Très tôt après la fin de la seconde guerre mondiale, Alfa Romeo réalise que le monde a changé considérablement et que si l’entreprise veut avoir des chances de survivre elle doit, elle aussi changer. Il n’y a plus de demandes suffisantes pour la haute performance et par conséquent les très onéreux six et huit cylindres que produisait Alfa Romeo avec fierté dans les années 30 sont maintenant passés de mode.
En attendant que la nouvelle 1900 Berlina soit prête à être commercialisée, Alfa Romeo continue d’offrir l’opulente 6C 2500. Assuré de l'excellente réputation de l'entreprise, l’ingénieur en Chef d’Alfa Roméo, Orazio Satta veille à ce que la nouvelle voiture plus abordable au niveau du prix, ne soit pas perçue comme un recul, mais plutôt comme un grand pas en avant.
La grande innovation est la suppression de la configuration traditionnelle carrosserie et châssis séparé. La structure est monocoque et porte l’ensemble de la mécanique. Cette technologie a le gros avantage de rendre la production de masse beaucoup plus facile et moins couteuse et n'a aucune incidence sur les performances de la voiture. Le principal inconvénient est que la magie des carrossiers italiens ne pourra plus opérer sur la nouvelle Alfa !..Tout au moins dans un premier temps !...
Le nouveau moteur qui n’a que 4 cylindres et une cylindrée de 1884 cc n’est pas non plus issu de la tradition d’Alfa Roméo. Comme ses prédécesseurs, il dispose d’un double arbre à cames et, malgré sa taille modeste, il affiche une puissance maxi de 90 ch., correspondant à la performance des moteurs six cylindres, beaucoup plus gros, de la 6C 2500. Le nouveau moteur est accouplé à une boîte à quatre vitesses, actionné par un levier monté sur la colonne de direction.
Sachant que la conception de la nouvelle voiture allait avoir des incidences sur l’ensemble de la gamme, les ingénieurs du Bureau d’Etudes d’Alfa Roméo ont passé de nombreuses heures en soufflerie pour parfaire la forme de la 1900. Le résultat a été un design sobre et élégant. L'Alfa Romeo 1900 Berlina fait ses débuts en 1950. Le premier véhicule «moderne» d’Alfa peut transporter six passagers et connait un succès immédiat. Entre 1950 et 1954, plus de 7400 exemplaires de la version «de base» ont été produits, ce qui en fait le modèle le plus vendu jusqu'à cette date pour la société milanaise.
Pendant un moment les fans d’Alfa Romeo se montrent un peu déçus par la nouvelle production qui leur semble bien modeste en performances. Mais en 1952, une motorisation TI plus puissante vient compléter la gamme. En 1954, la gamme est à nouveau relancée avec l'introduction du moteur « Super » légèrement plus dimensionné et encore plus puissant. La version finale est la « Super Sprint », qui est dotée d’un moteur qui atteint les 115 cv de puissance maxi.
Un 1900C sous forme de châssis roulant est créé spécifiquement pour les carrossiers comme Touring, Pinin Farina, Zagato et Ghia. Les carrosseries vont de la luxueuse deux places aux spartiates voitures de compétition, qui s’avèrent d’ailleurs très performantes dans la catégorie des deux litres devenue très populaire.
Le passage d’Alfa Romeo à une production axée davantage sur le grand public a, sans aucun doute, assuré la survie de l’entreprise. Les éternels rivaux d’Alfa Romeo que sont Talbot Lago et Delahaye n’ont pas su prendre le virage des années 1950 à temps. Le modèle1900 a non seulement contribué à la survie de Alfa, mais il a également servi de base à certaines créations réputées comme étant les plus belles et les plus extravagantes de l'époque. Celles-ci vont de l’élégante berline Touring ou des coupés Pinin Farina aux coupés Zagato de compétition qui vont connaitre des heures de gloire sur les circuits. Sans oublier les trois BAT de Bertone.
La voiture présentée ici est une 1900C « Super Sprint » vendue sous forme de châssis roulant au Concessionnaire Alfa Roméo de Lugano, en Suisse, afin d’être carrossée par le carrossier local Ghia-Aigle. Elle reçoit une carrosserie cabriolet dessinée par le styliste Giovanni Michelotti. Le moteur est le 4 cylindre en ligne de 1975 cc de cylindrée qui, alimenté par deux carburateurs Solex PII, développe une puissance maxi de 115 cv à 5 000 t/mn et un couple maxi de 157 Nm à 3 700 t/mn.
Elle est présentée pour la première fois au salon de l’Automobile de Genève de 1955 alors qu’elle vient d’être vendue à un particulier suisse. Elle va alors rester en Suisse durant plusieurs décades avant d’apparaitre de nouveau au Musée de l’Automobile de Claude Frésard durant les années 1980.
Parmi ses propriétaires successifs ont note un collectionneur américain Gene Ponder, qui décide de vendre la totalité de sa collection aux enchères en 2007. L'actuel propriétaire a acquis la voiture en parfait état.. Depuis il a opéré une restauration complète et la voiture du salon de Genève 1955 a été présentée dans son état d’origine aux Concours d’élégance de Pebble Beach aux Etats-Unis en 2013 et au Concorso d’Elaganza Villa d'Este en 2014 où la plupart de ces photos ont été prises.
Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale
ultimatecarpage.com
supercar.net
swisscarsighting.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)