Au salon de l’Automobile de Turin 1963, la présence d'un tout nouveau constructeur dans le petit monde des voitures de sport ne passe pas inaperçu. Le prototype exposé sur le stand Lamborghini, dont le nom était jusqu'alors plutôt connu pour ses tracteurs et ses chauffages, bouscule les références établies. Né sous le signe astral du taureau, Ferrucio Lamborghini, le patron de la société, est un fonceur et un besogneux. Lorsqu'il a une idée en tête, rien ne peut le faire reculer. Précisément, son idée est de concurrencer Ferrari.
Sur son Stand du salon de Turin, le coupé sport du riche industriel italien, qui a investit une grande partie de son capital dans ce projet, se pose en rival direct de Ferrari. La carrosserie du prototype, baptisé 350 GTV est signé Francesco Scaglione, ex-styliste de chez Bertone et ses lignes modernes, dynamiques et fluides se caractérisent par des phares escamotables et un pavillon très vitré qui illumine un original habitacle de type 2+1. Ce coupé « Gran Turismo Veloce » est propulsé par un puissant V12 de 3,5 litres de cylindrée annoncé pour 360 ch, soit 100 de plus qu'une Ferrari 250 GT !
Le public montre beaucoup d’intérêt pour la voiture et, encouragé par ce premier succès, les équipes de Lamborghini vont travailler d’arrache pied pour concrétiser leur projet. Quatre mois plus tard seulement, en mars 1964, la voiture définitive, rebaptisée 350 GT, est exposée au salon de l’Automobile de Genève. Les lignes de la version finale ont été retouchées par le carrossier milanais Touring, célèbre pour sa technique "Supperleggera". La carrosserie de ce coupé Lamborghini est étirée sur 4m64, avec un habitacle lumineux et un arrière vitré fuyant. Le poids est de 1200 Kg seulement sur la 350 GT, grâce à l'emploi d'alliage léger pour les pièces de carrosserie. La ligne est basse, tendue et lisse mais manque peut-être du charme et du "trait parfait" qui caractérise quelques grandes automobiles de cette époque, dont la Ferrari 250 GT signée Pininfarina. Les phares avant ovales, ont remplacé les ingénieux phares escamotables du prototype 350 GTV toujours source d’ennuis en fonctionnement.
Il n'est alors pas question de style aussi agressif et tranchant comme il sera le cas plus tard avec la Countach, mais cette 350 GT évoque un dynamisme certain. Son charme italien très rétro agit dès les premiers regards. On y retrouve les mêmes recettes que sur les Ferrari; cuir, bois, chromes et une ligne très stylée. Le savoir faire italien en matière de style, de raffinement et de sport automobile s'exerce pleinement, à l'image de l'intérieur tendu de cuir jusque sur le tableau de bord.
Sous le capot avant, le moteur est de la plus noble espèce. Conçu sous la direction de Giotto Bizzarrini, qui a quitté Ferrari, le moteur est en alliage léger et se distingue par une lubrification par carter sec avec refroidissement d'huile séparé. La cylindrée native est de 3464 cm3 ce qui procure 280 ch environ avec l'alimentation par 6 gros carburateurs Weber 40 DCOE. La puissance est transmise aux roues arrière, bien sûr, via une boîte de vitesses à 5 rapports ZF.
Les performances sont de premier plan, le coupé Lamborghini revendiquant 250 km/h en pointe, une valeur qui parlait beaucoup à une époque où la vitesse était encore libre partout. Pouvant passer de 0 à 100 km/h en 7 secondes seulement, la 350 GT s'impose sans complexe dans les hautes sphères des voitures de sport. Ce fabuleux V12, en constante évolution, n'aura pas fini d'étonner puisqu'on le retrouvera sur quasiment toute la lignée Lamborghini, y compris la récente Murcielago ! Moderne, la Lamborghini 350 GT l'est aussi par son châssis tubulaire avec quatre roues indépendantes, alors que Ferrari ou Maserati utilisent encore des trains arrière avec ressorts à lames.
La Lamborghini 350 GT va connaître un succès d'estime, 141 exemplaires produits de 64 à 67. En 1967, elle est remplacée définitivement par la 350 GT 4.0L (23 exemplaires appelés 400 GT) et la 400 GT 2+2 (247 exemplaires). 411 exemplaires vendus seulement au total, mais leurs prestations sont déjà largement au niveau de la concurrence. Bien qu'excessivement rares, les Lamborghini 350 GT et 400 GT ont été éclipsées par la spectaculaire Miura qui permettra à la marque d'acquérir toutes ses lettres de noblesse.
Si les premiers modèles sortis des usines toutes neuves de Sant'Agata Bolognese n'ont pas marqué les esprits autant que les bolides rouges de Ferrari, c'est principalement en raison de leur faible diffusion et de leur absence d'engagement sportif.
Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale
ultimatecarpage.com
supercar.net
swisscarsighting.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)