Le procureur du tribunal militaire du Kef (nord-ouest) a requis mercredi 23 mai dernier la peine capitale contre l'ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, jugé par contumace. Ben Ali est actuellement en fuite et réfugié en Arabie Saoudite.
C'est une première. La peine capitale a été requise mercredi 23 mai dernier par le tribunal militaire du Kef (nord-ouest) contre l'ex-président tunisien Ben Ali, a-t-on appris de source judiciaire militaire. Il était jugé, par contumace, pour "complicité d'homicides volontaires" pour son rôle dans la répression en janvier 2011 du soulèvement populaire. Le procureur a également demandé "les sanctions les plus sévères possibles" pour ses 22 co-accusés, anciens hauts responsables du régime, qui sont poursuivis pour la mort d'au moins 22 personnes à Thala et Kasserine (centre-ouest). Ces deux villes ont payé un lourd tribut au soulèvement populaire qui provoqua la fuite en Arabie saoudite de Ben Ali le 14 janvier 2011.
Aucun des prévenus ne reconnait avoir donné l’ordre de tirer
Au cours du procès du Kef, entamé à la fin de l'année dernière, aucun des prévenus n'a reconnu avoir donné l'ordre de tirer, chacun renvoyant la responsabilité à une "cellule sécuritaire de suivi" et à "la salle d'opération" du ministère de l'Intérieur, sans jamais mentionner de noms. Les ex-ministres de l'Intérieur Rafik Belhaj Kacem et Ahmed Friaâ, ainsi que l'ancien directeur général de la sûreté Adel Tiouiri et l'ex-chef des brigades spéciales, Jalel Boudriga, figurent parmi les inculpés.
Jusqu'à présent, l'ancien président tunisien a été condamné, toujours par contumace, par la justice civile à plus de 66 ans de prison, notamment pour trafic de drogue et abus de biens publics. A Kef, les plaidoiries de la défense doivent se poursuivre jeudi.
Tunis demande l'extradition de Ben Ali
Mardi 22 mai dernier, le ministre tunisien de la Justice, Nourredine Bouheiri, avait exhorté l'Arabie saoudite à extrader Ben Ali, soupçonnant ce dernier de continuer à bénéficier de fonds détenus secrètement à l'étranger. "Ben Ali s'appuie sur un réseau de blanchiment d'argent, à partir de là-bas (l'Arabie), via des réseaux de façade et de fausses identités, et la preuve en est que l'on constate des mouvements sur des comptes bancaires à l'étranger", a-t-il expliqué dans une interview à l'agence de presse Reuters. Sans donner davantage d'informations. "Nous ne doutons pas un instant des dirigeants saoudiens et du respect du roi pour la révolution et le peuple tunisiens (...) mais sa présence (de Ben Ali) en Arabie saoudite est un danger pour celle-ci (révolution)", a continué le ministre.
Nourredine Bouheiri a également indiqué que la Tunisie s'attendait à récupérer en premier lieu les avoirs détenus par Ben Ali et sa femme au Liban et en Suisse. Tunis espère également récupérer les yachts de Leila Trabelsi mouillant dans des ports d'Italie et d'Espagne. "Nous avons réussi à mettre au jour les comptes secrets de Leila Ben Ali au Liban, sur lesquels sont déposés 45 millions de dollars, et nous recouvrerons très prochainement cette somme", a-t-il assuré.
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