Duflot et Cohn-Bendit rabibochés, les écolos tentent de convoler. Mais sous quel régime?
Les panneaux étaient bien là, accrochés sur un poteau devant la gare RER d’Arcueil-Cachan (Val-de-Marne), le long d’une charmante route arborée, pour indiquer la salle de réunion. Oui, mais ils étaient accrochés à l’envers, flèches pointées vers le bas… Faut-il y voir un mauvais signe le jour où, justement, militants et dirigeants des Verts et d’Europe Ecologie (EE) se réunissaient pour discuter, lors de conventions régionales, du chemin à prendre ensemble? Depuis le carton des dernières élections, tous savent qu’ils doivent faire leur mue "pour préparer 2012, préparer un accord de gouvernement avec le PS et un partenariat pour les circonscriptions aux législatives", martèle Dany Cohn-Bendit, le leader de EE. Ils se sont donné jusqu’à la fin de l’année pour y arriver. Mais tout le monde n’est pas d’accord sur la marche à suivre… Il est 10 heures, hier, dans la cour de l’école municipale d’Arcueil. On boit un café devant des tréteaux en bois, on s’arrête devant le stand "adhésions" qui a été dressé, permettant pour la première fois, depuis quinze jours, d’adhérer à la structure "EE" "Nous avons déjà recueilli 4.000 adhésions", s’enthousiasme une militante. Mais les bonnes nouvel les s’arrêtent là.
"Avec ton costume noir, tu vas à l’enterrement de Dany?"
Devant l’entrée de l’école, les discussions virent plutôt au "clivage entre Verts, non-Verts et divers", au "territoire des Verts", à la "secte des Verts". Un militant s’approche de Jean-Vincent Placé, le n° 2 desdits Verts: "Eh, avec ta cravate et ton costume noir, tu vas à l’enterrement de Dany?" Placé éclate de rire. "Moi, j’aime tout le monde", ironise le "Richelieu" du parti, surnom dont il a hérité pour son côté "apparatchik". Placé reconnaît ses "bisbilles" avec Cohn-Bendit, lui a dit maintes fois d’"arrêter de taper sur les Verts". Il veut une discussion sur "le dur, le programme, une doctrine claire", alors que ses collègues d’Europe Ecologie travaillent plus sur la "structure". "Avec EE, Dany veut une Europe fédérale à marche forcée. Les Verts, eux, sont une France qui garde ses prérogatives", poétise-t-il. Comment faire, alors, pour vivre ensemble, lorsque des figures d’Europe Ecologie comme l’ex-juge Eva Joly ou le maire de Sevran, Stéphane Gatignon, assurent qu’ils "n’adhéreront jamais aux Verts" parce qu’ils sont "des électrons d’autres horizons"? Entre deux tables rondes, Dany rassure, cajole: "J’ai compris trop tard qu’il y avait une angoisse chez certains Verts historiques, celle de voir un canal parallèle se construire, de faire un coup à la Brice Lalonde… mais ce n’est pas le cas! Où l’on va est plus important que d’où l’on vient."
"Nous avons beaucoup réfléchi en amants, pardon, en amont"
Même câlinothérapie – mais dans l’autre sens – pour Cécile Duflot, la secrétaire nationale des Verts, qui s’est rabibochée avec Dany sous les objectifs des caméras. "Les Verts d’aujourd’hui, ce ne sont pas ceux de 1984: ils sont accueillants et ouverts, ils veulent que l’écologie politique réussisse, dans la durée, avec les opinions de tout le monde. Ils n’ont pas un tournesol tatoué sur le bras…" Hier, elle riait, mutine, de son lapsus de vendredi dans une brasserie parisienne: "Tous les deux, nous avons beaucoup réfléchi en amants, pardon, en amont", expliquait-elle aux côtés de Dany. Cécile Duflot a raison: en politique, tout est histoire d’amour, ou de haine.
Source : lejdd.fr 09-05-2010
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