Le Premier Ministre italien Matéo Renzi, a engagé, il y a près d’un an une réforme constitutionnelle afin de rendre le pays plus gouvernable. Il était alors au fait de sa popularité et lorsque des voix se sont élevées pour protester contre les modifications apportées à la Constitution italienne « anti fasciste », le Premier Ministre, persuadé d’emporter ce referendum haut la main, jure qu’il quittera la politique si le non l’emportait.
Le referendum aura lieu dimanche 4 décembre prochain et, entre temps, la popularité de Matéo Renzi s’est considérablement émoussée. La crise qui sévit en Italie un peu plus qu’ailleurs, est passée par là et la question du référendum constitutionnel s’est transformée, au fil des mois, en une toute autre question « oui ou non à Renzi ? »
Et le Premier Ministre, malgré son dynamisme, malgré le succès des réformes qu’il a déjà engagées, se retrouve avec une opposition sans précédent. On y retrouve pèle mêle : le Mouvement 5 étoiles du populiste Beppe Grillo qui a déjà gagné les mairies de Rome et de Turin en juin dernier, Forza Italia, la droite de Silvio Berlusconi, la Ligue du Nord de Matéo Salvini, le plus gros syndicat italien la CGIL, le monde associatif, les intellectuels et même une frange minoritaire de sa propre formation…
Les derniers sondages mettent en avant une forte poussée du « NON » mais Matéo Renzi continue à se battre pensant sans doute que les sondeurs ont récemment montré leurs limites. Il n’empêche que le contexte s’est bien dégradé depuis un an et le Premier Ministre doit assumer une croissance faible, un chômage très élevé (11,7%), la crise de réfugiés (168 000 migrants arrivés en 2016) et un chômage chez les jeunes qui atteint des sommets (37,1%). Et pourtant c’est bien la jeunesse qui l’a accompagné au pouvoir en 2004 !..
Du coup, les médias et surtout le monde des affaires s’inquiètent du chaos que pourrait provoquer un vote « NON » dimanche prochain : une nouvelle attaque spéculative contre le pays, une crise bancaire avec des banques italiennes qui, on le sait, n’ont jamais été aussi fragiles. La démission du Premier Ministre provoquerait une crise politique grave avec des élections anticipées qui pourraient porter au pouvoir le 5 Etoiles. Car le mouvement populiste ne fait plus peur et il incarne désormais la rupture. Lorenzo étudiant de 21 ans le dit calmement : « Ils sont nouveaux, ils consultent le peuple, ils ne sont pas d’extrême droite, ils veulent combattre la corruption et la Mafia. Je préfère changer de parti au pouvoir que de changer de constitution. » Il votera NON dimanche…
Jean-Pierre ECHAVIDRE