C’est la première fois donc cela mérite d’être noté : le Premier ministre a fait une entrée fracassante dans le débat parisien en critiquant la gestion de Bertrand Delanoë. Avant la Mairie, où beaucoup de ses amis l’attendent, il vise un siège de député en 2012. La chose est maintenant très claire.

"Paris mérite moins de sectarisme et plus de responsabilité." En une phrase, François Fillon a signé, samedi 25 juin dernier, son arrivée sur la scène politique parisienne et désigné directement son adversaire en attaquant au bazooka le maire socialiste Bertrand Delanoë. Devant les nouveaux adhérents de l’UMP réunis salle Gaveau, le Premier ministre n’a, bien sûr, pas déclaré officiellement sa candidature aux élections législatives l’an prochain ni aux municipales de 2014 à Paris. Mais il a envoyé un signal clair sur l’intérêt qu’il porte à la gestion des affaires parisiennes. Le Premier ministre a surpris tout le monde en répliquant à Bertrand Delanoë qui l’avait accusé, mardi dernier au Conseil de Paris, d’être "le chef de gouvernement qui a fait le plus de mal aux Parisiens".

François Fillon n’a pas laissé passer le missile. "M. Delanoë me reproche de demander à la municipalité parisienne ce que je demande à toutes les collectivités locales; c’est-à-dire de gérer sérieusement leur budget car les finances de la France l’exigent", a-t-il lancé avant d’accuser le premier magistrat de la capitale de se "défausser sur autrui pour ne pas avoir à se juger soi-même". Voilà donc Delanoë prévenu : Fillon sera désormais sur sa route et sur celle de son successeur. Pour le grand plaisir de ses supporters UMP à Paris.

Assis au premier rang, les élus UMP (Philippe Goujon, Pierre Lellouche et Dominique Tiberi, le fils de Jean) ne s’y sont pas trompés et ont aussitôt lancé la claque. Il faut dire qu’ils attendaient ce geste depuis longtemps : cela fait presque quatre ans en effet qu’on parle d’un possible parachutage de l’ancien maire de Sablé.

Le véritable objectif reste 2017

Élu depuis trente ans dans sa Sarthe natale, François Fillon n’en fait plus mystère depuis six mois. Il veut être député de la capitale en 2012. Il l’a confié à Nicolas Sarkozy et à Jean-François Copé en janvier. L’après-Matignon passera donc par Paris et non plus par la Sarthe où le Premier ministre est d’ailleurs de moins en moins présent même s’il y possède toujours une maison et continue de décorer des Sarthois à la pelle. Hasard de calendrier, le chef du gouvernement accueillera, mardi 28 juin prochain, le président de la République pour une visite inédite dans son fief sabolien.

Si François Fillon est déterminé à devenir député de Paris dans la 2e circonscription (celle qui couvre les Ve, VIe et VIIe arrondissements), il n’a pas décidé s’il serait candidat aux municipales en 2014. "Mon véritable objectif, c’est [la présidentielle de] 2017", a-t-il confié récemment à un visiteur. "Tout dépendra des résultats à la présidentielle", décrypte un proche. En clair : il n’est pas certain que Fillon "court deux lièvres à la fois", selon la formule d’un ministre qui a abordé le sujet avec lui.

En attendant, l’Élysée a accueilli avec satisfaction la déclaration de Fillon. "C’est très bien, souligne un proche du Président. Cela va calmer Rachida Dati qui a déjà été bien servie avec un poste de député européen. Cela va aussi ramener un peu de sérieux dans les rangs de la majorité qui se dispute pour les sénatoriales." Forte du soutien des chiraquiens Jean-François Copé et Christian Jacob, Rachida Dati a menacé le Premier ministre de se présenter contre lui en 2012. "Entre Copé et Fillon ça se terminera par un deal d’ici à 2012, confie un proche des deux hommes. Au premier, le parti ; au second, Paris. Ils auront le temps ensuite de se combattre en 2017."

Source : leJDD.fr  26 juin 2011

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