On pouvait prévoir, sans prendre trop de risque, que les Indépendantistes corses allaient mal digérer le discours d’Emmanuel Macron à Bastia. Mais la réaction a été encore plus violente que prévue : le parti indépendantiste de Jean-Guy Talamoni s'est montré très sévère suite aux déclarations et à l'attitude du Président de la République puisqu’il dénonce un discours « néo-colonial »
La visite d’Emmanuel Macron en Corse cette semaine n’a pas amélioré les relations entre les leaders nationalistes et le président de la République. Au contraire. Alors que Gilles Simeoni, président de l’exécutif de la collectivité territoriale, avait évoqué mercredi 7 février dernier une « occasion manquée », le parti de Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse a eu des propos encore plus durs ce samedi 10 février. A Bastia, à l'endroit où Emmanuel Macron avait pris la parole mercredi, la formation indépendantiste, Corsica Libera, a réuni une cinquantaine de militants et a dénoncé dans un communiqué les discours « néo-colonial, haineux, provocateurs et méprisants » du chef de l'Etat français.
La fermeté de Macron a irrité les nationalistes
Les indépendantistes ont notamment été vexés par « l’amalgame offensant » visant à mettre les assassins du préfet Erignac « au même plan que des terroristes islamistes ». Mardi, à Ajaccio, à l'occasion du 20e anniversaire de la mort du préfet, Emmanuel Macron avait souligné « la lâcheté » de ses assassins, coupables « d'un de ces actes de terrorisme » dont la France a eu « récemment à subir la barbarie ». Pour Corsica Libera, ce discours démontre « l’attitude négationniste de la question corse ».
Bref, la fermeté d’Emmanuel Macron n’a pas plu en Corse !..Et cette fermeté à propos des revendications des nationalistes corses, a aussi irrité Corsica Libera. Alors que le président de la République a notamment écarté la possibilité de créer un statut de résident et la co-officialité de la langue corse, les indépendantistes ont appelé « l’ensemble du peuple corse à rester mobilisé ».
La question des prisonniers corses
Dans son communiqué, la formation nationaliste regrette également que l’amnistie des prisonniers dits politiques corses « a été écartée par le président de la République », mais garde espoir sur le fait que ceux-ci puissent être rapprochés de l’île. Elle espère également obtenir l’inscription de la Corse dans la Constitution.
Emmanuel Macron avait dit entendre et respecter cette dernière demande. « Reconnaître la singularité de la Corse, j'y suis prêt », a déclaré le Président, en confirmant donc que ce point sera compris dans le cadre de la réforme constitutionnelle préparée par le gouvernement pour le mois de mars. Le président est cependant resté flou sur le contenu exact de ce changement renvoyant les responsables politiques corse à une négociation qui doit s’ouvrir prochainement...
Source : LeJDD.fr 10-02-2018