Créé en 1914 par Lionel Martin qui s'est illustré en tant que pilote dans la course de côte d'Aston, la firme Aston Martin va construire une cinquantaine de voitures sportives de 1500 cm3 qui vont s’aligner dans diverses compétitions. La plus célèbre de toutes fut celle que l'on appela "Green Pea" (poids vert). Mais dès 1925, la société est en faillite et c’est MM. Renwick et Bertelli reprennent l'affaire moribonde.
Ils fabriqueront les fameuses Ulster International jusqu'en 1936. Mais là encore, les affaires tournent mal. Deux repreneurs : Gordon Sutherland, aidé de l'ingénieur Claude Hill, rachètent la firme et fabriquent des 2 litres (c'est donc l'abandon du moteur 1,5 litres) jusqu'en 1940. Mais à chaque reprise, l'histoire se répète : mauvaise gestion, prix de vente dissuasif et dépenses faramineuses conduisent à la faillite. C'est alors que David Brown, fabricant d'engrenages fortuné, va s'ériger en énième sauveur de la marque, et va dans le même temps racheter Lagonda. Le constructeur Aston Martin-Lagonda est donc créé en 1940.
La période de la guerre n'est évidemment pas très propice au développement de nouveaux modèles, et surtout à la vente de modèles sportifs et luxueux. Après la guerre, David Brown va développer des voitures qui correspondront à son image : sportives et bourgeoises. Jusqu'en 1958, différents modèles de la DB2 à la DB4 inaugurant les dénominations portant ses initiales (DB : Davis Brown) vont donc être produites en petites quantités, bénéficiant d'une image exceptionnelle, mais seulement auprès des amateurs avertis et surtout fortunés. Ensuite, l'engagement en compétition d'Aston Martin, notamment avec des victoires aux 24H du Mans, alors une des épreuves phares dans le monde entier avec le GP de Monaco et les 500 Miles d'Indianapolis, et la commercialisation de l'Aston Martin DB4 vont inverser la tendance. Aston Martin sera toujours performant et luxueux, mais sa notoriété et ses volumes de production vont croître sensiblement.
Alors pour sa grosse évolution, baptisée Aston Martin DB5, David Brown va lancer son modèle dans une carrière au retentissement international, avec la voiture de James Bond dans le film « Goldfinger ». Un véritable succès, et jamais Aston Martin n'aura vendu alors autant de voitures, notamment en France.
Pour réussir là où les autres avaient échoué, David Brown a su s'entourer d'hommes compétents et motivés. Ainsi, John Wyer viendra apporter son concours, avant de devenir l'homme clé des succès de la Ford GT40 (!), Tadek Marek, un ingénieur d'origine polonaise, s'occupera des conceptions des moteurs 6 cylindres, puis du V8, et le carrossier Touring qui s'occupera de la partie design et conception.
Justement, Touring a mis au point une technique appelée " Superleggera ". L'Aston Martin DB5 va en profiter. Le principe est relativement simple et pour but d'alléger au maximum les carrosseries : une structure tubulaire, reçoit des feuilles d'aluminium qui composent les panneaux de carrosserie. C'est donc un gage de légèreté, sans perdre la rigidité nécessaire à une bonne tenue de route, surtout sur les voitures de sport. La ligne dessinée par Touring était dans la continuité de celle de la DB4, fortement inspirée de la variante DB4 GT. Les phares avant sont donc sous globe, des catadioptres intègrent les deux extrémités du pare-chocs arrière et l'éclairage de plaque de police arrière est désormais peint. La ligne de l'Aston Martin DB5 est bien dans le ton des GT de l'époque, à l'image des Ferrari 250 GT notamment. Il est à noter que chaque panneau de carrosserie était formé entièrement à la main, au marteau !! Le carrossier partait d'une tôle d'aluminium plane, et la formait au marteau… L'habitacle est traité dans un style sportif mais luxueux. Ainsi, une batterie de cadrans rappelait la vocation sportive de l'Aston Martin DB5, mais la finition, à l'inverse de certaines italiennes, ne supportait pas la critique.
C'est Tadek Marek, l'ingénieur motoriste d'Aston Martin - Lagonda qui va concevoir le six cylindres en ligne qui équipe l'Aston Martin DB5. Tout en aluminium coulé, ce magnifique six en ligne, à 2 arbres à cames en tête, aura été initialement testé sur le prototype DBR2 en course. Puis il a été monté sur la DB4. La cylindrée évolue donc pour passer de 3,6 litres à 4 litres. La puissance gagne 42 ch pour passer à 282 ch à 5 500 tr/mn tandis que le couple moteur se porte à une valeur très respectable de 38,6 mkg à 4 500 tr/mn. Le moteur est alimenté par 3 carburateurs SU HD8. Du coup Aston Martin - Lagonda devra se tourner vers ZF pour la fourniture d'une boîte à 5 rapports synchronisés compatible avec la puissance du moteur. Avec une telle mécanique, l'Aston Martin DB5 pouvait atteindre 240 km/h en vitesse maximum. Le 0 à 100 km/h était abattu en moins de 8 secondes, valeur encore actuelle que peu de voitures peuvent revendiquer.
L'essieu avant est composé de doubles triangles avec ressorts hélicoïdaux, une barre antiroulis et une barre stabilisatrice latérale. L'essieu arrière utilise une technique plus conventionnelle avec un pont arrière rigide, des jambes de poussée, une timonerie de Watt et un amortisseur à levier.
Comme toute Aston Martin qui se respecte, la DB5 conserve la philosophie chère à David Brown. La DB5 est donc efficace tout en restant confortable. Un commutateur à quatre positions au tableau de bord permet même de régler le tarage des amortisseurs !
La DB5 sera fabriquée à 1021 exemplaires dont 123 modèles cabriolet.
Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale
ultimatecarpage.com
supercar.net
swisscarsighting.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)