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24 octobre 2017 2 24 /10 /octobre /2017 07:00

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LES ACTEURS DE LA REVOLUTION  :  DANTON (41 / 52)

 

Louise Gely la seconde épouse de Danton

 

 

 

POUR L’AMOUR DE LOUISE :  JUIN - JUILLET 1793

 

 

 

 

    Si Danton déserte de plus en plus souvent la Convention, c'est sans doute pour mieux assumer les tâches importantes liées à sa fonction au Comité de Salut Public. C'est au moins ce que l'on croit ici à l’Assemblée. Mais là, au Comité qui se réunit, en général deus fois par jour, le matin et en fin d'après midi, on constate également que ses absences se font de plus en plus fréquentes.

    Il faut sûrement des raisons impérieuses pour que le tribun se désintéresse à ce point, depuis quelque temps, des affaires de la République ? Les raisons qui éloignent Danton du combat politique ont un nom : Louise Gély. Danton est amoureux !... La jeune et jolie Louise, la voisine de la rue des Cordeliers, la gouvernante de son fils aîné, la confidente des derniers jours de Gabrielle, a accaparé, depuis quelques semaines, toutes les pensées du bouillant Danton. Suffisamment, sans doute, pour expliquer cératines incohérences dans ses prises de positions publiques dans le début du mois de juin.

 

    Louise n'a que seize ans, Danton en a trente-trois. La différence d'âge ne découragera pas les deux amants qui vont célébrer leur mariage le 12 Juin 1793.

    Les parents de la jeune mariée, à qui le tribun aurait apporté plusieurs dizaines de milliers de Livres, ont posé des conditions au mariage de leur fille : que la cérémonie ait lieu à l'église, que l'officiant soit un prêtre réfractaire et que les futurs époux se confessent. Conditions inacceptables pour un membre de la Convention et, a fortiori, pour un élu au Comité de Salut Public, d'autant plus que bon nombre de députés de la Montagne prônent, depuis quelque temps, des idées proches de l'athéisme le plus sectaire.

    Danton a-t-il, sur le sujet de la religion, des idées bien arrêtées ? On peut en douter. Certes, on l'a entendu, en Novembre 1792, défendre les prêtres et les croyances religieuses; certes, il a défendu également la liberté des cultes en avril dernier; mais dans chacune de ces interventions il faut plutôt voir son souci permanent de préserver toutes les libertés que l'affirmation de ses propres convictions religieuses. La politique antireligieuse menée par la Convention, malgré les mises en garde de Robespierre*, lui importe peu. Aussi, puisque les Gély en font une condition, et bien, il s'exécutera. Puisque personne n'en saura rien, il fera bénir son mariage et recevra le sacrement de pénitence d'un prêtre insermenté de la capitale. Pour tous ses amis, Danton se sera marié civilement !...

 

    Danton marié, s'installe dans une petite vie bourgeoise et confortable. Il recommence à recevoir ses amis chez lui, profite de la vie et de ses plaisirs, jouit de sa fortune et passe de longs moments auprès de sa jeune épouse.

 

    Entre la mi juin et la fin du mois de juillet 1793, on n'entendra pratiquement pas le tribun à l'Assemblée. A peine interviendra-t-il dans le débat sur la Constitution montagnarde qui sera votée le 24 Juin 1793. Et pourtant, la République qui lui est si chère, est bien mal en point : une guerre sur toutes les frontières; des dizaines de départements, soulevés par les Girondins, entrés en rébellion contre l'autorité parisienne; l'agitation dans la capitale menée par les Enragés qui veulent conforter leur triomphe des 31 Mai et 2 Juin par l'obtention de mesures sociales et enfin, le soulèvement de la Vendée qui s'étend maintenant à la majeure partie des départements de l'ouest. Les problèmes auxquels est confrontée la République ne manquent pas !....

 

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION  :  DANTON (41 / 52)

 

Marc Guillaume Alexis Vadier

 

 

Comment Danton peut-il donc déserter la Convention et le Comité alors que de si grands périls menacent la République pour laquelle il a tant donné ? Est-il, comme on l'a laissé entendre, à ce point écœuré d'avoir constaté que l'insurrection du 31 Mai s'était si vite transformée en épuration le 2 Juin ? Est-il retombé dans sa paresse naturelle à l'occasion de son récent mariage ? L'attitude du tribun, en cette période troublée, est assez inexplicable. D'autant que son inactivité donne rapidement prise aux attaques qui sont portées contre lui. Et les attaques contre Danton pleuvent de partout : en plus de ses absences, on lui reproche maintenant sa faiblesse, son modérantisme, sa désinvolture dans la conduite des négociations qu'il mène, avec son collègue Barère, avec lequel il a en charge les Affaires Etrangères au sein du Comité de Salut Public.

 

    Vadier (1), qui deviendra un des personnages important du Comité de Sûreté Générale, qualifie le tribun de « turbot farci » et dénonce les « Endormeurs » du Comité de Salut Public. Marat*, lui-même, n'est pas en reste : il accuse les membres du Comité d'être des incapables et lance la formule de « Comité de Perte Publique ». Le 8 Juillet, un sévère procès du Comité est fait à la tribune des Jacobins; on exige son renouvellement, ce qui ne s'est encore jamais produit depuis sa création en avril dernier. Robespierre* prend bien la défense des membres du Comité en place mais l'attitude de l'Incorruptible est de pure forme puisque c'est son ami Drouet (2), l'homme de Varennes, qui, avec d'autres députés exigent, le surlendemain 10 Juillet, que le Comité « qui a perdu la confiance des patriotes » soit renouvelé entièrement et que le nombre de ses membres soit ramené à neuf (3) alors qu’il n’a cessé d’augmenter depuis sa création.

    Camille Desmoulins*, assez curieusement, car sa fidélité à Danton est inébranlable, se joint à ceux qui demandent le renouvellement; et la Convention cède : le nouveau Comité de Salut Public est élu le jour même. Il est composé des Montagnards les plus purs et de quelques membres de la Plaine déjà pratiquement ralliés à la Montagne : Couthon, Saint-Just*, Hérault de Séchelles, Thuriot, Saint-André (4), Barère*, Robert Lindet, Prieur de la Marne (5), et Gasparin (6). Certains vont s’étonner que Robespierre* n’en soit pas. Ils vont vite comprendre !..

 

    Danton est éliminé. Sans tapage, sans discours, sans violence. Robespierre* a atteint son objectif : épurer le Comité comme avait été épurée la Convention au soir du 2 Juin. A la faveur de la démission de Gasparin, le 27 Juillet, pour « raisons de santé », il prendra place, lui-même, dans ce que l'on appellera le « Grand Comité ». (7)

 

    Danton, en proie très certainement à la lassitude et à la dépression; Danton que l'on soupçonnait de toutes les manigances, de toutes les intrigues, a eu tort de délaisser la tribune où ses discours enflammés le faisait, tout à la fois, craindre et respecter !...

    Danton a eu tort de vouloir, au moins pour un temps, retrouver une vie paisible. Il est maintenant menacé, par ses détracteurs de toujours, mais aussi, ce qui est plus grave, par ses amis d'hier.....

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)   VADIER (Marc Guillaume Alexis) : Né en 1736 il choisit une carrière militaire. Elu par le Tiers Etat du Comté de Foix aux Etats Généraux il est réélu à la Convention et vote la mort du roi.

Le 14 Septembre 1793 il entre au Comité de Sûreté Générale où il sera l'un des artisans de la chute de Danton*. C'est lui aussi qui organisera la cabale du Comité de Sûreté Générale contre Robespierre* à la création du Bureau de Police.

Après la chute de Robespierre*, il sera poursuivi comme ancien terroriste avec Billaud-Varenne, Collot-d'Herbois et Barère mais réussira à fuir avant la déportation.

Proscrit comme régicide il mourra à Bruxelles le 14 Décembre 1828.

 

(2)   DROUET (Jean Baptiste) : Né à Sainte-Ménéhould le 8 Janvier 1763, il devient brusquement célèbre le 21 Juin 1791 lorsqu’il fait arrêter la famille royale à Varennes.  Monté à Paris, il s'inscrit au Club des Jacobins et sera élu à la Convention où il votera la mort du Roi.

Elu à nouveau au Conseil des Cinq-Cents, il sera exilé comme régicide mais reviendra cependant finir ses jours à Mâcon où il mourra le 10 Avril 1824.

 

(3)   C'est le nombre qui avait été fixé lors de la création du Comité le 6 Avril 1793 mais cinq commissaires de la Convention lui avaient été adjoints le 30 Mai dont Couthon, Saint-Just* et Hérault de Séchelles. Puis progressivement, le nombre de ses membres avait augmenté jusqu'à atteindre 18 à la fin du mois de Juin.

 

(4)   JEANBON SAINT ANDRE  (André Jeanbon, dit) : Né à Montauban le 25 Février 1749. Il manque de peu d'entrer chez les Jésuites à la fin de ses études et débute une carrière dans la marine marchande. Il devient cependant Pasteur en 1773.

Membre de la société des Amis de la Constitution de Montauban il échoue aux élections législatives. Elu du département du Lot à la Convention il siège d'abord avec les Girondins puis rejoint la Montagne en 1792 et vote la mort du Roi.
Il rentrera au Comité de Salut Public le 10 Juillet 1793 comme spécialiste de la Marine ce qui lui vaut d'être souvent en mission. Absent lors de la journée du 9 Thermidor, il sera, à la fin de sa vie nommé Baron d'Empire et mourra à Mayence en 1813.

 

(5)   PRIEUR de la MARNE (Pierre Louis PRIEUR, dit) : Né le 1er Août 1756. Avocat à Chalons sur Marne, il est élu du Tiers Etat aux Etats Généraux puis élu de la Marne à la Convention où il vote la mort du roi. Membre du Comité de Salut Public, il sera pratiquement tout le temps en mission ce qui lui vaudra d'être absent le 9 Thermidor. Il restera au Comité jusqu'en 1795.

Exilé comme régicide en 1816, il mourra à Bruxelles le 30 Mai 1827.

 

(6)   GASPARIN (Thomas Augustin de) : Né à Orange le 27 Février 1754. Capitaine au début de la Révolution, il est élu à la Législative où il siège à la Commission militaire.

Réélu à la Convention, il vote la mort du roi et est envoyé à l'armée du Nord après la défection de Dumouriez. Elu au Comité de Salut Public en Juin 1793, il en démissionne le 27 Juillet, pour raison de santé, ce qui permet à Robespierre* de le remplacer. Envoyé à l'armée d'Italie, il meurt de pneumonie le 7 Novembre 1793.

 

(7)   Le Grand Comité sera complété en Août par deux spécialistes des affaires militaires Carnot et Prieur de la Côte d'Or, puis en Septembre par Collot-d'Herbois et Billaud Varenne. Thuriot démissionnera le 20 Septembre et le Comité sera ainsi renouvelé, avec ses 12 membres, tous les mois jusqu'à la chute de Robespierre*.

 

 

 

 

 

 

 

 

A SUIVRE :

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : DANTON (42/52)

L'AIGUILLON DES COMITES : JUILLET - SEPTEMBRE 1793

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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