Le 1er Mai 1955, Stirling Moss et son co-pilote, le journaliste Denis Jenkinson, réalisent l’exploit dans le domaine de la course automobile : ils remportent le prestigieux rallye « Mille Miglia » en pulvérisant le record en 10 heures, 7 minutes et 48 secondes. Une moyenne de près de 158 km/h. Un record qui n’a toujours pas été battu et qui tient à deux choses : l’extraordinaire virtuosité de Stirling Moss au volant, les qualités de la voiture : la Mercedes-Benz 300 SLR.
L’histoire de la 300 SLR avait commencé 3 années plus tôt alors que Mercedes avait décidé de revenir à la compétition automobile peu de temps après avoir repris la production. Au sortir de la guerre la voiture de Grand Prix « Silver Arrow », construite à Stuttgart, est virtuellement imbattable. Les ingénieurs de talent qui l’ont mis au point son encore employés chez Mercedes et il ne s’agit donc, pour revenir dans la compétition au meilleur niveau, que d’une question de temps et aussi de moyens financiers.
Baptisée Mercedes-Benz 300 SL, la première toute nouvelle voiture de course Mercedes est construite pour la saison 1952. En fait elle n’est pas complètement nouvelle, elle emprunte sa boite de vitesses et ses suspensions à la 300 sedan, le haut de gamme de l’époque. Le succès de la 300 SL coupé est quasi immédiat : elle remporte en 1952 les « 24 Heures du Mans » et la célèbre « Carrera Panamericana ».
A la fin de la saison la 300 SL est retirée de la compétition et développée sous la forme du coupé « Gullwing » qui deviendra la voiture légendaire que l’on connait. Le service compétition quant à lui s’est orienté vers les courses de Formule 1 dont le règlement vient d’être transformé. La W196 construite sur la base d’un nouveau châssis, motorisée par un 8 cylindres et pilotée par Stirling Moss et Juan Manuel Fangio domine largement la saison 1954 de Formule 1.
En 1955, au programme compétition de Mercedes s’ajoute un nouveau modèle : la Mercedes-Benz 300 SLR. Le châssis s’inspire évidemment de la W196 victorieuse l’année précédente. Le moteur a également évolué : 8 cylindres en ligne dont la cylindrée est passée de 2,5 litre à 2 982 cc, il développe une puissance de 310 cv à 7 400 t/mn. La voiture a été considérablement allégée par l’utilisation d’alliages d’aluminium et même d’alliages de magnésium. Le poids a pu ainsi être ramené à 1117 kg. Ce qui conduit à une vitesse maxi de 300 km/h.
Deux de ces véhicules furent construits avec une carrosserie de coupé, mais ils ne seront pas engagés en course durant l’année 1955. L’une de ces deux voitures fut utilisée sur la route par l’ingénieur en chef du service compétition de Mercedes : Rudolf Uhlenhaut. Cette voiture est connue aujourd’hui sous ce nom.
Le châssis est carrossé en roadster deux places et, pour gagner encore du poids, la carrosserie est réalisée en « elektron » un alliage composé essentiellement de magnésium. L’année 1955 est très importante pour Mercedes-Benz car la marque représente l’Allemagne dans le Championnat du Monde des voitures de Sport. L’écurie allemande manque les premières courses de la saison car la voiture n’est pas prête. Les débuts se font donc lors de la célèbre course des « Mille Miglia » où, comme on l’a vu, Moss et « Jenks » remportent l’épreuve avec 32 minutes d’avance sur Juan Manuel Fangio qui pilotait seul sa SLR.
La prochaine course était les « 24 Heures du Mans » et l’Ecurie Mercedes était tout à fait confiante. Le sort va en décider autrement : le pilote Pierre Levegh entre en collision avec une Austin Healey dans la ligne droite des stands. Des débris de la 350 SLR sont projetés dans les tribunes, tuant 80 spectateurs en plus du pilote. La carcasse en magnésium de la voiture brulera pendant plusieurs heures. Les autres voitures de la marque se retirèrent aussitôt de la course.
Mercedes Benz reprend la course pour les deux dernières épreuves de la saison 1955. Au « Tourist Trophy » de Dundrod, Sirling Moss et John Fitch remportent la victoire devant deux autres SLR. Moss gagne à nouveau dans la «Targa Florio » en équipe cette fois-ci avec Peter Collins. Ils devancent Fangio dans une autre SLR de 4 minutes et la Ferrari troisième de plus de 6 minutes. Tout en ayant manqué les deux premières courses de la saison et malgré le retrait des Mercedes aux « 24 Heures du Mans » la marque allemande remporte le Championnat du Monde. Fangio règne en maitre sur la Formule 1.
La tragédie du Mans a entaché gravement les succès de Mercedes-Benz dans le sport automobile cette année là. La marque allemande, elle aussi très éprouvée, se retire de la compétition automobile à la fin de la saison 1955. Elle restera en dehors des circuits pour plus de trois décennies. On n’a donc jamais su si la domination insolente des 300 SLR aurait pu se poursuivre lors des saisons suivantes. Quant aux pilotes Juan Manuel Fangio et Stirling Moss qui ont su avec talent emmener ces voitures à la victoire ils sont devenus des icones de la compétition automobile.
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ultimatecarpage.com
supercar.net
swisscarsighting.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)