«On a la peur au ventre», avoue un conducteur de bus à Nicolas Sarkozy. «On ne nous donne pas les moyens. Il faut revoir nos conditions de travail», exhorte un autre chauffeur, délégué CGT. Protégé par un impressionnant dispositif policier (17 camions de CRS), le président s'est offert hier une visite-surprise dans deux dépôts de bus de Tremblay-en-France.
Le 31 mars, dans cette ville sensible de Seine-Saint-Denis, un véhicule a été en partie incendié, un autre caillassé. Des agressions jugées «inqualifiables et inacceptables» par Sarkozy. «Qu'est-ce qui justifie que des voyous lancent des pierres, incendient des bus, terrorisent les passagers?», lâche-t-il, non sans chapitrer les conducteurs qui ont cessé le travail: «Ce que vous avez vécu n'est pas tolérable. Mais il faut avoir conscience que le (droit de) retrait, ça pénalise la population qui n'y est pour rien». L'échange, animé, reste courtois. Un chauffeur lui glisse même un CD: «Vous ferez écouter ça à votre femme». «Attendez, je vais l'appeler et je vous la passe», rebondit Sarkozy, avant de décrocher son portable et de lui passer Carla...
Escorté par Brice Hortefeux et le nouveau préfet du département Christian Lambert, ex-patron du Raid, le chef de l'Etat était venu hier proclamer le «9-3» grande «cause nationale» sur la sécurité. L'ancien «premier flic de France» a une nouvelle fois promis une «lutte sans merci» aux «voyous», «truands» et «caïds» de la drogue. «Aucune commune, aucun quartier, aucun hall d'immeuble n'échappera à l'autorité de la loi!», a-t-il juré à la préfecture de Bobigny, transformée en bunker, fustigeant «plusieurs décennies de renoncement et de laxisme». Sur le fond, pas d'annonce nouvelle, si ce n'est la confirmation du dépôt d'un texte de loi pour rendre «systématique» la suspension des allocations familiales en cas d'absentéisme scolaire «injustifié» . Sarkozy, qui a mis la barre à droite après le regain du FN aux régionales, a aussi administré une piqûre de rappel sur l'immigration, rappelant que la France n'est pas un «Eldorado».
Un discours martial qui n'a guère convaincu. «Il n'y a rien à attendre de ce Sarko-show. Il est en poste de responsabilité depuis huit ans!», proteste le patron PS du conseil général, Claude Bartolone. «La sécurité, c'est pas tout, l'emploi d'abord! Il faut faire quelque chose pour que les jeunes travaillent. Ils passent leur journée dans les rues ou au centre commercial», s'inquiète Ahmed, 64 ans, venu à la préfecture pour son permis de conduire... et qui a trouvé portes closes
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