosny-sous-Bois. L'infraction de "mise en danger de la vie d'autrui" est passible d'un an de prison et 15.000 euros d'amende.
Vendredi 20 mars 2020 – Témoignage : contre le coronavirus, un médecin généraliste s’organise :
A Colomiers, en Haute-Garonne, le docteur Venouil et ses confrères ont mis en place un centre de consultation dédié au coronavirus. L'objectif : désengorger les hôpitaux.
Alors que les salles d’attentes de la médecine de ville risquent d’être submergées, le docteur Frédéric Venouil, installé à Colomiers, près de Toulouse, s’est organisé avec ses confrères. Dans un complexe sportif de cette commune de 39 000 habitants, non loin de la gigantesque usine d'Airbus, des médecins volontaires se relaient pour accueillir dans un lieu dédié les patients susceptibles d'être contaminés par le coronavirus.
Une cinquantaine de médecins sont mobilisés sur un tour de garde pour être à trois ou quatre sur ce site dédié et équipé, qui permet de désengorger les urgences. Pour Colomiers et sept à huit communes environnantes, c’est une première ligne pour tous les patients qui sont malades et très stressés. La mairie nous a aidé à communiquer et met à disposition deux agents d'accueil, avec une grosse charge de travail de 8 heures à 20 heures. Et il ne faut pas oublier les infirmières qui participent au suivi et pour certaines aident les médecins sur site. Il y a une très forte solidarité et une très grosse mobilisation.
Vendredi 20 mars 2020 – Coronavirus : la marque Saint James va fabriquer des masques de protection :
Les entreprises françaises continuent à faire preuve de solidarité en ces temps de crise du coronavirus. La marque Tricots Saint James, spécialisée dans le textile, vient d’annoncer qu’elle allait transformer son activité afin de confectionner des masques de protection destinés au corps paramédical. «Ayant réussi à obtenir le matériel nécessaire par la coopérative Isigny Sainte-Mère, l’entreprise revoit sa chaîne de production afin de se mobiliser dans la lutte contre le coronavirus, tout en prenant soin de respecter les mesures de sécurité pour son personnel», peut-on lire dans un communiqué.
La société précise que ces masques seront remis aux «services supports du personnel soignant et seront fournis en priorité aux centres hospitaliers locaux et Ehpad.» Le communiqué explique également que ces masques seront réalisés à base de coton lavable et composés de trois couches : une couche de tissus coton, un molleton et une couche supplémentaire de tissus coton. Selon les chiffres de France Industrie, 40 entreprises textiles se sont proposées pour fabriquer des masques et de premiers échantillons ont été approuvés par les autorités.
Le week-end dernier, le groupe LVMH avait lui aussi annoncé vouloir aider les soignants en mettant à profit ses usines de parfum en France pour produire du gel hydroalcoolique. Les premières bouteilles ont été livrées dans les hôpitaux en début de semaine. Dans un autre secteur, les groupes sucriers Tereos et Cristal Union ainsi que le géant des spiritueux Pernod-Ricard ont annoncé mercredi la réorientation d'une partie de leur production vers le gel hydroalcoolique et l'alcool entrant dans la composition.
Vendredi 20 mars 2020 – Coronavirus: le confinement en France devrait être prolongé :
La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a indiqué vendredi qu'il était "assez probable" que la période de confinement de quinze jours instaurée en France pour freiner la propagation du coronavirus sera prolongée. Il "est assez probable que nous soyons obligés de prolonger le confinement", a expliqué la porte-parole du gouvernement sur BFMTV et RMC. Mais la mise en place d'un couvre feu n'est "pour l'instant pas envisagée", a-t-elle dit.
Emmanuel Macron réunit vendredi matin un nouveau conseil de défense consacré à la crise du coronavirus, au quatrième jour d'un confinement que les autorités jugent insuffisamment respecté et qui risque fort de se prolonger au-delà des quinze jours prévus initialement. Avec le Premier ministre Edouard Philippe et les principaux ministres concernés, le président devrait notamment faire le point sur la mise en oeuvre des mesures de restriction de circulation qu'il a annoncées lundi.
Vendredi 20 mars 2020 – Fermeture des voies sur berges, des pelouses des Invalides et du Champ-de-Mars pour le week-end :
La maire de Paris Anne Hidalgo et le préfet de police Didier Lallement ont annoncé l'interdiction de tout déplacement et rassemblement sur les voies sur berges, les pelouses de l'Esplanade des Invalides et du Champ-de-Mars, à partir de vendredi et pour le week-end.
Les riverains, personnes travaillant dans le secteur ou livreurs, pourront déroger à l'interdiction avec les justificatifs nécessaires, ont-ils précisé dans un communiqué commun. Sur les pelouses de l’Esplanade des Invalides, les riverains ne bénéficieront d'aucune dérogation, dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus.
«Dans certains secteurs de la capitale, la fréquentation demeure ainsi beaucoup trop importante, au détriment des mesures de confinement», estiment la maire et le préfet, alors que dans la capitale, les espaces verts ont déjà été fermés. Par ailleurs, la Préfecture de police a annoncé le «renforcement des contrôles des forces de l'ordre dans les gares parisiennes dès vendredi soir et durant le week-end». Dans un communiqué, la PP a rappelé que les départs en vacances ou en week-end «ne font pas partie des cas visés par l'attestation» de déplacement dérogatoire.
Vendredi 20 mars 2020 – Un drone survole Nice pour ordonner de rester chez soi, la Promenade des Anglais fermée :
Du jamais vu à Nice: un drone muni d'un haut-parleur a survolé le bord de mer avec ses plages de galets et le centre-ville, ordonnant de rester chez soi notamment aux flâneurs de la Promenade des Anglais, que la mairie a décidé vendredi d'interdire aux piétons.
«Rappel des consignes relatives à l'épidémie de Covid-19: tous les déplacements hors du domicile sont interdits sauf dérogation. Veuillez respecter une distance de sécurité d'au moins un mètre entre chaque personne», répète l'engin piloté par la société Drone06 de Sabri ben Hassen, un ancien policier.
L'initiative prise par la préfecture des Alpes-Maritimes n'est pas complètement unique en France: un drone a été utilisé jeudi également sur l'Ile de Ré avec un message pré-enregistré de rappel des mesures de confinement. A Nice, où la mairie a fermé les parcs, les jardins, les marchés depuis lundi et envisage des mesures de couvre-feu, le message par drone est produit par «un haut-parleur de 100 décibels. Par comparaison, un Airbus au décollage produit 120 décibels».
Vendredi 20 mars 2020 – Coronavirus : le périlleux sauvetage de l’économie française :
La progression exponentielle de l’épidémie va de pair avec l’accélération démesurée d’un krach planétaire, où les Bourses mondiales chutent un peu plus chaque jour.
Face à une crise mondiale qui dépasse par son ampleur toutes les précédentes, le gouvernement multiplie les aides. Au risque d’une facture « no limit ».
Le 12 mars 2020 à 20 heures, lors de sa première «allocution à la nation », Emmanuel Macron avait fait clairement sienne la détermination de Mario Draghi, l’ancien président de la Banque centrale européenne, en 2012. Jusqu’à emprunter ses mots historiques: «whatever it takes», avait lancé le banquier italien pour anéantir toute velléité de destruction de la monnaie européenne. « Quoi qu’il en coûte», a promis à son tour le président. Traduire : l’Etat viendra à la rescousse d’une économie en voie de légère amélioration il y a encore quelques semaines, mais désormais victime d’une gigantesque récession.
La progression exponentielle de l’épidémie partie de Chine à la fin de l’année dernière, mais dont l’épicentre se situe désormais en Europe, va de pair avec l’accélération démesurée d’un krach planétaire, où les Bourses mondiales chutent un peu plus chaque jour (–16,29% en une semaine pour le CAC 40 jusqu’à la clôture du 16 mars). Tous les secteurs, toutes les entreprises, tous les pays, tous les marchés, tous les produits financiers, toutes les matières premières sont contaminés simultanément. Rien ne résiste au virus. «La plupart des compagnies aériennes mondiales risquent la faillite d’ici au mois de mai», avertit ainsi le Centre for Aviation, expert du secteur, le 16 mars, alors qu’une kyrielle de pays interdisaient les vols sur leur sol. Tandis que la plupart des constructeurs automobiles européens (dont Renault et PSA) fermaient de concert le même jour l’ensemble de leurs usines dans toute l’Europe.
«Nous sommes plusieurs au cabinet de Bruno Le Maire à avoir vécu au sein du ministère de l’Economie la crise financière, raconte un vétéran de Bercy à propos de l’écroulement mondial engendré par la chute de Lehman Brothers en 2008 à Bercy. Si nous avions parfois ressenti un certain affolement à l’époque, cela n’a rien de commun avec cette spirale de panique qui sévit chaque jour davantage.» Face à ces effondrements en série, le ministre de l’Economie, appuyé par Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, multiplie les déclarations pour tenter de redonner un peu de sérénité aux acteurs économiques déboussolés.
Vendredi 20 mars 2020 – Malgré les accusations de racisme, Donald Trump parle toujours de "virus chinois" :
La modification a été faite assez clairement : «corona» barré et remplacé par «chinese». Jeudi, Donald Trump a une nouvelle fois employé les termes «virus chinois» pour parler du coronavirus, faisant fi des critiques et des accusations de racisme. «Ce n'est pas raciste du tout. C'est parce qu'il vient de Chine. Je veux être précis», s'est-il défendu mercredi, alors qu'il continue d'utiliser le qualificatif de «virus chinois» sur Twitter. Le directeur des programmes d'urgence de l'OMS, le Dr Mike Ryan, a de nouveau mis en garde contre l'utilisation de ce terme et la stigmatisation qui peut en résulter, comme les dégradations de restaurants asiatiques constatées notamment en France : «Les virus ne connaissent pas de frontières et se fichent de votre appartenance ethnique, de la couleur de votre peau ou de l'argent que vous avez à la banque. Donc il est vraiment important que nous fassions attention au langage que nous utilisons, afin de ne pas stigmatiser les individus qui seraient associés au virus.»
Interrogé par la journaliste de PBS Yamiche Alcindor citant sa collègue de CBS News Weijia Jiang assure avoir entendu un membre de son administration employer le surnom «Kung Flu» («flu» signifie «grippe»), Donald Trump a botté en touche et rejeté la faute sur les autorités chinoises, dont certains membres ont propagé une fausse rumeur selon laquelle des militaires américains auraient importé le virus à Wuhan, ville de 11 millions d'habitants et épicentre de l'épidémie. «Je pense qu'ils seraient probablement d'accord avec ça à 100%. Ça vient de Chine. Il n'y a rien à rejeter», a-t-il martelé, et ce alors que le gouvernement chinois a officiellement protesté contre l'utilisation du terme «virus chinois».