La ministre de l’Écologie a reçu à déjeuner, vendredi 9 mai dernier, les patrons des sociétés d’autoroute et engagé des négociations pour les mettre à contribution. C’est une des pistes qu’elle avait annoncé pour se substituer à la fameuse « écotaxe »
La ministre de l'Écologie n'a pas traîné. Après sa sortie remarquée, fin avril, sur la possibilité de puiser dans les deux milliards de bénéfices des sociétés d'autoroute, elle a reçu, vendredi 9 mai dernier, leurs patrons à déjeuner. Une invitation au pied levé qui a pris de court plusieurs d'entre eux. "Il fallait qu'on ait une discussion en tête à tête, confie Ségolène Royal afin que l'on puisse engager un partenariat de confiance." Que peuvent obtenir les concessionnaires du réseau autoroutier français comme Vinci, Eiffage, APRR en échange d'une ponction de leurs résultats? Ségolène Royal a dans son jeu un atout : le déblocage du plan de relance autoroutier, validé par l'État, mais laissé sans suite depuis des mois.
Ce plan permettrait aux sept sociétés concessionnaires de lancer une vingtaine de chantiers chiffrés à plus de 3,5 milliards. Parmi eux, la construction de plusieurs nouveaux tronçons, notamment autour de grandes agglomérations comme Lyon, Grenoble ou Clermont-Ferrand. En échange de ces travaux, les sociétés d'autoroute attendent de l'État qu'il leur accorde une rallonge sur la durée de leur concession. Mais chaque extension de durée doit être validée par les autorités européennes de la concurrence.
Or, Bruxelles n'a toujours pas reçu de demande officielle de la part de l'État français. "Cela fait deux ans qu'on les balade", reconnaît Ségolène Royal. La ministre se propose donc de rouvrir le dossier et de peser de tout son poids pour débloquer les problèmes de concurrence. "Cela peut être un dispositif gagnant-gagnant", ponctue-t-elle. Un avis partagé par le président de l'Association des sociétés françaises d'autoroute, Pierre Coppey, qui se veut rassurant sur l'impact de ce petit arrangement sur les tarifs de péage. "L'allongement des concessions permet justement de limiter les augmentations", assure-t-il.
"Nous devons imaginer un tarif de transit pour les camions étrangers"
Ségolène Royal attend aussi des sociétés d'autoroute qu'elles l'aident à trouver une solution au péage des poids lourds étrangers en transit. Ces derniers jours, la ministre a stigmatisé "ces camions étrangers qui encombrent les routes et détériorent le réseau sans rien payer, même pas de taxe sur le carburant puisqu'ils font le plein aux frontières". Selon les projections, ceux-ci n'allaient contribuer qu'à hauteur de 20 % de l'écotaxe en représentant 30 % du trafic total. Plus de 600 millions auraient été versés par des entreprises françaises. Inacceptable pour Ségolène Royal qui considère l'écotaxe bien trop pénalisante pour les agriculteurs, les artisans et les petits entrepreneurs… Ceux-là même dont les accès de colère tétanisent toujours le gouvernement.
La ministre veut s'inspirer du modèle allemand. Outre-Rhin, une taxe kilométrique existe depuis 2005. Mais les autoroutes sont gratuites. Or, l'Europe interdit le système de vignettes quand une large portion du réseau routier est déjà payante. "Nous devons imaginer un tarif de transit aux frontières pour les camions étrangers qui empruntent notre réseau. Et un système pour faire rouler les poids lourds étrangers sur nos autoroutes", explique Ségolène Royal. La loi permet déjà d'imposer des itinéraires, mais pour des périodes limitées à six mois. "Un cadre juridique stable reste à trouver", reconnaît-elle. Le temps presse. Le dossier doit être réglé en juin.
Source : leJDD.fr 11-05-2014
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