Après que François Hollande ait envisagé de revaloriser le Smic en juillet prochain s’il était élu, Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, et Olivier Besancenot, soutien de Philippe Poutou, ont jugé la mesure insuffisante. Seul EELV se montre pour l'heure favorable à cette mesure. Cela promet de belles discussions entre les deux tours de la présidentielles !..
L’initiative a été accueillie froidement. Mercredi 19 avril, François Hollande a envisagé de donner un "coup de pouce" au Smic en juillet prochain s’il remportait la course à la présidentielle. Pour ce faire, le candidat socialiste a proposé de réunir "une conférence sociale" d’ici la fin juin. La manœuvre a un double objectif. Décider d’une part une augmentation immédiate du Smic, soit "le coup de pouce qu’il conviendra de donner", a-t-il souligné, sans mentionner de montant. D’autre part, le candidat PS veut s’attaquer au réajustement minimum du Smic pour les années à venir, en l’indexant sur la hausse des prix, mais aussi sur la croissance. A la mi-mars, dans l’émission Capital de M6, il avait déjà déclaré que "chaque fois que la croissance [serait] de 1 point, l'augmentation du Smic pourrait être de moitié, de 0,5". Toutefois, cette mesure, qui s’apparente à un appel du pied à la gauche radicale et à Europe Ecologie-Les Verts (EELV) en vue du premier tour, est bien loin de l’unanimité.
L’opposition de gauche à François Hollande se concrétise
Jeudi sur France 2, Jean-Luc Mélenchon a clairement boudé cette proposition. "Entre quelqu'un qui dit qu’il faut que le Smic soit à 1.700 euros et quelqu'un qui dit : je vous donne 2,3 euros de plus, il y a quand même une petite différence, vous le voyez", a-t-il ironisé. Avant, une nouvelle fois, d’exclure toute participation au gouvernement de François Hollande s’il était élu le 6 mai. « L'honnêteté commande d'être fidèle à soi-même », a insisté le leader du Front de gauche, crédité de 13,5% d’intentions de vote selon le dernier baromètre Ifop pour Paris Match. « Je ne vois pas comment nous irions dans un gouvernement dans lequel François Hollande a dit que son programme [était] à prendre ou à laisser." Or "dans ces conditions, on laisse", a-t-il lâché.
"Le rattrapage est terrible" pour le NPA
Il en va de même du côté du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). Pour Olivier Besancenot, soutien de Philippe Poutou, le candidat de la formation d’extrême gauche, cet "éventuel coup de pouce" n’est "pas du tout suffisant". Sur Canal + ce jeudi, il a jugé que "le rattrapage est terrible" : "Nous, on a fait le calcul : la réalité, c’est qu’il y a 200 milliards d’euros par an qui sont volés par une minorité d’individus très riches, (…) ce qui représente 10% du PIB. Et on imagine qu’un vrai gouvernement de gauche devrait être capable de les récupérer", a-t-il développé, jugeant que cette manne permettrait de porter le Smic à 1.700 euros, contre 1.398 euros brut aujourd’hui. Soit le même montant évoqué par le Front de gauche.
EELV favorable au souhait de Hollande
En revanche, cette revalorisation du Smic est perçue de manière positive chez EELV. Pascal Canfin, conseiller économique d’Eva Joly, se montre notamment "favorable" au souhait de François Hollande d’associer les partenaires sociaux à cette négociation. Il salue aussi la volonté du socialiste de vouloir "aller au-delà d’une indexation sur l’inflation", en prenant en compte la croissance dans la revalorisation du Smic. Toutefois, il estime qu’il faudra également s’attaquer à "la réduction des dépenses contraintes, comme l’électricité et les loyers", au risque d’avoir une augmentation en trompe l’œil. De plus, Pascal Canfin insiste sur le fait que "toute négociation sur le Smic devra s’accompagner d’une prime salariale pour tout ce qui est en dessous du salaire minimum", en visant notamment les travailleurs à temps partiel et les stagiaires
Source : leJDD.fr 19-04-2012