A l’occasion d’un long discours retransmis par la télévision d’Etat, le président syrien a affiché mardi 11 janvier dernier la dualité de la réponse du régime face à la révolte qui secoue le pays. D’un côté, El-Assad se défend de mener une répression sanglante et annonce un référendum sur une nouvelle Constitution. Une promesse de réforme de la Constitution qui a déjà été faite par le leader syrien sans jamais être mises en œuvre. La fermeté affichée dans les paroles et les actes inquiète, à juste titre, l'opposition et la Ligue arabe. Il y a beaucoup de chance qu’El-Assad cherche à nouveau à gagner du temps !..
Les fauteurs de trouble : « ce sont les médias internationaux »
Pour la quatrième fois depuis mars et le début du soulèvement en Syrie, Bachar El-Assad a réquisitionné mardi 10 janvier dernier les ondes de la télévision officielle. Près de deux heures de discours depuis l'université de Damas, et, comme à chaque fois, le chef d’Etat s’est efforcé de trouver l’équilibre entre ouverture et sévérité à l’égard de ses opposants. "Les parties régionales et internationales qui ont cherché à déstabiliser la Syrie ne peuvent plus falsifier les faits et les évènements", a-t-il asséné, justifiant par un immense complot international les troubles qui agitent la Syrie. Premiers coupables aux yeux d’El-Assad : "Les médias internationaux", accusés de "tenter sans relâche de pousser la Syrie à l’effondrement". El-Assad n’aurait donc aucune responsabilité dans les troubles qui secouent son pays. Le peuple syrien n’aurait donc aucune aspiration à la démocratie !..
Personne n’a donné d’ordre pour ouvrir le feu
Le président syrien assure ainsi qu’"aucun ordre n’a été donné de la part d’aucune autorité pour ouvrir le feu". Une affirmation rapidement démentie par l’Observatoire syrien des droits de l’homme, l’organisation signalant dans la journée la mort de dix civils après que "les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des protestataires qui manifestaient pacifiquement" dans la ville de Deir Ezzor, dans l'est du pays. Quarante autres personnes ont été blessées. Mi-décembre, l’Organisation des nations unies faisait état de 5.000 victimes depuis le début de la crise. Toujours selon l'ONU, 400 nouvelles victimes sont venus s'ajouter à ce bilan depuis le début de la mission de la Ligue arabe, le 26 décembre. "Je gouverne avec la volonté du peuple, et si je renonce au pouvoir, ce sera aussi avec la volonté du peuple", a néanmoins déclaré Bachar El-Assad, qui a fixé à début mars le référendum populaire sur une révision de la Constitution.
"Incitation à la guerre civile"
La teneur du discours du dirigeant baassiste n’a pas rassuré l’opposition syrienne pour la suite des évènements. "Il y a de l'incitation à la violence, de l'incitation à la guerre civile, des paroles à propos de la division confessionnelle que le régime a lui-même fomentée et encouragée", craint le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la plupart des courants de l'opposition. Faisant du rétablissement de la sécurité "la priorité absolue", Bachar El-Assad appelle chacun à s’impliquer dans "la bataille avec le terrorisme". "C’est notre combat à tous, insiste-t-il, tout le monde doit y participer."
Ces propos font craindre au CNS "un comportement encore plus criminel et plus irresponsable du régime dans les jours et les mois à venir". D’autant que le gouvernement est également accusé d’entraves à la mission des observateurs de la Ligue arabe, venus observer les violences en Syrie. "Le travail des observateurs devient de plus en plus difficile", regrette le ministre des Affaires étrangères des Emirats arabes unis, pointant "des attaques qui ne viennent clairement pas de l’opposition". Le régime syrien a démenti être à l'origine de ces atteintes.
Source : leJDD.fr 11-01-2012
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