Ce n’est pas le « raz de marée » qu’espéraient les syndicats, et qu’avait annoncé à grand bruit Jean-Luc Mélenchon, mais une mobilisation cependant plus importante, malgré tout, qu’un 1er mai classique. Plusieurs centaines de milliers de manifestants ont défilé lundi, dans toute la France, pour la journée internationale des travailleurs et contre la réforme des retraites. Ils étaient 782 000 au total dans tout le pays, dont 112 000 à Paris, selon le ministère de l’Intérieur. La CGT affirme, elle, avoir dénombré 2,3 millions de personnes dont 550 000 dans la capitale. C’est bien plus que l’an passé : 116 500 personnes avaient défilé en France, dont 24 000 à Paris, selon l’Intérieur.
La police a compté 16 300 manifestants à Caen (40 000 selon la CGT), 8 700 manifestants à Strasbourg (15 000), 7 300 à Lille (15 000), 11 000 à Marseille (130 000), 13 500 à Toulouse (100 000), 15 000 à Brest (33 000) et 14 000 à Clermont-Ferrand (25 000). Les autorités tablent sur 500 à 650 000 personnes sur tout le territoire, dont 80 à 100 000 à Paris.
« C’est un gros 1er mai, a salué Laurent Berger, le leader de la CFDT. Ce n’est pas un baroud d’honneur, c’est la contestation du monde du travail de cette réforme. » Pour son homologue de la CGT, Sophie Binet, « ce 1er mai est un des plus forts du mouvement social ».
Plus de 60 interpellations
À Nantes, à Lyon ou encore à Paris, Bordeaux ou Dijon, des incidents et des heurts avec les forces de l’ordre ont éclaté. Douze mille policiers et gendarmes sont mobilisés à travers le pays, dont 5 000 à Paris. Plus de 60 personnes ont été interpellées pour le moment dans toute la France, a indiqué le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, sur Twitter.
Dans la capitale, des tensions ont rapidement émaillé le cortège et un policier a été grièvement blessé. Selon un journaliste de France Télévisions présent sur place, ce policier a été brûlé au visage et sur le corps a été transféré à l’hôpital.
Avant le départ du cortège parisien, à 14 heures de la place de la République, le préfet de police de Paris craignait, lundi matin sur RTL, la présence de militants de l’ultragauche venus de toute l’Europe. Dans les rues parisiennes, « on prévoit 2 000 militants ultras », issus de la mouvance ultragauche, a ainsi indiqué Laurent Nuñez. Ils « viennent pour commettre des exactions et des violences [...] Il y aura des individus qui seront plus turbulents et plus violents. Nous n’interviendrons seulement qu’en cas d’incidents graves », a-t-il prévenu.
Sur LCI, le préfet de police avait également annoncé que la controversée Brav-M (Brigade de répression des actions violentes motorisée) était « évidemment engagée aujourd'hui », mais « pas en première ligne ».
Des débordements dans plusieurs villes
En tête du cortège à Lyon, où défilent des blacks blocs, des incidents ont déjà eu lieu, comme en témoigne Le Monde : des abribus et des boutiques ont été dégradés et des jets de projectiles sont rapportés. Des incendies ont été allumés à proximité de façades d'immeubles et de commerces, déplore la préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes et du Rhône sur Twitter.
À Nantes , des heurts entre les forces de l'ordre et des groupes violents ont éclaté. Un manifestant a été blessé à la main et pris en charge par le Samu. La police a interpellé au moins 14 manifestants, selon la préfecture.
À Marseille, après un défilé qui s’est déroulé dans le calme, environ 200 personnes ont brièvement occupé un hôtel de luxe, l’Intercontinental, selon l’AFP, entrainant également des dégradations. Une « action symbolique contre la répartition inégale des richesses » à l’appel de la CGT Éducation. Les protestataires ont rapidement été repoussées par les forces de l’ordre, qui ont utilisé des gaz lacrymogènes.
Des dégradations à Paris
En marge de la manifestation parisienne, le collectif environnemental Extinction Rébellion a aspergé la façade de peinture de la Fondation Louis Vuitton pour dénoncer « l’optimisation fiscale » du groupe LVMH. Vers midi, des membres de Dernière Rénovation ont, eux, recouvert de peinture l’hôtel de luxe Ritz et le ministère de la Justice, situés sur la place Vendôme, rapporte le journaliste indépendant Clément Lanot sur Twitter.
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