Dans la première moitié du 20ème siècle la plupart des voitures de sport ou de courses étaient réalisées sous forme de roadster. Le confort de conducteur et la protection contre les éléments extérieurs étaient du deuxième ou troisième ordre par rapport aux économies de poids et à la pénétration dans l’air. Mais une meilleure compréhension des phénomènes aérodynamiques va faire évoluer les choses. A partir des années 1930 on voit apparaitre sur les grilles de départ quelques voitures fermées ou « fixed head ». Mais ce n’est en fait qu’au début des années 1950 que les compétitions voient arriver en nombre les petits coupés deux portes. Initialement fabriqués comme des voitures routières destinées aux amateurs de vitesse, ces coupés sont engagés sur les circuits. En 1955 une classe « Grand Turismo » ou GT est même ajoutée au calendrier international des courses automobiles pour les voitures de production deux ou trois litres.
C’est Ferrari qui le premier va se lancer, en 1954, dans cette nouvelle compétition avec la 250 GT Europa équipée du V12 conçu par l’ingénieur Colombo. Un moteur directement extrapolé du moteur de course de la Ferrari 250 MM. Pour le châssis c’est le carrossier turinois Pinin Farina qui assure le design et la construction en conservant, là aussi, des similitudes avec la 250 MM. L’empattement est de 2600 mm.
Avec ses 2953 cc de cylindrée, le moteur V12 de la 250 GT Europa s’adapte parfaitement à la nouvelle classe 3 litres. C’est donc sans surprise que Ferrari prépare une version « compétition » pour la saison 1955. Les premières voitures de compétition sont bien sur très semblables aux voitures de production débarrassées évidemment de bon nombre de leurs accessoires inutiles. Après les premiers tests, quatre voitures sont construites. Le moteur alimenté par trois carburateurs Weber produit une puissance maxi de 230 cv. Pinin Farina construit les premières voitures mais rapidement la production est confiée à un carrossier local Scaglietti, alors que Pinin Farina continue à suivre le design. A l’exception de cinq châssis carrossés par Zagato, toutes les 250 GT de compétition seront carrossées par Scaglietti.
En interne, toutes les Ferrari 250 GT construites entre 1955 et 1964 sont connues sous ce nom. Mais plusieurs appellations ont été utilisées pour différencier les divers types. Les voitures fabriquées entre 1955 et 1959 sont maintenant dénommées « Long Wheelbase » (LWB) pour les distinguer des suivantes qui avec un empattement de 2400 mm seront des « Short Wheelbase » (SWB) ou encore celles de 1957 à 1959 baptisées « Tour de France » (TdF). Il y a une bonne raison pour justifier cette appellation : engagée pour la première fois en 1956 dans cette prestigieuse épreuve d’endurance la 250 GT de Ferrari emportera neuf victoires consécutives. Les organisateurs du « Tour de France » autorisèrent ainsi le constructeur le plus titré à utiliser le nom de la course pour désigner la voiture aux multiples victoires.
Les Ferrari 250 GT de 1955 et 1956 avaient été construites sur la base du désgn de la 250 MM de compétition. C’est en 1957 que va apparaitre une nouvelle carrosserie, celle qui avait été présentée comme « show car » au salon de l’Automobile de Paris en 1955 et que l’on doit au styliste Pinin Farina. Des changements mineurs apparaissent sur l’avant mais l’arrière est beaucoup plus rond et les feux ont été modifiés. Pendant les trois années suivantes le style extérieur de la voiture ne sera pratiquement pas modifié. Il y a pourtant trois versions différentes identifiables par le nombre d’ouvertures (ou « louvre ») sur le panneau de custode arrière. La première version ne compte pas moins de 14 ouvertures, la deuxième version n’en a plus que trois et une seule sur la version finale de 1958.
Coté moteur de nombreuses évolutions voient le jour au fil des courses mais toujours avec prudence pour ne pas risquer de compromettre la fiabilité extraordinaire du moteur. Le V12 3 litres de l’ingénieur Colombo est très certainement le moteur 250 GT qui a le plus rarement cassé en course. Dans la définition de 1958, il est toujours alimenté par trois carburateurs Wéber et développe une puissance maxi de 260 cv à 7000 t/mn et un couple maxi de 296 Nm à 5500 t/mn. Il est couplé à une boite de vitesses manuelle à 5 rapports.
A la fin de la production des 250 GT “Long Wheelbase” en 1959, 94 exemplaires avaient été fabriqués. A part la domination écrasante dans sa catégorie au « Tour de France » elle a remportée de nombreuses victoires des deux cotés de l’Atlantique : Mille Miglia, Targa Floria, 24 Heures du Mans et d’autres encore faisant de cette 3 litres la voiture la plus victorieuse de son époque.
La voiture présentée ici est l’une des cinq 250 GT Tour de France « 1 Louvre » construite vendue en Suède. C’est Sture Nottorp qui fait cette acquisition pour remplacer sa Ferrari 410 S avec laquelle il court. Il engage la 250 GT TdF dans les 12 heures de Reims avant de la revendre. La voiture va alors passer dans différentes mains avant d’être acquise en 1972 par Lars Saaf un ingénieur de Saab-Scania qui va débuter une restauration qui ne parviendra pas à mener à bout.
Ce n’est qu’en 2006 que la voiture est ramenée de Suède en France par le collectionneur français Jean Guikas. Complètement démontée et transportée dans des caisses, il faudra plus d’un an pour remettre la voiture en état de marche. En 2010 elle est vendue aux enchères au propriétaire actuel basé en Californie. Celui-ci effectue une dernière restauration notamment au niveau de l’intérieur et de la peinture de carrosserie qui retrouve sa définition d’origine. Le travail sera achevé en 2012 et la voiture pourra être présentée dans divers Concours d’Elégance. Le dernier en date est le Concorso d’Eleganza Villa d’Este 2013 où la plupart des photos ont été prises.
Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale
ultimatecarpage.com
supercar.net
swisscarsighting.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)