Au lendemain de l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy, le gouvernement s'est résolu à ramener officiellement sa prévision de croissance pour 2012 de 1% à 0,5%. Avec pour conséquence une équation budgétaire tendue même s'il promet qu'un troisième plan de rigueur ne sera pas nécessaire. François Fillon, chargé de dérouler ce lundi 30 janvier le calendrier des mesures annoncées par Nicolas Sarkozy pour répondre à la crise, l'a assuré : le budget 2012 pourra être bouclé «sans demander d'efforts supplémentaires aux Français». Dans la matinée, la Première secrétaire du PS, Martine Aubry, a accusé le président sortant de préparer «un troisième plan d'austérité».
Un impact d'«environ 5 milliards d'euros» sur les finances publiques
«Très prudent» dans sa construction, ce budget permettra, selon le Premier ministre, «d'absorber» euro pour euro l'impact de la moindre croissance sur les finances publiques, qu'il a évalué à «environ 5 milliards d'euros». Pour cela, le chef du gouvernement actionnera plusieurs leviers et compte sur quelques mannes bienvenues. Les déficits publics qui ont été contenus «en-dessous de 5,4%» du PIB en 2011 contre 5,7% prévus, devraient engendrer, assure François Fillon, «un effet pérenne d'environ 3 milliards au moins» en 2012 et les années suivantes. S'y ajouterait «un surcroît de recettes d'ISF (impôt de solidarité sur la fortune) et d'impôt sur le revenu de 300 millions d'euros liés» à la lutte contre l'évasion fiscale.
La taxe sur les transactions financières, annoncées dimanche soir par Sarkozy et qui doit être mise en place dès cet été, rapporterait pour sa part «500 millions en 2012». Dernier levier : une annulation nette de 1,2 milliard d'euros de crédits des ministères, non détaillés. Ils seront prélevés sur une réserve de précaution ménagée dans le budget 2012. Total de ces compensations : 5 milliards d'euros correspondant aux 5 milliards de manque à gagner.
La facture pourrait atteindre 10 milliards, selon le PS
Ces assurances peinent à convaincre la sénatrice socialiste Nicole Bricq, rapporteure générale du budget à la Haute assemblée. Selon elle, les 5 milliards de manque à gagner sont «un chiffre plancher». Tout dépendra des «recettes fiscales et sociales et des dépenses supplémentaires qu'il faudra activer pour faire face à la montée du chômage», souligne-t-elle, estimant que la facture pourrait atteindre jusqu'à 10 milliards d'euros.
Quant à Christian Saint-Etienne, professeur d'économie à l'Université Paris-Dauphine, s'il estime que les nouvelles hypothèses budgétaires du gouvernement ne sont pas «déraisonnables», il aurait jugé «plus convaincant pour les marchés financiers d'annoncer un milliard de mesures nouvelles» plutôt que de puiser dans la réserve de précaution. Le gouvernement «a loupé l'occasion d'être plus crédible, mais on comprend qu'à 80 jours de l'élection présidentielle, il n'ait pas voulu durcir encore le processus», observe-t-il.
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