Les ministres français de l’Économie et des Finances rencontrent lundi 20 octobre à Berlin leurs homologues allemands. Ils réclament 50 milliards d'euros d'investissement, en échange des 50 milliards d'euros des réductions de dépenses publique
Investissements allemand contre baisse des dépenses françaises. C’est le "deal" que cherchent à obtenir les ministres de l’économie français, en visite à Berlin pour rencontrer leurs homologues allemands. Cette rencontre Emmanuel Macron et Michel Sapin avec leurs homologues allemands arrive à un moment crucial pour Paris, en plein bras de fer avec Bruxelles sur son projet de budget 2015. Le magazine allemand Der Spiegel a suggéré que Berlin pourrait venir en aide à la France, en aidant le gouvernement de Manuel Valls à élaborer une feuille de route contraignante de réformes.
Il est peu probable toutefois que les ministres allemands s'expriment officiellement sur le sujet lundi 20 octobre, eux qui préfèrent s'en référer en la matière à la Commission européenne. Angela Merkel et le ministre des Finances Wolfgang Schäuble ont martelé à l'envi ces dernières semaines l'importance du respect des règles budgétaires européennes, mais ils ont également pris soin de ne pas critiquer ouvertement Paris, visiblement soucieux de ne pas enfoncer davantage le partenaire français ou sembler lui faire la leçon.
Objectif « déficit zéro » pour Merkel
Derrière cette apparente clémence toutefois, les positions restent très éloignées sur l'objet officiel du mini-sommet, les moyens de redynamiser les investissements et la croissance dans les deux pays et l'Europe toute entière. Pour Berlin, la clé de la guérison de la zone euro est la confiance, qui passe par un assainissement des finances publiques et des réformes structurelles.
Les ministres allemands ne contestent pas que leur pays ait besoin d'investissements, Sigmar Gabriel l'a redit lundi. "Il faut faire quelque chose", a déclaré ce dernier dans les colonnes de Bild, "mais pas au moyen de nouvelles dettes". L'objectif premier du gouvernement d’Angela Merkel est d'atteindre le "zéro pointé", l'équilibre du budget fédéral, l'an prochain pour la première fois depuis 1969. L'investissement devra être pour l'essentiel privé, ou alors procéder d'une réallocation de l'argent public. "Nous devons dépenser mieux", a plaidé Sigmar Gabriel.
Le « deal » de Macron
Paris voudrait que le partenaire allemand utilise ses marges de manœuvre budgétaires pour investir dans le soutien de l'économie, ce dont, espère la France, tous les Européens profiteraient par ricochet. Avant de faire le voyage, Emmanuel Macron a chiffré la requête, pour la première fois. "50 milliards d'euros d'économies chez nous, 50 milliards d'investissements chez eux, ce serait un bon équilibre", a jugé le ministre dans une interview conjointe avec Michel Sapin au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) lundi. La France s'est engagée à réduire de 50 milliards d'euros les dépenses publiques dans les trois ans à venir.
Pour l'Allemagne, qui affiche depuis 2012 des comptes publics à l'équilibre (tous niveaux confondus, Etat fédéral, Länder et communes), 50 milliards d'euros de dépenses supplémentaires "seraient compatibles avec une politique budgétaire sérieuse", juge Emmanuel Macron. Il n'hésite pas à parler d'un "deal", à savoir "que les Allemands rassurés par le travail que nous faisons, puissent investir pour eux-mêmes et (...) qu'ils nous aident à porter un vrai plan d'investissement en Europe", a-t-il détaillé dimanche.
Source : leJDD.fr 20-10-2014
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