Le conseil fédéral d’EELV a adopté samedi 19 novembre dernier, tard dans la soirée, l’accord avec le PS à 74 % des voix. Cécile Duflot a bien manœuvré pour convaincre ses troupes mais il faut rappeler que, parmi les votants, cadres du parti, bon nombre peuvent espérer une circonscription plus ou moins facile lors des élections législatives de 2012. Cela vaut bien quelques renoncements, même pour des écologistes !.. Eva Joly, elle, n’est pas venue.
Le conseil fédéral d’Europe Ecologie-Les Verts s’est tenu samedi 19 novembre dernier à huis clos, à Paris et sans la candidate à la présidentielle. Impossible de pénétrer dans la salle où Cécile Duflot prononce son discours devant les cadres du parti. Pourquoi une telle précaution? "Pour une parole plus franche, en famille", répond Jean-Vincent Placé, numéro 2 des Verts. En famille, là où se lave le linge sale. Soixante-seize cadres se sont inscrits pour prendre la parole et réagir. On connait l’habitude des écologistes dans ce genre de réunion : c’est souvent agité et quelque peu brouillon. Il vaut surement mieux éloigner ceux qui ne font pas partie de la famille..
Pendant la matinée et sous le léger soleil parisien, il n’a été question que de cet accord avec le PS et de l’absence d’Eva Joly. "Il faut la protéger de ces discussions", argumente Noël Mamère. Avec l’arrêt de la vaudevillesque séquence de négociation, c’est pour la candidate "la fin du début et pas le début de la fin", rassure l’ancien candidat à la présidentielle. Eva Joly, explique son entourage, n’a pas voulu faire "la VRP" d’un texte quelle n’a pas négocié.
Difficile de retomber sur ses pieds
Il y a encore une semaine, la candidate déclarait, lors d’un congrès réunissant les Verts européens : "J’ai le plaisir de vous dire que je ne bougerai pas, qu’il n’y aura pas d’accord entre le Parti socialiste et nous s’il n’y a pas d’accord sur une sortie du nucléaire dans un temps prévisible et sur l’arrêt de Flamanville." Aucun de ses deux points ne figure dans le texte. Ils en ont été prudemment sortis. On comprend mieux l’absence de celle qui avait lancé - au risque de tendre les relations avec François Hollande - "Vous trouvez raisonnable que le spécialiste de la Corrèze décide de notre avenir énergétique?" Le député François de Rugy résume la difficulté : "Il y a eu un peu de surenchère verbale, après c’est difficile de retomber sur ses pieds."
Quoiqu’en dise Noël Mamère qui a toujours de bonnes explications pour tout, la candidate Eva Joly a tout de même quelques soucis à se faire. Elle qui a toujours prôné la rigueur et l’honnêteté intellectuelle… Et d’ailleurs, parmi les votants de ce samedi on trouvait, bien sur, quelques personnes pour reconnaitre que la situation était délicate..
"Un accord qui mettra en difficulté notre candidate"
Un pin’s "Nucléaire non merci" accroché au manteau, Denis Baupin tente d’expliquer la situation. "Entre l’accord pour les législatives et l’autonomie pour la présidentielle, notre stratégie est compliquée", reconnaît l’adjoint au maire de Paris, l’un des négociateurs de ce texte d’une trentaine de pages. "Plus les électeurs voteront pour Joly, plus on augmentera notre rapport de force sur le nucléaire. Et si Hollande veut un bon report des voix au second tour, il pourrait faire un signe", espère-t-il. Un espoir totalement illusoire d’abord parce que le score des écologistes ne risque pas d’effrayer le candidat socialiste, ensuite parce que François Hollande serait ridicule de changer d’avis entre les deux tours. Il faut être écologiste pour envisager une hypothèse comme celle là !...
Un peu à l’écart, le même jour, c’est Jean-Paul Besset euphémise: "Ce n’est pas un texte fondateur de l’écologie." Ce proche de Nicolas Hulot attend pour les jours qui viennent "une prise de parole forte de notre candidate sur la dimension alternative de notre projet. Pas uniquement sur la République exemplaire et le nucléaire." Soit les deux thèmes clés de la candidate. L’écologie, "ce n’est pas la VIe République, plus des éoliennes", ajoute-t-il paraphrasant Lénine et son célèbre "le communisme, c’est les Soviets plus l’électricité".
Membre de la gauche du parti, Pierre Minnaert tonne contre cet "accord qui mettra en difficulté notre candidate. À chaque fois qu’elle dira quelque chose, on lui répondra: c’est très bien mais votre parti a acté que cela ne se ferait pas". Prouver le contraire, voilà la mission d’une Joly qui sera bientôt de retour et "plus déterminée que jamais".
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