La Turquie a terminé dimanche 7 juin une des campagnes les plus importantes de son histoire. D’ailleurs le peuple turc ne s’y est pas trompé : un record de participation avec près de 85 % !..Les élections législatives organisées dimanche en Turquie ont permis une percée du parti kurde, qui dépasse la barre des 10% des voix. En tête du scrutin, le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan est en recul et perd sa majorité absolue. La réforme de la Constitution visant à renforcer les pouvoirs du dirigeant est donc menacée. Et c’est ce que souhaitait une grande partie des électeurs…
C'est une victoire à la Pyrrhus. Le parti du Président, Recep Tayyip Erdogan, est arrivé en tête aux élections législatives de dimanche 7 juin mais pourrait perdre la majorité absolue qu'il détenait depuis treize ans au Parlement turc. Vainqueur de toutes les élections depuis 2002, le parti islamo-conservateur AKP recueille 41% des voix et 259 des 550 sièges de députés, selon le dépouillement de la quasi-totalité des bulletins.
Des députés du parti kurde au Parlement
La formation au pouvoir va donc être contrainte de former un gouvernement de coalition. Les deux principaux concurrents du parti au pouvoir, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) et le Parti de l'action nationaliste (MHP, droite), obtiennent respectivement autour de 24 et 17% des voix, soit 124 et 85 sièges. Quant au parti kurde HDP (Parti démocratique du peuple), il récolte 12,5% des suffrages et réussi à envoyer 78 députés au Parlement, selon des résultats portant sur 98% des suffrages cités par les télévisions.
Raté électoral pour Erdogan
Ce scrutin enterre le projet de Recep Tayyip Erdogan de réformer la Constitution pour renforcer ses pouvoirs, dont il avait fait sa priorité. Ce premier "raté" électoral sonne comme une sévère défaite pour le dirigeant, qui s'est personnellement investi dans la campagne pour soutenir son parti et a transformé le scrutin de dimanche en référendum autour de sa personne.
Premier ministre à poigne pendant onze ans, il a été élu haut-la-main président en août dernier et plaide depuis pour la présidentialisation du régime. Pour réussir son opération, Erdogan avait besoin d'un raz-de-marée électoral. Avec les deux tiers (367) des sièges, il pouvait faire voter sa réforme par son parti seul. Avec 330 élus, il pouvait la soumettre à un référendum.