Alors que le Gouvernement doit annoncer, en début de semaine, de nouvelles mesures pour relancer l’embauche dans les petites entreprises, Pierre Gattaz, le président du Medef, incite l’exécutif à réformer d'avantage pour relancer la création d'emplois.
« Alors que le gouvernement doit annoncer, mardi, des mesures en faveur de l'embauche dans les PME et TPE [très petites entreprises], on reste interrogatif sur sa volonté réelle de bouger. En effet, relancer la création d'emplois dans notre pays nécessite de libérer les entreprises de la peur de l'embauche. Tout le monde en convient. Or, celle-ci résulte principalement de trois facteurs : le poids des charges, la complexité réglementaire et le manque de confiance.
Sur les charges,
le gouvernement a agi et il faut le reconnaître, même s'il ne s'agit que d'une première étape. Les 40 milliards brandis sont loin d'être votés. Rappelons que l'écart de compétitivité avec l'Allemagne est de 136 milliards d'euros. La baisse des dépenses publiques devrait donc être la priorité numéro 1 du gouvernement (et des prochains). On en est loin.
Sur la simplification,
il essaie d'avancer. Mais le travail est tellement immense qu'un découragement se fait parfois sentir. Si on ne va pas vers des solutions simples mais appliquées courageusement (par exemple : affecter des fonctionnaires à la suppression de textes), on mettra des années à voir le résultat.
Sur le rétablissement de la confiance,
tout reste à faire. La confiance ne se décrète pas, elle se bâtit pas à pas, par des paroles et des preuves. Or aujourd'hui, le discours est brouillé sur la trajectoire du pacte et les actes inspirent la défiance. Que le porte-parole du gouvernement évoque une réorientation des baisses annoncées ne peut que tétaniser.
Embaucher est un pari sur l'avenir, notamment économique. Si les règles bougent en permanence, les employeurs hésitent. Alors que 56 branches ont ouvert des discussions conformément aux engagements pris, que 20 ont déjà signé pour 8 millions de salariés (sur 12 millions), on est inquiet par ce débat. Mais si ce n'était que cela!
Comment parler confiance quand on garde un dispositif pénibilité qui, même simplifié, reste une bombe à retardement pour notre système de retraite?
Comment parler de confiance tout en continuant les projets de loi qui viennent complexifier la vie des entrepreneurs : dialogue social, burn-out, action de groupe?
Comment parler de confiance quand, au lieu de lisser les seuils qui empêchent la croissance des PME, on les renforce et on en crée un supplémentaire à 1.000 salariés pour les ETI [entreprises de taille intermédiaire]?
Pourquoi tout cela? Peut-être parce que le monde politique, de droite comme de gauche, ne pense déjà plus qu'à 2017.
Mesdames et Messieurs les élus, cessons les postures en matière d'entreprises, qu'elles soient des TPE, des PME, des ETI et des grands groupes. La France a besoin de toutes ses entreprises. Agissons avec courage, détermination et constance pour leur redonner, à toutes, confiance. Ayons une attention particulière pour les TPE et les PME car ce sont elles qui créeront de l'emploi à terme. Mais cultivons aussi la pérennité de nos ETI et de nos grands groupes qui sont nos locomotives dans une économie mondialisée. C'est l'avenir de notre pays qui est en jeu!
Pierre GATTAZ leJDD.fr 07-06-2015