Le Parti écolo est es pleine ébullition après le départ de ses deux Présidents de groupe à l’Assemblée et au Sénat. Pourtant un échange entre EELV et le PS était prévu à la Rochelle dans le cadre des Universités d’été du Parti Socialiste. Samedi 29 août, l’explication entre socialistes et écologistes a failli très mal tourner.
Ce devait être un échange, ce fut un règlement de compte. Le symbole d'un divorce désormais acté entre les écologistes et le PS. Installés dans une petite salle de l'université d'été de La Rochelle, ils sont quatre pour débattre du tandem rose-vert : un membre du gouvernement, Jean-Marie Le Guen, un député socialiste, Olivier Faure, une députée écologiste, Eva Sas et David Cormand, le numéro 2 d'EELV. La discussion commence calmement mais les rires moqueurs et à peine étouffés de Le Guen irritent visiblement les écologistes. D'un coup, le ton monte. Il est question des régionales et des futures alliances entre EELV et le parti de Mélenchon. L'affaire est sensible : les écolos n'ont aucun accord de premier tour avec le PS. Un fait nouveau qui accélère la recomposition à gauche. "Aujourd'hui, ce n'est pas l'autonomie que l'on vous reproche, c'est votre stratégie de remplacement du PS", tonne Le Guen d'une voix cassante.
Conception "léniniste"
De leur côté, David Cormand et Eva Sas égrènent les entorses au contrat de gouvernement passé en 2012. Faure s'étonne de leur conception "léniniste" de cet accord, où les partis décident et où l'Assemblée n'aurait qu'un rôle d'exécutant. Le Guen gronde : "Qu'on vienne nous parler de loyauté alors que dans l'accord il y avait le vote du budget…" "Tu confonds loyauté et soumission, Jean-Marie", coupe Cormand. Dans la salle les militants PS multiplient les reproches à leurs partenaires. "Aujourd'hui, j'ai entendu un procès. Je ne suis pas sûr que l'on va construire quelque chose ensemble demain", finit Eva Sas, dégoûtée de tant de "malveillance" et allant jusqu'à dire qu'elle ne souhaitait plus d'accord EELV-PS lors des prochaines législatives.
Un éloignement irrémédiable entre écolos et PS
"Cela aurait pu être plus musclé", lâche Le Guen dans un sourire en quittant la salle. "Le PS aime les écologistes soumis ou les écologistes morts", résumait Cormand la semaine passée. C'est cet éloignement irrémédiable entre PS et EELV qui a poussé François de Rugy et Jean-Vincent Placé à claquer la porte de leur parti. Emmanuelle Cosse, la patronne d'EELV, y voit des "aventures personnelles" qui se font au détriment du "collectif". "Ils n'ont pas de troupes et, même dans leur sortie, ils n'arrivent pas à être ensemble", ajoute Cormand. "Il n'y avait pas de possibilité de sortir groupés. J'ai pris le risque de partir en éclaireur", confie Rugy. "Placé est quand même sans foi ni loi. Il fait du cynisme une sorte d'esthétisme", brocarde un pilier de Solferino.
"Qu'ils se structurent!"
Leur timing aussi étonne. "Il y a une accélération que personne ne comprend", admet le patron des sénateurs PS, Didier Guillaume, à qui Placé avait dévoilé son départ jeudi soir lors d'un dîner. Voilà donc Placé et Rugy dans la nature. "Leur départ inattendu oblige le président à conclure ses réflexions plus vite. Est-ce que tout se concrétise cette semaine avec un remaniement? Cela me paraît un peu tôt", estime un ministre hollandais. "Qu'ils se structurent! Il n'y aura pas de débauchages individuels des écolos. Il faut qu'ils fassent apparaître une nouvelle offre politique", alerte en privé Claude Bartolone. Conscients de cela, Rugy, Placé et Bennahmias ont prévu de se rencontrer dans les jours qui viennent pour voir comment construire cette "maison commune".
Les écolos, eux, poursuivent leur chemin, affaiblis mais avec une ligne davantage clarifiée. Dès lundi 31 août, Emmanuelle Cosse fera des annonces concernant le volet transport de son programme. Le 23 septembre, elle tiendra son meeting de lancement de campagne au Cabaret sauvage, à Paris, en présence de Cécile Duflot. Pour une fois, et cela faisait longtemps, les écologistes s'afficheront unis.
Source : leJDD.fr 230-08-2015